mercredi 29 octobre 2008 à 18h30
Deuxième séance : mercredi 29 octobre
Un gouvernement à la culture ?
Rencontre avec Alain Brossat, Mathilde Priolet et Aline Caillet
https://paris.demosphere.net/rv/6619
Mercredi 29 octobre à 18h30
Suivi d’un repas
Invités : Alain Brossat, Mathilde Priolet et Aline Caillet
Rencontre, débat avec Alain Brossat (philosophe), pour initier une discussion autour de la place de la culture dans les techniques de gouvernement, comme "moyen de gouverner les vivants".
Alain Brossat a publié récemment "Le grand dégoût culturel" (au Seuil - coll. non conforme).
Mathilde Priolet (philosophe) vient de publier sa thèse (à l’Harmattan) sous la direction d’Alain Brossat : " La denrée culturelle éclipse du politique, expansion de la culture"
Aline Caillet (philosophe) vient de publier à l’Harmattan (coll. l’art en bref) “Quelle critique artiste ? Pour une fonction critique de l’art à l’age contemporain"
Atelier « quand j’entends le mot culture .. »
"J’ai dit plus haut qu’une discussion sur la culture est tenue de prendre pour point de départ le phénomène de l’art parce que les œuvres d’art sont les objets culturels par excellence. Cependant, si la culture et l’art sont étroitement liés, ils ne sont en aucun cas la même choses. La distinction entre eux n’est pas très importante pour ce qui advient à la culture dans les conditions de la société de masse ; mais elle entre en jeu dès qu’on s’interroge sur l’essence de la culture et sur son rapport au domaine politique.
La culture, mot et concept est d’origine romaine. Le mot "culture" dérive de colere - cultiver, demeurer, prendre soin, entretenir préserver - et renvoie primitivement au commerce de l’homme avec la nature en vue de la rendre propre à l’habitation humaine. En tant que tel, il indique une attitude de tendre souci, et se tient en contraste marqué avec tous les efforts pour soumettre la nature à la domination de l’homme"
Hannah Arendt - La crise de la culture-
Nous proposons cette année d’ouvrir un nouveau champ de réflexions autour de la culture. Depuis 2003 nous avons abordé cette question en luttant sur le terrain des droits sociaux, directement menacés par la réforme du 26 juin. Les syndicats avaient tendance à dire et à penser qu’il s’agissait d’abord de « sauver l’art et la culture ». A la séparation voulue, nous répondons toujours et encore par : pas de culture sans droits sociaux ! L’Etat s’est souvent servi de cette séparation pour présenter et défendre ses politiques culturelles comme des réponses à un soi-disant dysfonctionnement du système d’assurance-chômage qui n’avait pas vocation à financer la culture. Au contraire, nous pensons que ces politiques culturelles et les réformes successives de l’assurance-chômage sont les deux mâchoires d’un même piège qui tend un peu plus à définir et à encadrer les pratiques culturelles.
Aujourd’hui, beaucoup ressentent les effets de ce piège, sans n’envisager comme autre issue des tentatives de survie individuelles et l’espoir de poursuivre coûte que coûte un travail dans le champ culturel.
Il nous semble donc important de mieux cerner cette notion de culture et d’en mesurer les enjeux en partant de l’hypothèse que les politiques culturelles n’expriment pas seulement des choix économiques et des stratégies culturelles, comme nous l’avons vu pendant le conflit de intermittents, mais qu’elles exercent également des effets de pouvoir sur les subjectivités et de ce fait sur les pratiques.
Nous commencerons cette réflexion sous la forme d’un atelier où, sera mis en question ce qui se joue avec et dans la culture (mot, concept, notion, connaissance, expérience ?). Il nous semble important de renouer avec une certaine tradition de critique de la culture, de Hannah Arendt à Walter Benjamin, et avec d’autres travaux comme ceux de Foucault et Guattari (constitution du sujet, production de subjectivité.)
Il ne s’agira pas simplement de mieux définir ce mot fourre-tout de culture, mais de construire ensemble des outils de pensée pour sortir du débat indigent qui se limite souvent à une défense de la culture comme exception, ou à sa stigmatisation comme marchandise, ou encore à la mise en avant d’une certaine culture et pas d’une autre, ou enfin, donnée naturellement comme rempart face à la barbarie. Toutes assertions que réfute Alain Brossat dans son livre "Le grand dégoût culturel". Cette première séance se veut un préalable à une réflexion plus profonde.
" Il faut abandonner l’idée que la culture serait, aujourd’hui comme hier, un domaine de distinctions particulières, associé à l’intelligence, à l’émancipation, à la capacité critique. La culture est de nos jours, et tout particulièrement dans un pays comme le nôtre, un moyen de gouverner les vivants."
Alain Brossat dans "mouvement" Oct-déc 2008
Nous vous proposons aussi un corpus de texte, non exhaustif, qui sera nous l’espérons enrichi au cours de ces ateliers.
Le grand dégoût culturel
Université ouverte 2008-2009
avec Alain Brossat, Mathilde Priolet et Aline Caillet
organisé par la CIP-IdF : Coordination des Intermittents et Précaires d'île de France
Lancement de l’atelier "culture" Invité : Alain Brossat
(extrait du programme ci-dessous) Nous consacrerons également une série d’ateliers au thème de la culture, en partant de l’hypothèse que les politiques culturelles n’expriment pas seulement des choix économiques et des stratégies culturelles, comme nous l’avons vu pendant le conflit des intermittents, mais qu’elles exercent également des effets de pouvoir sur les subjectivités, et de ce fait sur les pratiques. Ces politiques culturelles constituent, toujours selon cette hypothèse, un instrument de gouvernement des populations – les « publics » – et de gestion des territoires et de la ville. Séparées de la société (économie, social, travail, etc.), elles n’opéreraient plus alors que comme une plus-value réservée aux classes dominantes. Nous reprendrons à cette occasion à notre compte une question formulée par Félix Guattari (in Culture : un concept réactionnaire ?, Micropolitiques, Les empêcheurs de penser en rond, 2008) : « Comment produire de nouveaux agencements de singularisation qui travaillent pour une sensibilité esthétique, pour le changement de la vie à un plan plus quotidien et, en même temps, pour les transformations sociales aux niveaux des grands ensembles économiques et sociaux ? »
Source : http://www.cip-idf.org/
Source : programme ci-dessous
UNIVERSITÉ OUVERTE 2008-2009
LE GOUVERNEMENT DES INDIVIDUS
Pour cette troisième année de l’Université ouverte, nous proposons à nouveau à tous ceux qui le souhaitent un temps dédié aux confrontations et à la réflexion sur ce qui nous arrive. Il s’agira de reprendre, autrement et avec d’autres, le fil suivi en 2007 avec la lecture du cours de Michel Foucault, Naissance de la biopolitique. Ce cours donné en 1977/1978 analyse l’émergence du néolibéralisme non pas comme une marchandisation généralisée mais comme une technique de gouvernement des sujets qui vise à faire de chacun un entrepreneur de soi et dessine la société comme un ensemble d’entreprises.
Si nous avons choisi de renouer avec l’analyse foucaldienne du libéralisme c'est parce que nombre de ses aspects nous paraissent faire écho à l’expérience vécue, aux situations auxquelles sont confrontés aujourd’hui les salariés, chômeurs et précaires, discontinus ou non.
Le management par l’entreprise et par ce que l’on continue d’appeler, faute de mieux, l’« État-providence », le suivi personnalisé des chômeurs et des allocataires, l’accompagnement vers l’emploi, la gestion des minima sociaux, sont autant de techniques d’individualisation qui interviennent directement dans la vie et les comportements des « usagers ». Ces techniques d’individualisation transforment radicalement la signification des dispositifs sociaux : les allocations-chômage, les aides sociales et les politiques d’insertion tendent à ne plus assurer des droits mais à mettre en oeuvre des mesures incitatives (l’emploi !), des sollicitations à adopter un style de vie, des comportements normés.
Nous consacrerons également une série d’ateliers au thème de la culture, en partant de l’hypothèse que les politiques culturelles n’expriment pas seulement des choix économiques et des stratégies culturelles, comme nous l’avons vu pendant le conflit des intermittents, mais qu’elles exercent également des effets de pouvoir sur les subjectivités, et de ce fait sur les pratiques. Ces politiques culturelles constituent, toujours selon cette hypothèse, un instrument de gouvernement des populations – les « publics » – et de gestion des territoires et de la ville. Séparées de la société (économie, social, travail, etc.), elles n’opéreraient plus alors que comme une plus-value réservée aux classes dominantes. Nous reprendrons à cette occasion à notre compte une question formulée par Félix Guattari (in Culture : un concept réactionnaire ?, Micropolitiques, Les empêcheurs de penser en rond, 2008) : « Comment produire de nouveaux agencements de singularisation qui travaillent pour une sensibilité esthétique, pour le changement de la vie à un plan plus quotidien et, en même temps, pour les transformations sociales aux niveaux des grands ensembles économiques et sociaux ? »
Le travail de Foucault peut contribuer à saisir la généalogie et le sens de ces relations de pouvoir : comment sommes-nous passés d’un gouvernement des âmes exercé par le pouvoir pastoral de l’église chrétienne au gouvernement des hommes exercé par l’entremise des dispositifs de l’« État-providence » et de l’entreprise et leurs techniques d’individualisation ?
Il s’agit de proposer plusieurs pistes à la discussion publique, à partir de la lecture de textes de Foucault et de l’analyse de diverses expériences, dont les permanences d’accueil et de défense des droits (CAP : Conséquences de l'application du protocole Unedic et Précarité) qui se déroulent à la coordination des intermittents et précaires et une enquête collective en cours sur les pratiques sociales, le travail, l'emploi et les droits sociaux dans un contexte de précarisation (cette recherche est soutenue par le Picri). Ces activités font elles-aussi apparaître la spécificité de relations de pouvoir qui s'exercent non seulement depuis le surplomb de la souveraineté (la loi) mais également dans la trame même de l'existence.
Décrire le fonctionnement et la logique du gouvernement des conduites suppose d’interroger à la fois les modalités d’assujettissement et les usages que chômeurs, précaires et salariés font de ces dispositifs. Comment les « usagers » utilisent-ils les revenus et les droits ? Quels processus de fuite, de détournement et de résistance (les « contre-conduites » évoquées par Foucault) peuvent s'opérer dans une société structurée par l'individualisation ? Quel type de rapport à soi est susceptible de permettre une transformation de la subjectivité ? Comment inverser ou détourner des relations de pouvoir qui visent à assujettir, qui imposent leurs « styles de vie » ?
Ce cycle de rencontres se composera de séances plénières mensuelles au cours desquels différents intervenants présenteront leurs activités et leurs recherches pour introduire à des échanges ainsi que d’ateliers ponctuels dévolus à un travail de groupe sur telle ou telle thématique.
Le programme qui suit reste indicatif ( les rdv de mars et avril sont encore incertains). Il sera précisé ultérieurement (voir l’agenda de la Cip en une du site cip-idf.org). L’actualité, des contributions de chercheurs et de collectifs, des conflits sociaux à venir, conduiront sans doute au fil de l’année à proposer d’autres rendez-vous que ceux indiqués ici. L'annonce des ateliers se fera au fur et à mesure de leur programmation.
Les séances de l'université ouverte ont lieu à 18h30, 14 quai de la charente, 75019, M° Corentin Cariou, ligne 7
- Jeudi 9 octobre 2008 : Suppression du RMI et instauration du RSA (revenu social d’activité), Nicolas Duvoux (sociologue)
- Mercredi 29 octobre 2008 : Le grand dégoût culturel, Alain Brossat, Mathilde Priolet et Aline Caillet
- Jeudi 20 novembre 2008 : Le concept d’usager, Mathieu Potte-Bonneville
- Jeudi 18 décembre 2008 : Restitution de travaux en atelier autour d'une lecture des techniques de gouvernement des pauvres et des précaires, telles qu’elles ressortent des récits recueillis dans le cadre de la recherche et de l'analyse de Foucault (In Sécurité, territoire, population, Gallimard, Seuil, Hautes Études, 2004)
- Jeudi 22 janvier 2009 : Le souci de soi comme stratégie de résistance, Michel Feher,
- Mercredi 18 février 2009 : Souci de soi, souci des autres, Liane Mozère
- Jeudi 19 mars 2009 : Vies ordinaires, vies précaires, Guillaume Le Blanc
- Jeudi 23 avril 2009 : analyse d’un corpus de 1000 lettres envoyées à Martin Hirsch, Haut commissaire aux solidarité actives contre la pauvreté du gouvernement, Jean-François Laé
- Jeudi 21 mai 2009 : Qu'est ce qu'une enquête collective ?
- Jeudi 25 juin 2009 : Séance de clôture, où en est-on ? Comment continuons-nous ?
Divers compte rendus de séances précédentes et matériaux sont disponibles à la rubrique université ouverte :
http://www.cip-idf.org/rubrique.php3?id_rubri...
Pour soutenir la coordination des intermittents et précaires, envoyez vos chèques (à l’ordre de AIP) à la CIP-IdF, 14-16, quai de la Charente 75019 Paris. Sur demande une attestation peut vous être fournie.
Cip-idf est la liste de débat de la Coordination des Intermittents et Précaires d'ile de france.
Source : message reçu sur la liste CIP IdF le 5 octobre 18h