thème : international
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vendredi 20 mars 2009 à 19h

Rencontre avec Nawel Gafsia

"L'invention coloniale du mariage musulman : le cas tunisien"

Le Code du statut personnel tunisien, présenté comme le modèle de modernité juridique favorisant le statut de la femme dans l'aire musulmane, est le résultat d'un processus colonial. Le législateur tunisien de 1956 s'est inscrit dans la continuité de la réécriture de la shari'a et des tentatives de transformations des pratiques matrimoniales au sein de la population musulmane. A partir de l'exemple des conditions de formation du lien matrimonial en Tunisie, l'auteur a cherché à démontrer que la notion de " droit " ne se limite pas, dans les pratiques et représentations du droit tant sur un plan social que judiciaire, aux textes législatifs adoptés par l'Etat.

L'auteur a rompu avec une vision purement positiviste du droit, pour lui substituer une démarche anthropologique et historique, démontrant que les coutumes et les référents traditionnels à la shari'a, perdurent dans un contexte de politique volontariste visant le changement des représentations socio- juridiques. Un retour sur l'histoire du droit en islam et un éclairage sur des spécificités du système normatif musulman permettent de décrypter les imbroglios juridiques et sociaux actuels en Tunisie, et plus généralement dans le monde musulman, là où des influences extérieures ont entraîné des définitions du droit liées à des projets différents de sociétés dits soit " laïques ", soit " musulmans ".

Loin de vouloir porter un jugement de valeur sur la situation du droit matrimonial tunisien en qualifiant certaines de ses caractéristiques de " conservatrices " ou d'" archaïques ", l'auteur a préféré chercher à comprendre les enjeux culturels des changements juridiques et des interactions entre normes d'origines différentes. Trois périodes sont ainsi délimitées : la spécificité du droit en islam pendant la période précoloniale, la relecture du droit musulman pendant la période coloniale et l'imbrication des repères normatifs et juridiques pendant la période postcoloniale en tant qu'aboutissement de cette relecture.

Nawel Gafsia est docteur en Droit des Universités Paris I (Sorbonne-Panthéon) et Tunis III, et membre du Laboratoire d'Anthropologie Juridique de Paris (LAJP- Paris I). Avocate à la cour dans la région parisienne, les activités dominantes de son cabinet sont le droit des étrangers et le droit de la famille. Elle est membre du GISTI (Groupe d'Information et de Soutien des Travailleurs Immigrés) et de l'ADDE (Avocats pour la défense des droits des Etrangers) et auteur de plusieurs articles. Elle a publié sa thèse Mariage " par étapes " et mariage " ponctuel " en Tunisie, sous la direction de Claude Bontemps, Paris I, Tunis III, Atelier National de reproduction des Thèses, Thèse à la carte, Lille, 2006.

"L'invention coloniale du mariage musulman : le cas tunisien" (Ed. Lgdj, décembre 2008, Droit Et Societe, numéro 50)

Plus d'infos http://www.association-ishtar.com/article-26551908.html

ISHTAR 10 rue du Cardinal Lemoine 75005 Paris

Source : http://www.telephonearabe.net/mainout/debat_d...
Source : liste de diffusion Anticolonial, reçu le 18 mars 12h

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/8124