jeudi 25 juin 2009 (heure non définie)
Soutien aux sans papiers expulsés
https://paris.demosphere.net/rv/9250
Aujourd'hui, 25 juin, tout le monde est invité à apporter son soutien aux occupants de la Bourse du travail, rue Charlot (métro République), expulsés hier par la police et la CGT. Ils campent sur le trottoir du boulevard du Temple et peuvent être expulsés (ou malmenés) à tout moment.
Venez témoigner, venez apporter votre solidarité.
Cette nuit des centaines de personnes, sans-papiers et soutiens, sont restés là toute la nuit.
Aujourd'hui encore l'occupation des abords de la Bourse du travail pourrait se prolonger. Venez nombreux. Mobilisez-vous. Mobilisez autour de vous.
Ci dessous un article du QSP qui rend compte de ce qui s'est passé depuis vingt-quatre heures (suivi d'une réaction de la CSSP49) :
« CGT-collabo »
Expulsion des sans-papiers de la Bourse du travail
L’occupation se poursuit sur le trottoir
C’est au cri de “CGT-collabo” que les manifestants ont hué l’expulsion de la Bourse du travail, occupée depuis 14 mois par la CSP 75. A l’heure où nous écrivons, ce jeudi matin, l’occupation se poursuit, sur le trottoir du boulevard du Temple, où campent des centaines de sans-papiers rejoints par quelques “soutiens”.
Mercredi 24 juin, en fin de matinée, l’annexe Eugène Varlin de la Bourse du travail de Paris, rue Charlot, a été évacuée par le service d’ordre de la CGT aidé d’importantes forces de police.
Selon les informations que nous avons pu recueillir, dès le matin des « miliciens » cégétistes sont entrés dans le bâtiment petit à petit, et sont montés dans les étages, où ils ont attendu le départ en cortège de la plupart des sans-papiers pour la manifestation hebdomadaire à laquelle la CSP75 appelle depuis des mois, pour se rendre à la Préfecture.
C’est alors que, masqués ou encagoulés, les nervis cégétistes sont descendus, avec des bombonnes de gaz lacrymogènes et des barres de fer, pour agresser la centaine de sans-papiers qui restaient là, en grande partie des femmes et des enfants. Il y aurait eu plusieurs blessés, qu’il a fallu évacuer à l’hôpital, parmi lesquels un enfant de trois ans, victime de gaz lacrymogènes.
Les sans-papiers sont alors parvenus à se réfugier dans la grande salle qu’ils occupent depuis de nombreux mois (où se sont tenues les conférences-débats “sur matelas” organisées entre autres par le QSP). Ils se sont alors barricadés et les gros bras syndicalistes en sont restés pour leur frais, dans la cour, au milieu du nuage de gaz qu’ils avaient eux-mêmes répandu.
Pendant ce temps se réunissait la Commission administrative de la Bourse du travail, qui réunit l’ensemble des syndicats. D’après les déclarations de la CGT, celle-ci « a pris contact avec la mairie de Paris, propriétaire des locaux, pour qu’elle assume ses responsabilités » et sollicité l’intervention des forces de l’ordre. Ladite “commission” décidait ainsi – à l’unanimité et en accord avec la mairie de Paris – de faire appel à la police du nouveau ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui prenait ses fonctions le matin même.
Aussitôt un énorme dispositif de CRS entourait la Bourse du travail. Et procédait manu-militari à l’expulsion des sans-papiers de la Bourse, non sans recourir à son tour, abondamment, aux gaz lacrymogènes.
Le même dispositif tiendra à distance les manifestations de soutien qui affluaient dans l’après-midi. Gazés et matraqués à de multiples reprises, les manifestants se retrouvaient encerclés sous le regard complaisant des responsables de la CGT, tranquillement installés dans les rangs des CRS...
Tout l’après-midi, les sans-papiers parvenaient à récupérer leurs affaires, principalement leurs matelas, et s’installaient peu à peu sur le trottoir du boulevard du Temple.
Un élu arrive : Jacques Boutault, le maire Vert du 2e arrondissement. « Indigné », dit-il. Une demie-heure plus tard, le maire socialiste du 3e arrondissement, Pierre Aidembaum, faisait à son tour le déplacement de sa très proche mairie jusqu’au campement des sans-papiers.
Le soir, un immense campement s’est installé devant la Bourse du travail et la librairie mitoyenne. Plusieurs centaines de personnes (600 ?) ont dormi là, “sans-papiers” et “soutiens” mélangés.
Jusqu’à deux heures du matin, ils étaient complètement enserrés dans le dispositif policier, les camions de Gendarmerie étant garés sur le trottoir de façon si rapprochée qu’il était impossible de passer.
A toute occasion les gardes mobiles s’imposaient parmi les manifestants, comme les CRS l’avaient déjà fait tout au long de l’après-midi. Au milieu de la nuit le dispositif policier se retirait, laissant les sans-papiers dormir, alors qu’à l’intérieur de la Bourse veillaient de nombreux vigiles.
Après une courte nuit, les campeurs se sont réveillés au petit matin pour voir défiler des dizaines de camions de CRS qui, après un ou deux tours d’intimidation, se sont garés place la République (à une centaine de mètres du campement).
Hormis un article relégué en page 9 dans Libération, la revue de presse de cette aube était inexistante. De même qu’on n’a pas de nouvelles de Calais où il semble que Brice Hortefeux ait fait envoyer d’importants renforts pour s’en prendre au rassemblement No border.
On attend dans la journée que les partis politiques se prononcent sur cette expulsion illégale.
Pour Patrick Picard, dirigeant de l’union départementale CGT de Paris, cette expulsion aura été engagée au prétexte que les sans-papiers, présents là depuis 14 mois pour réclamer leur régularisation, seraient en fait de simples “squatteurs”. Il ne semble pas que la CGT se soit avisée que pour expulser des squatteurs, il faut une décision de justice.
La “légalité” de l’expulsion reposerait sur les pouvoirs du maire de Paris, habilité à faire intervenir les forces de l’ordre. C’est dans ce cas à Bertrand Delanoë qu’il faudra demander des comptes.
En tout état de cause les participants de la “commission administrative” de la Bourse du travail, soit l’ensemble des syndicats et la mairie de Paris, sont responsables non seulement d’avoir ordonné l’expulsion des sans-papiers, mais d’avoir offert sur un plateau au nouveau gouvernement de Nicolas Sarkozy, et particulièrement à son ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, spécialiste de la chasse aux sans-papiers, l’occasion de faire étalage leur politique abjecte.
QSP
Si vous avez des contacts sur Paris, faites suivre par tous moyens rapides ; pour l’instant il y a urgence mais demain tout syndicaliste qui se respecte encore devra demander des comptes à son syndicat ; et pas seulement la CGT mais aussi la CFDT, FO, la CFE-CGC, l’Unsa et Solidaires, tous membres de la Commission Administrative de la Bourse du travail.
C’est la confirmation que la CGT est en train de clore un cycle largement entamé après 68 et n’est plus qu’un appendice, semi-institutionnel du pouvoir en place ; CONTRE LES TRAVAILLEURS !!!
La CGT historique, celle qui a mené les grands combats ouvriers du siècle dernier, est peut-être morte ce mercredi 24 juin et ce, malgré les efforts d’une poignée de militants cégétistes qui se sont battus depuis les années 90 aux côtés des sans-papiers pour leur régularisation ; il semblerait que la bureaucratie triomphe, malheureusement.
Il y a fort à parier que le 49e congrès prévu en décembre soit l’enterrement officiel de la vieille dame.
Le CSSP49 donnera une conférence de presse condamnant la CGT-Paris auxiliaire de la police de Besson et appelant les fédérations syndicales à soutenir les expulsés de la CSP75 en lutte pour la régularisation de TOUS LES SANS PAPIERS. J’engage fortement les Collectifs locaux de la coordination des Collectfs de Soutien aux Sans Papiers à faire de même sous peine de renier leur propre combat.
[Source : CSSP49]
Source : message reçu le 25 juin 12h