thème :
Réagir (0)EnvoyeriCalPartager

jeudi 1er octobre 2009 à 20h30

Lucio

Cinéma Utopia Saint-Ouen l'Aumône et Pontoise

Le ciné-club de la Main Noire, le nouveau rendez-vous trimestriel d’Utopia du cinéma espagnol

Au programme : un film espagnol inédit et impertinent, quelques verres de sangria et quelques tapas

SOIREE EXCEPTIONNELLE LE 1ER OCTOBRE À 20H30 À ST-OUEN L’AUMÔNE

en présence de Lucio Urtubia

Présentée par José Maria Riba, ancien délégué général de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes et animateur de l’association «  Espanolas in Paris »


LUCIO

((anarchiste, braqueur, faussaire… mais tout d'abord maçon)) Aitor Arregi et José Maria Goenaga - documentaire Pays Basque 2007 1h33mn - Avec Lucio Urtubia et Roland Dumas entre autres... Goya du Meilleur documentaire 2008.

Si Stéphane Bern ne mettait pas son talent exclusivement au service des rois qui aimaient faire décapiter leurs femmes, et des impératrices qui firent construire leur palais sur le sang des moujiks, mais préférait les héros qui défendent la veuve et l’orphelin, il aurait probablement consacré une émission à Lucio Urtubia. Côté rocambolesque, la vie de Lucio n’a rien à envier à celle d’un Henry VIII ou d’une Catherine II, mais Lucio bien qu’il n’ait jamais tué personne aurait plutôt de la sympathie pour les régicides (car comme il dit il a beau vouloir la mort de personne ça ne l’aurait pas dérangé que Franco ne soit jamais né), aux côtés des Ravachol, Jules Bonnot, Louise Michel et autres magnifiques gredins anarchistes. Il faut dire que Lucio n’est pas né sous les meilleurs auspices, précisément dans la Navarre franquiste des années 50, où à peine sorti de l’enfance il vit son père mourir faute de moyens pour payer les médicaments nécessaires. Largement de quoi être envahi dès le plus jeune âge par une indignation légitime et une soif de liberté. Ce qui l’a conduit à fuir en France où il vit désormais depuis plus de 50 ans.

Comme Stéphane Bern n’était pas dispo, heureusement deux jeunes réalisateurs basques ont retranscrit avec brio le parcours incroyable de Lucio, paysan révolté contre le pouvoir franquiste, qui, exilé en France, mena une double vie : maçon le jour, génial faussaire la nuit, fournissant à tous les militants en fuite de l’extrême-gauche européenne faux passeports impeccables et travelers chèques falsifiés, permettant non seulement de financer les luttes clandestines mais aussi de déstabiliser des économies capitalistes, colosses aux pieds d’argile. Lucio c’est le portrait touchant et étonnant d’un homme construit comme beaucoup d’entre nous de paradoxes, anarchiste qui en passa néanmoins par le mariage avec l’amour de sa vie, rencontré sur les barricades de 68 ou qui alla à un rendez vous avec le Che, excité tel un fan de rock avant d’être déçu par le personnage. Mais c’est surtout la description passionnante d’une tranche d’histoire quand entre les années 60 et la fin des années 70 les derniers soubresauts du franquisme et de ses terribles répressions (souvenons nous de Puig Antich garrotté peu avant la mort de Franco) croisèrent les nombreuses luttes que menaient dans plusieurs pays européens les activistes des mouvements d’ultragauche, luttes de libération nationale et luttes anticapitalistes. Lucio le modeste maçon anarchiste devint un des acteurs majeurs de cette histoire grâce à son talent de faussaire. Avec notamment son coup de maître relaté tel un épisode de Mission Impossible : la contrefaçon massive des travelers chèques de la National City Bank qui prit une telle ampleur que la célèbre banque américaine dut finir par faire refuser par les agences les dit chèques et laisser ainsi en panade des milliers de touristes de par le monde. Finalement piégé et arrêté en 1980, Lucio eut pour avocat un certain… Roland Dumas, qui grâce à une faute de procédure le fit libérer avant que, face à l’ampleur du désastre les cadres de la banque non seulement n’obtinrent pas la condamnation de Lucio, mais durent négocier avec lui l’arrêt de la contrefaçon qui continuait de plus belle bien que Lucio fut bien au chaud dans une cellule de la Santé.

Lucio l’anar qui fit plier les banques s’occupe désormais en placide septuagénaire d’un Espace autogéré du nom de la passionnaria Louise Michel dans le xxe arrondissement et sera parmi nous… Un peu comme si Robin des Bois ou Zorro sortait de l’écran… Autant dire que rater ça serait un crime contre-révolutionnaire.

Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/9572