mercredi 17 décembre 2008 à 19h45
Villes & Résistances Sociales
https://paris.demosphere.net/rv/6868
projection du film Art Security Service (1h39) suivi d'un débat autour de la revue Agone 38/39 « Villes et résistances sociales » en présence de Benoît Eugène (rédacteur en chef de la revue Agone), Bernard Mulliez (auteur du film) et Jean-Pierre Garnier (chercheur au CNRS)
A l'initiative de la librairie Quilombo (mais se déroule à coté, au CICP)
Source : http://www.ainfos.ca/fr/ainfos07723.html
Source : http://letohubohu.free.fr
Source: message reçu le 15 décembre 18h
Agone - numéro 38 et 39
« Villes & résistances sociales »
« Lorsque l’Europe sera posée comme entité politico-économique, elle pourra alors décider de gestes forts. On démolira alors (sans regret) nos bâtiments actuels devenus, entre-temps, probablement totalement obsolètes. Une telle évolution sera sans doute radicale mais elle répondra d’un autre besoin de développement.
Les pelleteuses d’aujourd’hui et de demain auront remplacé les incendies, les tremblements de terre ou les guerres de jadis. »
Michel Jaspers, architecte urbaniste
SOMMAIRE
Éditorial : « La parabole de Gino », Benoît Eugène
« Naissance du promoteur », Louis Chevalier
C’est généralement en fin de réunion, et comme si l’heure de la récréation avait déjà sonné, que tel ou tel s’enhardit à proposer un étonnant projet. En s’excusant, en bredouillant, en parlant dans sa barbe, en faisant celui qui ne sait où se mettre. Je vois encore un architecte, si l’on peut employer ce mot divin pour qui n’évoquait pas Eupalinos, avancer une chose innommable, un peu comme un gros bébé malpropre qui ne sait comment dire à son papa, à sa maman, à l’assistance, qu’il a fait un gros besoin dans sa culotte.
« Le paysage contemporain de la ville de Marseille. Aux origines de l’avant-dernière destruction (1960–2005) », Alèssi Dell’Umbria
Les spécialistes n’ont cessé de se répandre sur le « malaise des banlieues », mais certaines évidences ont continué de leur échapper : à commencer par le fait que l’urbanisme rendait impossible l’appropriation de l’espace par ses habitants. À Marseille, l’achèvement des grands programmes de construction HLM coïncida avec la crise industrialo-portuaire et la montée consécutive du chômage au sein de la population ouvrière, en particulier des jeunes. Ceux-ci eurent tout le temps de réaliser l’extrême hostilité du nouvel environnement.
« La volonté de non-savoir », Jean-Pierre Garnier
Dans le milieu de la recherche urbaine comme ailleurs, les vastes systèmes d’interprétation échafaudés dans l’intention de « comprendre le monde pour le transformer » ont cédé la place à des « paradigmes locaux » où le descriptif succédait au prescriptif. En fait, sous couvert de « démarche plus compréhensive qu’explicative », l’esprit critique sera peu à peu évincé au profit d’une apologie plus ou moins subtile de l’ordre des choses.
« Comment la gentrification est devenue, de phénomène marginal, un projet politique global », Mathieu Van Criekingen
À la faveur du tournant néolibéral des années 1980, la gentrification s’est hissée au rang de projet politique et de vision normative du futur de la ville que gouvernements urbains et « partenaires » privés s’activent à mettre en œuvre. Pas plus les agglomérations de vieille industrie lourde telles Manchester, Bilbao ou Liverpool que des villes régionales telles Lyon, Malmö, Ljubljana ou Leipzig n’échappent aujourd’hui au phénomène.
Un « déguerpissement » exemplaire à Ouga (Burkina Faso), Patrick Taliercio
En Afrique, les délogements forcés sont quotidiens. On parle de « déguerpissements »
Les gouvernements africains n’ont pas totalement inventé cet usage du bulldozer, lancé à l’assaut des maisons en banco sans aucun préavis. Les premiers à procéder de la sorte sur le continent furent sans doute les coloniaux français du Sénégal en 1914.
Revitaliser la ville indienne. Milieux d’affaires, société civile & politiques anti-pauvres, Solomon Benjamin
Un « modéré » considérerait aujourd’hui que les ONG ont simplement été cooptées par le système, mais une perspective plus radicale autorise à penser que les ONG d’élite constituent aujourd’hui l’un des acteurs principaux du contrôle des groupes les plus pauvres. Et il faut bien reconnaître que, sur les causes les plus structurantes de la pauvreté, l’influence des ONG est devenue quasi nulle
Les jeux Olympiques, médaille d’or des expulsions, Center on Housing Rights & Evictions
Depuis maintenant des décennies, les grandes manifestations internationales ont des impacts communs. Des milliers de personnes sont déplacées et victimes d’expulsions pour la seule nécessité de libérer les sites d’événements internationaux petits ou grands. Les expulsions indirectes sont aussi monnaie courante, dues à l’augmentation des prix et à la diminution des stocks de logements sociaux ou bon marché.
Les mirages du partenariat public-privé. Le cas des municipalités au Québec, Pierre J. Hamel
Contrairement à ce qu’on tente de nous faire croire, les partenariats public-privé (PPP) ne sont pas une panacée, un médicament miracle qui permettrait de solutionner tous les problèmes, partout et toujours. Plus particulièrement dans le cas des municipalités, les PPP n’offrent pas de solution magique au réel problème de financement de leurs infrastructures.
L’international sera le genre humain. Une expérience de planification néolibérale au quartier Midi (Bruxelles), Benoît Eugène
La création d’agences publiques de développement échappant au contrôle démocratique et ouvertes aux « partenaires privés » permet de « dépolitiser » les questions d’aménagement urbain en éloignant le plus possible les prises de décision du niveau local et en les soustrayant au regard des citoyens. En échappant bien souvent à tout contrôle, elle permet d’allier les charmes de la spéculation à ceux de l’autoritarisme de la planification publique.
« Ce ne sont que les émanations toxiques de la cerfelle d’un prof ! », Borislav Pekic
Sodome et Gomorrhe ? Oui, évidemment. Comment notre ville ne serait-elle pas Sodome et Gomorrhe quand elle est livrée à des spéculateurs qui cherchent à tirer parti de tout, même des projets visant au bien de la nation ?
Art Security Service, un film de Bernard Mulliez
Au printemps 2005, le promoteur immobilier Robelco frappe les trois coups médiatiques d’un projet de « revitalisation » des galeries Ravenstein à Bruxelles en y accueillant des galeries d’art. Véritable épure des méthodes de gentrification, le film retourne également les armes de l’art contemporain contre son instrumentalisation pour délégitimer les classes populaires.
Les Indésirables, un film de Patrick Taliercio
À Marseille, la rue de la République est un projet immobilier remontant au xixe siècle. Conçus pour une clientèle bourgeoise, les appartements n’ont jamais su attirer la clientèle visée. C’est à cette « anomalie urbaine » qu’entendent remédier les promoteurs de la société Marseille-République, soutenus par les pouvoirs publics et sous l’égide du fonds d’investissement américain Lone Star.
HISTOIRE RADICALE
« Souvenirs », Pierre Monatte – Précédé de Pierre Monatte & le congrès d’Amiens, par Miguel Chueca
« Le Centre américain de secours après le départ de Varian Fry », Daniel Bénédite
LA LEÇON DES CHOSES
« Le besoin de croyance et le besoin de vérité », Jacques Bouveresse
« Le rêve de Bismarck » (novembre 1870), Jean Baudry alias Arthur Rimbaud, précédé de Un inédit d’Arthur Rimbaud en jeune patriote ?, présentation et découverte par Patrick Taliercio