thème : international
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lundi 16 novembre 2009 à 20h30

Cuba, une utopia blessée

Cinéma Utopia Saint-Ouen l'Aumône et Pontoise

Séance unique le lundi 16 novembre à 20h30 à St-Ouen l’Aumône en présence du réalisateur


CUBA, une utopia blessée

Renaud Schaack - documentaire France/Cuba 2007 1h30mn VOSTF -

Du 16/11/09 au 16/11/09

CUBA, une utopia blessée

« La culture est l’âme d’une population, elle ne doit pas être utilisée comme un instrument car comme telle elle s’abîme, elle s’oxyde, elle ne fleurit pas. » Gerardo Alfonso, auteur compositeur cubain.

1959 : La révolution cubaine triomphe. Fidel Castro prend le pouvoir, engage une réforme agraire d’envergure et une vaste campagne d’alphabétisation. Il place l ‘art, la culture et l ‘éducation au cœur de sa politique. Mais très vite, isolée du sous continent et victime d’un embargo (encore en place en 2009), Cuba se replie sur elle même.

À travers un voyage dans l’histoire cubaine et ses tumultes, ce remarquable documentaire propose une réflexion sur les ambitions et les difficultés de cette politique culturelle émancipatrice. Il interroge des universitaires, des sociologues, des écrivains et illustre son propos de passionnantes images d’archives des début de la révolution, de propagande, de dessins animés, de danse, de concerts.

Il donne également la parole à la jeunesse cubaine : éducateurs de rue, poètes, écrivains, rappeurs interrogent leur héritage culturel, leur « cubanité » et portent un regard critique sur la marchandisation de la culture, le consumérisme et l’effet pervers du tourisme. En parallèle, la caméra capte des scènes de rue, des visages anonymes,des travailleurs, des danseurs, des musiciens... Elle nous plonge dans le quotidien cubain, la beauté de l’île et de ses habitants, loin des clichés.

On comprend à travers l’héritage de José Marti, homme politique , martyr de l’indépendance tombé au champ d’honneur face aux soldats espagnols en 1895 et qui fut celui qui définit la cubanité, une aspiration non seulement à une identité nationale longtemps opprimé par l’armée impériale de Madrid, mais valorisant aussi le métissage ( intégrant aussi les Amérindiens ou les Indiens caraïbes ) comme valeur centrale, alors que l’Amérique du Nord, en dépit de ses vélléités démocratiques, s’était construit sur l’esclavage, puis la ségrégation.

Cet idéal s’est ensuite construit après l’épisode de la Baie des Cochons quand des mercenaires américains tentèrent de renverser la jeune révolution, et la mise en place du terrible blocus sur une opposition permanente parfois paranoïaque à l’envahisseur potentiel américain. Un envahisseur soupçonné jusqu’à l’excès de vouloir infiltrer la culture cubaine. Le paradoxe de la politique culturelle cubaine et ses errements est extrêmement bien analysée. Même les plus grands détracteurs de Castro ne peuvent nier que Cuba est un des pays d’Amérique latine, où l’analphabétisme a le plus reculé grâce à une politique volontariste d’éducation populaire massive. Un pays où l’on peut aller au théâtre ou au concert pour un prix de place inférieur à celui d’un sandwich.

Simplement, tout particulièrement à partir des années 70, et des premières répressions d’intellectuels notamment homosexuels ( l’homosexualité ayant été longtemps assimilée à une dérive bourgeoise ), cette politique a entraîné la constitution d’une bureaucratie autoritaire, supportant mal les expressions individuelles. Or comme le dit un musicien, quand la culture ne devient qu’un instrument elle se fossilise et meurt.

Aujourd’hui à travers le nécessaire effort du tourisme, les intérêts marchands pour populariser à l’extérieur la culture cubaine ( on apprend que des musiciens entre deux âges se blanchirent les cheveux dans les années 90 pour se faire passer pour des vieux salseros des années 50 pour surfer sur la vague du Buena Vista Social Club ), et la pression des jeunes générations qui sont nées après la chute du Mur et le début des privations liées à la fin de l’aide soviétique, la culture cubaine est à la croisée des chemins, entre affection pour la révolution et ouverture nécessaire.

On sort de ce film dense avec cette question : « Que serait devenu ce pays sans tous ces obstacles et toutes ces pressions externes ? ».

Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/9957