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jeudi 30 octobre 2008 à 19h30

Projection du film "Sidi Ifni : Le samedi noir"

Les habitants de Sidi Ifni Ait Baamrane, une ville située à environ 160 kilomètres au sud d’Agadir, se soulèvent contre l’exclusion, chômage, et pauvreté en août 2005, juin 2006 et septembre 2007 et en vain le 30 mai 2008. Durant une semaine, les jeunes bloquent l’accès au port pour exiger la satisfaction de leurs légitimes revendications pour lesquelles ils luttent depuis 2005.

Les principales revendications sont la gratuité et la qualité des services de santé, l’intégration des diplômés de la région dans la fonction publique, l’indemnisation des victimes de la colonisation Espagnole, l’ouverture d’une route vers Tan-Tan au sud d’Ifni, l’entretien du port et la création d’une préfecture propre à la ville pour en finir avec la dépendance envers la province voisine de Tiznit.

La population locale, qui a une tradition de lutte1, soutient ces revendications. L’été 2005 a été marqué par une vague de manifestations. Les élections législatives du 7 septembre 2007, largement boycottées à Sidi Ifni et dans les grandes villes, ont fait apparaître l’indignation et l’indifférence politique des masses populaires. Le 7 juin 2008, une répression aveugle s’abat sur Ifni à 6 heures du matin comme seule réponse de la monarchie, cette violente opération durera deux jours et se déploiera aux niveaux terrestre (ville, villages et montagnes), maritime (intervention de Zodiac transportant des forces spéciales) et aérien (hélicoptères de la gendarmerie royale). En tout 4000 membres des forces de répression ont investi une ville de 20 000 habitants. Plus de cent maisons ont été envahies et pillées et trois cents personnes arrêtées le soir même. La police a investi au hasard des demeures, terrorisant, pillant et enlevant des habitants. Des témoignages de harcèlements sexuels et de viols ont été recueillis par des militants des Droits de l’Homme(seulement trois cas de viols ont été déclarés dans les commissariats, mais le phénomène a touché beaucoup plus de femmes restées silencieuses après avoir été abusées devant leurs familles).

Une commission d’enquête parlementaire a été mise en place, mais le comité de soutien aux prisonniers demande à faire partie d’une nouvelle commission d’enquête indépendante. En effet à la suite de ces événements, cinq militants ont été arrêté, parmi eux Brahim Bara secrétaire général du comité local d’Attac, comité qui a joué un rôle important dans les combats de la population locale. Brahim Bara est aussi membre du groupe politique de la Gauche révolutionnaire et internationaliste du Maroc et un des animateurs du journal El Mounadil (« le militant »). Il est accusé d’avoir constitué une bande criminelle d’attroupement armé et de désobéissance civile, maintenu en prison sans jugement depuis juin, il risque gros…

Les événements de Sidi Ifni confirment que les mouvements sociaux les plus forts proviennent de la périphérie du pays. Les grands centres urbains, comme Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès, Tanger, sont peu mobilisés notamment à cause de l’absence de syndicats combatifs capables de mobiliser les travailleurs, de la dégénérescence de la gauche réformiste et de l’alignement de la majorité de la gauche radicale derrière la bureaucratie syndicale. Le réseau de coordination des luttes contre la vie chère représente un espoir alternatif. Les manifestations récentes à Bouarfa et Sefrou, ainsi que la crainte d’une contagion générale, ont obligé le gouvernement à revenir sur l’augmentation du prix du pain. Ce mouvement offre une chance de rajeunir les forces du mouvement social et de sortir du climat morose depuis la capitulation des directions syndicales.

Dimanche 15 juin 2008, une caravane de solidarité de 12000 personnes venant de différentes villes et villages du Maroc marche dans Sidi Ifni encore sous blocus. De plus Attac France a lancé une pétition pour dénoncer la répression et exprimer sa solidarité avec la population de Sidi Ifni et pour exiger la libération de Brahim Bara et de tous les militants arrêtés. Cette pétition peut être signée à l’adresse suivante : www.france.attac.org/spip.php ?article8780

Le film Sidi Ifni : le samedi noir réalisé par Attac Maroc, au cours duquel les habitants témoignent des évènements et de leur solidarité avec les prisonniers encore derrière les barreaux, sera présenté par Aïssam, militant marocain.

Entrée gratuite.
Venez nombreux !

Source : http://www.librairie-resistances.com/spip.php...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/6799