samedi 28 mars 2009 à 14h
Economie du désir et désir en économie 2
https://paris.demosphere.net/rv/8309
Ars industrialis accueillera André Orléan et Frédéric Lordon, deux économistes qui attribuent aux croyances et aux affects un rôle majeur en économie et qui nous invitent à reconsidérer d’un tel point de vue la portée du concept de conatus chez Spinoza – ce qui ne manque pas de faire écho à la question du désir qu’Ars industrialis met au cœur des économies industrielles aussi bien que de leur crise contemporaine. C’est aussi sur ces bases qu’André Orléan et Frédéric Lordon élaborent leurs critiques du « mimétisme pervers » des milieux financiers et celles des modes de régulation de la globalisation financière présente.
Elles seront suivies d’un dialogue avec Franck Cormerais, Arnauld de l’Epine et Bernard Stiegler.
Ce débat, qui fait suite aux réflexions menées par Ars Industrialis sur l’économie industrielle avec les particpations de Jean-Luc Gréau, Dany-Robert Dufour et Yann Moulier-Boutang, s’inscrit dans le cycle Economie du désir et désir en économie initié avec Maurizio Lazzarato, et qui sera poursuivi à l’automne prochain.
Source : message reçu le 27 mars 15h
Economie du désir et désir en économie 2
Théâtre de la Colline - 14 rue Malte Brun - Paris
28 Mars 2009 à 14:00
entrée libre
Ars industrialis accueillera André Orléan et Frédéric Lordon, deux économistes qui attribuent aux croyances et aux affects un rôle majeur en économie et qui nous invitent à reconsidérer d’un tel point de vue la portée du concept de conatus chez Spinoza – ce qui ne manque pas de faire écho à la question du désir qu’Ars industrialis met au cœur des économies industrielles aussi bien que de leur crise contemporaine. C’est aussi sur ces bases qu’André Orléan et Frédéric Lordon élaborent leurs critiques du « mimétisme pervers » des milieux financiers et celles des modes de régulation de la globalisation financière présente.
Leurs interventions respectives porteront sur les thèmes suivants :
André Orléan :
Réflexions sur le rôle des croyances financières et leurs puissance
"Alors que les sciences historiques (anthropologie, histoire, sociologie) font jouer un rôle central aux croyances et aux représentations collectives, celles-ci sont totalement absentes de la théorie économique. Comment des discours qui se donnent tous pour but de rendre intelligibles les relations que les hommes nouent entre eux peuvent-ils soutenir des conceptions si radicalement opposées ? À nos yeux, l’origine de cette opposition vient de ce que les économistes conçoivent le rapport marchand comme étant essentiellement un rapport aux choses, et non un rapport entre individus. Dans cette conférence, nous voudrions montrer qu’une autre économie est possible. Dans un premier temps, nous rappellerons que la théorie économique moderne est née au XVIIIème siècle avec le concept de valeur travail (Smith, Ricardo, Turgot). C’est grâce à ce concept central que l’économie a gagné son autonomie et sa légitimité. Mais, pour arriver à ce résultat, il lui a fallu transformer en profondeur la notion de valeur pour en faire une grandeur objective et mesurable. Ce faisant, la valeur économique est devenue quelque chose de radicalement distinct des autres valeurs sociales (morale, religieuse ou esthétique). C’est par ce geste théorique inaugural que l’économie s’est coupée des sciences historiques pour revendiquer une scientificité propre. L’économie néoclassique moderne n’a fait que continuer et approfondir ce projet. Dans un second temps, en prenant l’exemple des marchés financiers, nous montrerons combien cette conception objectiviste de la valeur reste inadéquate. La manière dont s’impose la valeur des actifs financiers ne correspond en rien à l’approche objectiviste précédente. La valeur financière, comme la valeur monétaire, est avant tout une croyance collective, i.e. une expression de l'autorité du social pour reprendre l'expression d'Emile Durkheim. Ce faisant, il s'agit de réaffirmer ce qui semble avoir été oublié ou occulté, à savoir que le fait économique est un fait social."
Frédéric Lordon :
Ce que la valeur esthétique fait à la valeur économique
"L'art contemporain apparaît comme un domaine de choix pour mettre à l'épreuve les représentations de la valeur, et notamment pour questionner la transversalité d'un concept à l'oeuvre dans des domaines aussi variés que la morale, l'esthétique, l'économie... sans jamais que cette transversalité apparaisse davantage qu'une homonymie ! Les tendances récentes de l'art contemporain où la valeur esthétique semble de plus en plus indexée sur la valeur monétaire offre une occasion privilégiée de poser cette question, notamment en s'appuyant sur le cas Hirst qui poursuit le projet délibéré d'un renversement des lois de la valeur économique. Cet état de quasi-fusion des valeurs esthétique et économique favorise le dévoilement d'une vérité également repoussée dans tous les champs, à savoir l'absence de fondement substantiel de toutes les valeurs et la manifestation de la valeur comme effet relationnel et structural. La philosophie de Spinoza donne à ces interrogations des fondements conceptuels à la fois rigoureux et productifs, puisqu'elle permet d'envisager une théorie explicitement transversale de la valeur, utilisable dans la diversité des domaines où l'idée de valeur fait sens."
Elles seront suivies d’un dialogue avec Franck Cormerais, Arnauld de l’Epine et Bernard Stiegler.
Ce débat, qui fait suite aux réflexions menées par Ars Industrialis sur l’économie industrielle avec les particpations de Jean-Luc Gréau, Dany-Robert Dufour et Yann Moulier-Boutang, s’inscrit dans le cycle Economie du désir et désir en économie initié avec Maurizio Lazzarato, et qui sera poursuivi à l’automne prochain.
Publications récentes d’André Orléan et Frédéric Lordon :
- André Orléan : Au-delà de la transparence de l’information, contrôler la liquidité, Revue Esprit , Novembre 2008
- Frédéric Lordon : Jusqu’à quand ? Pour en finir avec les crises financières, Raison d’agir, Octobre 2008