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dimanche 14 avril 2019 à 11h

Ciné-droits « Le silence des autres »

Documentaire d'Almudena Carracedo et Robert Bahar - 2018, 1h35 min., VOSTF

Prochaine séance des ciné droits du Majestic Bastille,
à l'invitation de la section Paris 10-11 et de la Fédération de Paris de la LDH

Projection suivie d'une rencontre avec Elena Gaju, avocate aux barreaux de Paris et de Barcelone.

Les réalisateurs ont mené une enquête de 6 années et suivi l'action de citoyens rescapés du franquisme pour rompre le « pacte de l'oubli » et soulever la chape de plomb qui pèse toujours sur l'Espagne.

Plusieurs années de tournage ont été nécessaires pour réaliser ce documentaire consacré à l'oubli de ce qu'a été le franquisme. La loi d'amnistie de 1977, faussement symétrique et dont l'histoire dira si elle était indispensable à la transition démocratique, a eu pour conséquence de tenter d'enterrer juridiquement le passé. Vaine tentative. De la recherche des corps enfouis dans des fosses communes à la souffrance que ressent le militant torturé à croiser son tortionnaire impuni, comment imaginer qu'une fois la parole libérée, il soit possible d'oublier. « On n'oublie rien, on s'habitue c'est tout » disait Jacques Brel. Ce qui fait d'abord la force de ce film c'est que ni l'habitude, ni l'oubli n'y ont leur place. Descendants de victimes et acteurs de la lutte contre le franquisme nous offrent une quête de vérité qui nous rappelle que sans la vérité des faits, il n'y a pas de résilience possible. Ce besoin de vérité vient bousculer la société toute entière pour la sortir de son amnésie et réveille, en même temps, ses traumatismes. Ce qui fait l'intérêt du film, c'est aussi la difficulté de répondre à ce besoin et d'en gérer les conséquences uniquement sur le registre habituel qui est celui des tribunaux. Le recours au droit peut aussi bien permettre l'éclosion de la vérité que l'empêcher et s'y enfermer révèle combien l'institution judiciaire est mal outillée pour traiter de l'histoire et du temps long. Ce film offre, enfin, une grille de lecture des difficultés que connaît aujourd'hui l'Espagne. Car la loi de transition n'a en rien touché aux situations des cadres du franquisme. Présents avant la loi de 1977, notamment dans l'institution judiciaire, ils continuent à influencer durablement un système dont les formes démocratiques ont été confiées à des acteurs peu habitués à l'esprit de celles-ci. Ceci permet de mieux comprendre la réapparition d'une extrême droite, voire d'une droite, revancharde, le procès fait aux indépendantistes catalans ou le refus d'en finir avec le conflit en pays basque malgré la dissolution de l'ETA.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/68705
Source : http://site.ldh-france.org/paris/2019/03/15/c…
Source : https://www.ldh-france.org/la-ldh-soutient-le…