samedi 7 février 2009 à 14h
https://paris.demosphere.net/rv/7517
Attention: changement de lieu:
le meeting était initialement prévu à l'hôpital Ste Anne, mais la direction a annulé notre réservation sans explication...
Nouveau lieu : La parole errante.
Source : http://www.collectifpsychiatrie.fr/phpPetitio...
"La nuit sécuritaire"
MEETING
Le Samedi 7 février, de 14 h à 18 h
Au grand amphithéâtre de la CMME,
Hôpital Ste Anne,
100 rue de la Santé, 75014 Paris
Inscription gratuite et informations sur
http://www.collectifpsychiatrie.fr
Chers signataires,
En moins d’un mois, vous avez déjà été plus de 15 000 à soutenir le texte de « La nuit sécuritaire » (http://www.collectifpsychiatrie.fr/...)
Les « 39 » qui ont été à l’origine de cet appel se sont réunis le 9 janvier pour envisager les suites possibles de ce mouvement de protestation dont l’ampleur même nous a surpris et confortés dans notre engagement. L’écho médiatique donné à notre initiative est remarquable dans sa durée et son intensité, et témoigne de son impact dans la société : la révolte des soignants, fondée sur leur pratique et leur expérience, pose la question de la place de la folie dans la culture c’est-à-dire celle de la manière de vivre ensemble.
Les paroles de peur et de haine, la confusion entre maladie et criminalité entretenue par l’exploitation éhontée de faits divers ont cette fois été massivement dénoncées. Ce refus déterminé de soignants a été reçu avec soulagement par beaucoup. D’où l’apparent recul du Président de la République, qui a tenu après-coup des propos lénifiants, mais sans rien retirer à sa précédente déclaration.
Notre collectif n’est ni un syndicat, ni une association. Il est composé de soignants en psychiatrie qui, quel que soit leur statut ou leur mode d’exercice, ne peuvent plus tolérer la dégradation et la mise en cause de leur travail. C’est sur cet engagement que nous voulons nous fonder pour étayer notre refus, pour regagner cette dignité mise à mal dans notre travail quotidien.
Car il faut aller plus loin et retrouver des espaces de paroles et d’échanges d’où doivent sortir des actes. Aujourd’hui, dans de nombreux appels, il est question de refus d’obéissance.
Il s’agit pour nous :
- de refuser la logique sécuritaire contreproductive en luttant contre la banalisation des mesures de contention,
- de promouvoir une formation digne de ce nom des psychiatres et des infirmiers,
- de sortir de la tyrannie comptable destructrice du temps nécessaire à l’écoute et au travail thérapeutique,
- de dénoncer une dérive vers l’obligation juridique et administrative aux dépens du cadre humain qu’il nous faut soutenir et réinventer dans bien des domaines.
Pour un deuxième temps de notre action contre la résignation et l’indifférence nous organisons un meeting où tous les soignants en psychiatrie, et les citoyens qui se sentent concernés, sont conviés afin de mettre en commun nos analyses et nos déterminations et faire émerger d’autres formes, d’autres propositions pour soutenir et amplifier cette dynamique.
Nous invitons tous les syndicats et partis politiques à venir s’y exprimer
La nuit sécuritaire
Le 2 décembre 2008, dans une enceinte psychiatrique hospitalière, se saisissant d’un crime pourtant très rare commis par un patient diagnostiqué comme schizophrène, le président Sarkozy a annoncé un plan pour la psychiatrie aux conséquences dévastatrices.
Dans ce discours, les fondements même de la psychiatrie ont été attaqués avec la plus grande brutalité, celle qui amadoue pour mieux exécuter.
Il aura suffi d’un fait divers dramatique pour relancer une politique de la peur dont le projet de centres de rétention de sûreté tout comme les soins sans consentement en ambulatoire sont le parachèvement.
En amalgamant la folie à une pure dangerosité sociale, en assimilant d’une façon calculée la maladie mentale à la délinquance, est justifié un plan de mesures sécuritaires inacceptables.
Alors que les professionnels alertent régulièrement les pouvoirs publics non seulement sur les conditions de plus en plus restrictives de leur capacité de soigner, sur l’inégalité croissante de l’accès aux soins, mais aussi sur la mainmise gestionnaire et technocratique de leurs espaces de travail et d’innovation, une seule réponse leur a été opposée : attention danger, sécurisez, enfermez, obligez, et surtout n’oubliez pas que votre responsabilité sera engagée en cas « de dérapage ».
Un pas vient d’être franchi, l’heure est trop grave pour que la résignation l’emporte.
Que peut signifier cette prétendue méconnaissance, en réalité cette volonté délibérée d’ignorer les réalités de la psychiatrie ?
Il y a les faits, il y a les chiffres : le rapport de la Commission « Violence et santé mentale » dénombre qu’en 2005 sur 51 411 mis en examen dans des affaires pénales (crime ou délit) 212 ont bénéficié d’un non-lieu pour irresponsabilité mentale, c’est à dire 0,4 % des crimes et délits ! Mais en revanche, la prévalence des crimes violents contre les patients psychiatriques est 11,8 fois plus importante que par rapport à la population générale. La proportion des vols à leur encontre est 140 fois plus importante !
Nous, soignants en psychiatrie, n'acceptons pas que la plus haute autorité de l'État répande de tels propos, qui laisseraient croire que les personnes atteintes de troubles psychiques font bien plus souffrir la société que celle-ci ne les aliène. Nous n’acceptons pas non plus que ces citoyens soient jetés en pâture à la vindicte populaire pour maintenir de manière forcenée, irresponsable, le ferment de la peur.
« La politique de civilisation » annoncée est une politique de « rupture » du lien car elle tente de bafouer les solidarités sociales qui ont permis de sortir du grand enfermement de la folie. Il n’y a pas d’exercice possible de la psychiatrie sans respect constant des valeurs de la République : celles qui en énonçant le respect de la séparation des pouvoirs permettent à la démocratie de rassembler solidairement afin de ne pas exclure les plus démunis.
Devant tant de « dangerosité » construite, la psychiatrie se verrait-elle expropriée de sa fonction soignante, pour redevenir la gardienne de l’ordre social ?
Nous, citoyens, psychiatres, professionnels du soin, du travail social, refusons de servir de caution à cette dérive idéologique de notre société.
Nous refusons de trahir notre responsabilité citoyenne et notre éthique des soins dans des compromissions indignes et inacceptables.
Nous refusons de voir la question des soins psychiques réduite à un pur contrôle sécuritaire criminalisant outrageusement la maladie mentale.
Nous refusons d’être instrumentalisés dans une logique de surveillance et de séquestration.
Pour maintenir la fonction soignante en articulation permanente entre le singulier et le collectif, nous refusons l'aveuglement d'une supposée culture de l'efficacité immédiate concernant des problèmes qui n'existent que peu.
Dans le champ de la psychiatrie, des actions s’opposent à la normalisation des enseignements (sauvons la clinique), des pratiques prédictives (pas de zéro de conduite), des dérives scientistes assignant à la psychiatrie le devoir de prévoir l’avenir (non à la perpétuité sur ordonnance, politique de la peur).
Nous soutenons et accompagnerons toute perspective de regroupement de ces initiatives car elles vont toutes dans le même sens : défendre et soutenir la dignité des patients qui nous sont confiés ou qui se confient à nous.
Faudrait-il que nous entrions en résistance par la désobéissance civile, pour soutenir la possibilité d’une psychiatrie au service des sujets en souffrance, respectueuse du sens de leur existence, et non une psychiatrie servant au maintien de l’ordre sécuritaire stigmate de l’asservissement de la population par la peur ?
« Il faut de la crainte dans un gouvernement despotique: pour la vertu, elle n'y est point nécessaire, et l'honneur y serait dangereux. » Montesquieu
Contact : elie .winter@ free.fr
Ajout le 13/01/2009 : Un meeting est organisé le 7 février 2009 à Paris, tous les signataires y sont invités. Pour s'inscrire, et pour plus d'informations :
« Meeting »
- Jean-marc ANTOINE (Psychologue. association aurore. paris. directeur du pôle aurore habitat.),
- Mathieu BELLAHSEN (Interne en psychiatrie,secrétaire d'utopsy),
- Dominique BESNARD (Psychologue et représentant des cemea),
- Antoine BESSE (Psychiatre, psychanalyste ),
- Guilhem BLEIRAD (Psychologue),
- Olivier BOITARD (Psychiatre, président du casp),
- Hervé BOKOBZA (Psychiatre, saint martin de vignogoul),
- Loriane BRUNESSAUX (Interne en psychiatrie, présidente d'utopsy),
- Patrice CHARBIT (Psychiatre psychanalyste vice-président de l'afpep-snpp),
- Jean-paul CHARDON (Chef de service pédopsychiatrie, ),
- Franck CHAUMON (Psychiatre, psychanalyste ),
- Patrick CHEMLA (Psychiatre chef de service , centre antonin artaud reims , président de la criée, membre del'usp ),
- Guy DANA (Psychiatre psychanalyste chef de service),
- Alexandra DE SEGUIN (Interne en psychiatrie, vice-présidente d'utopsy),
- Pierre DELION (Professeur de psychiatrie),
- Barbara DIDIER (Psychologue, psychanalyste),
- Eric DIDIER (Psychanalyste),
- Léa DIDIER (Etudiante en psychologie clinique),
- Bernard DURAND (Psychiatre, président de la fédération d'aide à la santé mentale fasm croix marine ),
- Joël DUTERTRE (Médecin (mp4 champ social)),
- Roger FERRERI ("psychiatre chef de service infanto juvénile 91000 evry, association ""pratiques de la folie"""),
- Florent GABARRON-GARCIA (Vice président d'utopsy, moniteur psychiatrique à la clinique de la borde),
- Yves GIGOU (Infirmier de secteur psychiatrique - militant associatif),
- Pascale GIRAVALLI (Psychiatre, marseille),
- Roland GORI (Professeur de psychopathologie clinique à l'université d'aix-marseille, président du séminaire inter-universitaire européen d'enseignement et de recherche en psychopathologie et psychanalyse (siueerpp) et psychanalyste),
- Michaël GUYADER (Chef de service du 8ème secteur de psychiatrie générale de l’essonne, psychanalyste),
- Liliane IRZENSKI (Psychiatre. psychanalyste),
- Serge KLOPP (Cadre de santé, chargé des questions de psychiatrie commission santé du pcf),
- Olivier LABOURET (Psychiatre public, chef de service),
- Jean-jacques LABOUTIERE (Psychiatre),
- Paul LACAZE (Neuropsychiatre, psychanalyste, montpellier),
- Laurent LE VAGUERESE (Psychiatre, psychanalyste responsable du site oedipe.org),
- Claude LOUZOUN (Psychiatre, président du cedep),
- Emile LUMBROSO (Centre van gogh reims, président d'euro-psy, membre de la criée),
- Paul MACHTO (Psychiatre. psychanalyste. montfermeil 93. pratiques de la folie. usp),
- Jean-pierre MARTIN (Psychiatre),
- bénédicte MAURIN ,
- Simone MOLINA (Psychanalyste, psychologue clinicienne présidente du point de capiton (vaucluse)),
- Isabelle MONTET (Psychiatre, chef de service, sph),
- Jean OURY (Médecin directeur de la clinique de la borde, cour cheverny),
- Angelo POLI (Psychiatre président de cme de st cyr (69)),
- Pierre SADOUL (Psychiatre désaliéniste du service public, ex mcs en pédopsychiatrie, ex-vp de l’api, administrateur de l’asepsi),
- Olivier SCHMITT (Président de l'afpep-snpp (association des psychiatres d'exercice privé, syndicat national des psychiatres privés)),
- Bruno TOURNAIRE BACCHINI (Psychiatre, praticien hospitalier),
- Anne TUFFELLI (Psychiatre),
- Valérie VALLET (Psychologue),
- Elie WINTER (Psychiatre)
Signer la pétition - Voir les signataires