vendredi 14 novembre 2008 à 20h
Crise Financière
Rencontre-discussion avec Frederic Lordon,
autour de son dernier livre : "Jusqu'à quand?"
https://paris.demosphere.net/rv/6889
Avec les éditions Raisons d'agir, les renontres du « lieu-dit »
Entrée libre avec participation au chapeau
AVANT-PROPOS
Le manuscrit de cet ouvrage a été arrêté fin août 2008. Ses épreuves sont relues le 22 septembre. Entre temps survient une « décade prodigieuse » – du 10 au 20 septembre 2008 – qui a de quoi changer la face du monde néolibéral.
Dépassé avant même parution ? Ce serait le cas si ce livre avait eu la visée d’une chronique de crise. Pour le coup, il en aurait loupé un gros bout ! Et, même repris à la hâte, se serait condamné à la fatalité de l’obsolescence – ou bien au chantier d’une écriture sans fin, car, en cet automne 2008, la décomposition financière prend un cours torrentiel qui rend parfaitement caduc le commentaire en temps réel dans l’instant où il est produit.
Mais la perspective de ce livre n’est pas celle-là. Les événements auxquels il est fait référence n’y sont pas mobilisés au titre de la consignation des faits mais comme support d’une analyse – au demeurant, le livre serait très incomplet même si l’horloge s’était arrêtée fin août 2008, et c’est à dessein qu’il a laissé de côté bon nombre d’événements croustillants qu’un historien de la période ne manquera pas d’enregistrer.
Aussi, que la « facture » du sauvetage de Fannie Mae et Freddie Mac soit montée à 200 milliards de dollars alors qu’elle n’était « que » de 25 milliards au moment où le livre était achevé, qu’il faille rajouter Lehman Brothers, Merrill Lynch et AIG à la liste, décidément interminable, des faillis ou des grands brûlés, qu’il n’y ait plus de banques d’affaire aux Etats-Unis (!), qu’une structure de cantonnement géante destinée à purger d’un coup le système financier constitue une délicieuse irruption de socialisme seule à même de sauver le capitalisme étasunien du désastre, tout cela, qui est considérable en soi, et même inouï, n’altère pas, au contraire, la thèse que la première année de crise suffisait largement à étayer : l’analyse des nuisances intrinsèques de la finance libéralisée appelle son impérative mise au pas, c’est-à-dire une réaction politique de première grandeur.
En définitive le cours stupéfiant pris par la crise depuis le 12 septembre 2008 ne change fondamentalement qu’une chose – mais importante : il a littéralement pulvérisé toutes les stratégies « du fil de l’eau » qui pensaient s’en tirer avec quelques bonnes paroles – le cas échéant on irait jusqu’aux martiales déclarations –, un ersatz de « régulation » à base de transparence et de vertu, et les effets de l’oubli pour, une fois le choc amorti, laisser les affaires reprendre gentiment leur cours sans avoir rien changé de significatif. Cette disposition d’esprit qui prévalait encore à la fin de l’été 2008 a été anéantie. Nul ne peut plus feindre d’ignorer que ce sont les structures mêmes des marchés de capitaux libéralisés qui sont en question, et que les laisser à l’identique vaut ipso facto renouvellement de l’abonnement « crise et krach ». Arraisonner la finance n’est plus une option.
Source : message reçu le 4 novembre 11h