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mercredi 20 novembre 2019 à 18h

Conférence antifasciste

« Néolibéralisme VS autoritarisme ? »

Retours sur une fausse alternative

En 2017, Macron a gagné les élections présidentielles en se présentant comme rempart à l'extrême droite, représentée par son adversaire Marine Le Pen. Ensuite, au début de son mandat, il a eu à cœur de se distinguer de personnalités politiques d'extrême droite comme Salvini en Italie ou Trump aux États-Unis. Contre ceux et celle-là, rassemblé-e-s dans le camp des extrêmes et des populistes, Macron se pose comme héritier d'une tradition politique libérale et progressiste. Ce n'est qu'à cette condition qu'il peut asseoir sa légitimité après l'effondrement des partis traditionnels, comme détenteur de la seule solution politique modérée, raisonnable et démocrate, face à l'épouvantail (danger bien réel par ailleurs) de l'extrême droite autoritaire.

Pourtant, Macron, dès le début de son mandat, tout en se posant en champion de la démocratie libérale, a très vite adopté une pratique autoritaire et raciste du pouvoir. D'abord, il a enclenché un durcissement autoritaire face à la contestation sociale. Il a affaibli les institutions en gouvernant par ordonnances et en mettant en place une stratégie parlementaire qui réduit les possibilités de contestation du pouvoir présidentiel par l'Assemblée Nationale. Il a criminalisé le mouvement des Gilets Jaunes, laissé les violences policières se déchaîner (entraînant plusieurs morts, il faut le rappeler, sans parler des milliers de blessé-e-s et mutilé-e-s), enfermé des militant-e-s, fait passer la loi anti-casseurs qui réduit la liberté de manifester, etc.

Sur le plan des politiques migratoires, alors qu'il multipliait les condamnations à l'égard de la politique migratoire honteuse de Salvini, il faisait voter dans la même séquence la Loi Asile et Immigration, puis n'a plus hésité à adopter un discours très droitier sur ce sujet, sous prétexte de pragmatisme, reprenant la stratégie xénophobe et meurtrière du « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ».
Enfin, Macron a terminé de révéler ses affinités avec l'extrême droite en alimentant avec son gouvernement la polémique islamophobe sur le voile, son ministre de l'Éducation allant jusqu'à affirmer que le voile n'a pas sa place dans notre société. Récemment, c'est au journal d'extrême droite Valeurs Actuelles que Macron confiait ses sympathies identitaires et islamophobes.

On constate donc que politiquement et idéologiquement, le gouvernement sous Macron n'a pas cessé de tendre vers l'autoritarisme et le racisme. Comment concilier ce constat avec notre opposition de départ, construite de toute pièce par les premiers, entre le camp néolibéral et soi-disant progressiste et le camp des populismes autoritaires ? Se pourrait-il que, bien loin d'être un rempart à la montée de l'extrême droite, la politique néolibérale soit une rampe de lancement pour les gouvernements autoritaires ? Y a-t-il, sous ces oppositions de façade, des convergences de fond entre ces deux courants ?

C'est pour répondre à ces questions que nous proposons une conférence en collaboration avec le sociologue Ugo Palheta et le philosophe Grégoire Chamayou, suivie d'une discussion avec la salle. Il s'agit pour nous en tant que collectif antifasciste d'essayer de prendre au sérieux la menace réelle que représente le gouvernement actuel, alors qu'il ne se revendique pas lui-même ni du fascisme, ni de la tradition d'extrême droite.

  • Grégoire Chamayou, auteur de La Société ingouvernable, publié en 2018 aux éditions La Fabrique, viendra présenter les analyses réunies dans la 4e partie de son livre, intitulée « L'État ingouvernable », pour nous aider à comprendre comment un gouvernement néolibéral peut être amené à opérer un tournant autoritaire, non pas de façon accidentelle, mais en tant que stratégie assumée face à une crise de gouvernabilité. Il reviendra pendant son intervention sur l'élaboration au cours du XXe siècle de cette composante autoritaire du néolibéralisme.
  • Ugo Palheta viendra discuter de ses recherches menées dans son livre La Possibilité du fascisme, publié aux éditions La Découverte en 2018, où il analyse les effets politiques des contre-réformes néolibérales, le processus de durcissement autoritaire des États capitalistes, et l'aiguisement des nationalismes sous l'effet de l'intensification du racisme (en particulier de l'islamophobie). Il nous aidera à comprendre comment l'offensive néolibérale et autoritaire menée par Macron prépare de plus en plus la France à la possibilité du fascisme. C'est dans cette perspective que nous l'avons invité à intervenir dans notre conférence.

Nous vous donnons rendez-vous dans le cadre de la semaine antifasciste des facs de Tolbiac, Nanterre et Jussieu ce mercredi 20 novembre à la fac Jussieu (4, place Jussieu, 75005 Paris), à partir de 18h, en amphi 34B.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/74788
Source : https://www.facebook.com/events/7551640216669…
Source : message reçu le 18 novembre 10h