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dimanche 15 mars 2020 à 12h

2 parties : 1 2

Reportée

L'assemblée de riposte aux violences d'État est reportée,
son urgence reste la même

Notre assemblée de riposte aux violences d'État est reportée, comme la marche contre les violences policières initiée et organisée depuis des mois par les collectifs des familles. C'est d'abord vers elles que nos pensées se tournent, avec tout notre soutien. Cette double décision est un crève-cœur. Nous la prenons comme une responsabilité d'évidente solidarité collective. Et pour n'exclure personne: il est impossible de maintenir une assemblée où les personnes à risque, fragilisées, celles qui seraient venues avec des enfants, les personnes inquiètes tout simplement, pour les autres, pour leurs proches et pour elles-mêmes, seraient dans l'impossibilité d'y participer. Il est impensable d'ajouter à la prévisible catastrophe hélas « en marche ».

Les services d'urgences et de soins, nos hôpitaux, le service public de la santé sont attaqués depuis des années par une politique de destruction massive au nom d'une logique de marché. Le management néolibéral qui leur est imposé, obsédé par la compétition et le profit, est un contresens absolu en matière de santé publique, contresens que la crise sanitaire actuelle révèle dans sa cruelle réalité. Cette crise doit susciter un vaste mouvement d'opposition frontale à cette logique abominable qui nous met toutes et tous en danger, et d'abord celles et ceux parmi nous qui sont les plus vulnérables. Cette vulnérabilité, la nôtre, face à l'épidémie, n'est pas une fatalité naturelle : elle est entretenue et aggravée par un gouvernement qui ne s'est pas contenté de fragiliser la recherche et les services publics, dont celui, crucial, de la santé, mais qui a aussi fait preuve d'une spectaculaire irresponsabilité par sa gestion erratique de l'épidémie, au nom d'intérêts économiques ou électoraux obscènes. Quant au cynisme du 49.3, il ne doit jamais se revoir. Pas plus que l'indécence qui met sciemment de côté la vraie urgence : débloquer massivement des fonds pour les hôpitaux publics. Nous ne laisserons pas le pouvoir profiter de l'aubaine de notre confinement pour poursuivre ses politiques destructrices ; nous ne cesserons pas de les combattre, par toutes les formes d'action qui resteront à notre disposition.

Notre assemblée est reportée, certes, mais nous ne cèderons pas un pouce de riposte aux violences d'État. Le temps que cette décision nous laisse, nous le rendrons dense. Et par toutes sortes de voies : textes, vidéos, émissions, réunions à distance par les moyens techniques adéquats, liens à nouer et consolider, organisation plus collective encore de nos prochaines marches et assemblées, construction dans la durée. Notre détermination est intacte contre les violences d'État : dans cette situation qui révèle plus encore les failles d'un système, elle est plus grande que jamais.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/79361
Source : message reçu le 13 mars 22h


Assemblée de riposte aux violences d'État

Violences policières, violences judiciaires, acharnement administratif : les violences d'État s'abattent depuis des années et nous le savions - parce que nous connaissons ce qui se passe dans bien des quartiers et que révèlent avec courage et ténacité les collectifs qui exigent justice et vérité ; parce que nous connaissons la violence féroce qui pourchasse les migrantes et migrants, que l'on traque, enferme, expulse, ou bien qu'on laisse mourir - une indignité. Ou nous ne le savions pas, pas assez - parce que nous découvrons la répression implacable des mouvements sociaux, depuis la loi « Travail » jusqu'au soulèvement des gilets jaunes et à la mobilisation contre la casse des retraites, comme une révélation. La violence policière, mais aussi administrative et judiciaire, sociale et politique humilie, matraque, mutile, condamne et incarcère ; elle tue aussi parfois, d'abord dans les quartiers populaires. Parce que nous lui disons non, elle voudrait nous briser.

Qu'arrive-t-il, désormais ? La prise de conscience s'est aiguisée dans des proportions considérables. On peut regretter qu'elle n'ait pas surgi bien avant, ou que nous n'ayons pas toujours lutté ensemble. Mais c'est le moment. En une année, la violence d'État a atteint une telle intensité que nous ne pouvons pas en rester aux constats, ni à l'égrenage des témoignages, ni même à l'analyse d'une situation. Il est urgent de passer à l'offensive collective.

Comment faire face au rouleau compresseur qui entend gouverner par la peur ? Puisque tout est fait pour réprimer et criminaliser nos résistances, nous avons bien conscience que cette peur-là nous travaille, traverse nos corps et nos mouvements. Comment la conjurer ? Nos oppositions n'y suffisent pas parce qu'il ne suffit pas de dire « halte » ou de dire « non ». Et d'ailleurs, nous les dépassons, parce que nous avons aussi des espoirs et des projets : de justice, de démocratie et d'égalité. La situation inédite que nous connaissons en a accru l'urgence et la détermination.

Pour dépasser le cadre de tribunes et des meetings, nous proposons une assemblée de lutte. Non pas une addition de prises de parole, collectif par collectif, organisation par organisation, témoin par témoin, mais un moment où partager des pistes pour résister, forger l'autodéfense et la solidarité : pour nous organiser de manière durable. Nous pensons qu'il y a une force singulière de l'assemblée : un moment où peut advenir, à partir de nos expériences, de nos savoirs et de nos pratiques, de quoi proposer une riposte commune. Nous voudrions faire de ce moment un temps fort, qui ait de puissants échos sociaux, politiques et aussi médiatiques, non seulement pour que cesse l'invisibilité - de plus en plus battue en brèche - de cette violence, mais pour faire de ce « nous » une force stratégique.

Le 14 mars sera la journée internationale de lutte contre les violences policières : nous en soutenons pleinement les victimes et leurs familles ; nous appelons à cette marche. En écho, le 15 mars sera celle de l'assemblée de riposte aux violences d'État.

Proposition d'ordre du jour :

Enjeux de la situation

  • remise en cause du monopole légitime de la violenced'État et de la complicité médiatique
  • racisme et violence d'État
  • quelle pertinence à évoquer aujourd'hui la « possibilité du fascisme » ?

Exigences et mise en visibilité

  • combat pour l'interdiction des armes policières mutilantes et des techniques d'immobilisation à risque létal
  • contribution à la mise en visibilité de ce qui existe déjà

Élaboration collective

  • texte
  • site, travail documentaire et livre noir des violences d'État
  • secours rouge (constitution de liens de solidarité, accompagnement et soutien juridique)

Informations pratiques:

L'assemblée commencera à midi : déjeuner convivial (chacune et chacun apporte de quoi partager).

Trois personnes (professeur-es des écoles en lutte) s'occuperont des enfants: la collecte sera versée à la caisse de grève du premier degré parisien.

Source : message reçu le 3 mars 11h