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mercredi 14 novembre 2018 à 17h

2 parties : 1 2

Rassemblement avec le lycée Utrillo

Éducation prioritaire : pas des policiers, des éducateurs

Communiqué des personnels mobilisés du lycée Utrillo (Stains, 93) du 6/11

Nous, personnels du lycée Maurice Utrillo de Stains, avons exprimé à d'innombrables reprises au rectorat de Créteil les besoins pédagogiques de notre établissement où les élèves sont chaque année plus nombreux, alors que les moyens liés à l'éducation prioritaire au lycée ont progressivement disparu. Nous n'avons pas reçu de réponse. Nous avons en revanche constaté la création, sans la moindre concertation, d'un poste de proviseur-adjoint chargé de la sécurité, et attribué à un chef d'escadron de la gendarmerie en détachement.

Le choix de ce gendarme se veut une réponse aux événements violents survenus l'année dernière sur le parvis du lycée : mais aucune violence physique n'a eu lieu à l'intérieur de l'établissement. Ce choix n'est pas une réponse aux besoins des établissements d'éducation prioritaire. Ce choix n'est pas une réponse aux inquiétants symptômes du désengagement de l'État dans les quartiers populaires. Comme l'a récemment rappelé un rapport parlementaire, la Seine-Saint-Denis souffre d'un manque croissant de services publics, à commencer par le manque de policiers. Est-ce parce qu'il n'y a pas de commissariat dans la ville de Pierrefitte qu'il faut installer dans un lycée le bureau d'un gendarme ?

C'est quelques jours avant le détachement effectif de ce gendarme, que les ministres de l'Intérieur et de l'Éducation se sont déclarés favorables à la présence de policiers dans les établissements scolaires. Cette présence de policiers - armés ou non - s'est imposée dans le débat public. Dès lors, la prise de fonction de ce proviseur-adjoint fait figure d'expérimentation : nul doute que son exemple sera invoqué par les pouvoirs publics pour mettre en œuvre des dispositifs similaires dans de multiples établissements scolaires. L'importante couverture médiatique de notre grève entamée le 5 novembre prouve que cette mobilisation dépasse l'enjeu local. Nous sommes des professionnels de l'éducation : à notre sens, l'événement grave et exceptionnel de Créteil n'appelle pas le remplacement de nos missions éducatives par un encadrement sécuritaire, de même que le mouvement « Pas de vague » ne revendique pas l'irruption de policiers dans les établissements, mais des réponses appropriées de la part de personnels éducatifs.

Les compétences en matière de sécurité de ce proviseur-adjoint, interlocuteur de la préfecture, s'étendent aux établissements voisins : selon Libération qui rapporte les déclarations du rectorat, "En lien avec les autres chefs d'établissements du secteur, «il leur viendra en soutien grâce à ses compétences, liées à son expérience professionnelle passée. Il sera un interlocuteur absolument pertinent sur ces questions pour les autres lycées, mais aussi avec d'autres services de l'Etat comme la préfecture»". M. Wassenberg, DASEN de la Seine-Saint-Denis, a évoqué le territoire concerné comme « l'ouest du département ». Si ce proviseur-adjoint a son bureau au lycée Maurice Utrillo, les élèves et les équipes pédagogiques des établissements voisins sont tout autant concernés.

Notre refus et nos revendications concernent l'ensemble des habitants des quartiers populaires, au-delà des équipes pédagogiques de tous les établissements qui devraient relever de l'éducation prioritaire. Nous appelons toutes et tous à nous rejoindre, en particulier pour un rassemblement le mercredi 14 novembre, à 17h, sur le parvis de la basilique Saint-Denis.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/65343
Source : https://fr-fr.facebook.com/events/57337636645…
Source : message reçu sur Resistons rezo le 12 novembre 14h
Source : message reçu sur Resistons rezo le 6 novembre 18h
Source : https://www.sudeducation93.org/Communique-des…


Pétition

Des vrais moyens pour Utrillo

Lycée Utrillo en lutte

Aujourd'hui lundi 05 novembre 2018, un troisième proviseur adjoint a pris ses fonctions dans l'établissement. La décision de créer ce poste, en réponse aux événements violents de l'année scolaire dernière, a été prise sans la consultation de la communauté éducative de notre établissement. Nous avons alerté notre hiérarchie et le rectorat sur cette nomination qui ne correspond pas à nos besoins sans jamais obtenir de réponse de leur part. Face à cette absence totale de concertation et de reconnaissance de notre expertise professionnelle, nous avons unanimement décidé de nous mettre en grève.

Au matin du 5, une réunion avec la direction académiques des services de l'Education Nationale (DASEN) ne nous a ni convaincus, ni rassurés. Nous y avons appris :

  • Que c'est bien le passé de gendarme et son expertise dans le domaine sécuritaire qui a amené le rectorat à retenir sa candidature.
  • Que ce troisième personnel adjoint de direction n'a aucune compétence dans le domaine éducatif. Pour cette raison, il suivra une formation en alternance au cours des deux prochaines années.
  • Qu'une partie de sa mission de sécurité s'étendra « globalement à l'Ouest du département » sans que des limites territoriales précises ne nous soient communiquées. Il répondra directement au recteur pour cet aspect de son travail.
  • Que le restant de ses missions sera défini plus tard « au fur et à mesure des besoins ».

Face à cette nomination, nous répondons et demandons collectivement :

  • Nous, professionnels de l'éducation expérimentés, faisons remonter depuis des années à nos hiérarchies nos besoins sans que l'on soit écouté (CPE, infirmières, secrétaires, psychologues, personnels d'éducation et pédagogique, assistante sociale).
  • Nous rappelons que les violences n'ont pas lieu à l'intérieur de l'établissement mais à l'extérieur. La sécurité dans l'espace public doit être assurée par les forces de l'ordre et non pas depuis l'intérieur d'un établissement scolaire.
  • A plusieurs reprises, nous les avons interpellés sur le coût suscité par la création de ce poste, alors que nos besoins, cités plus haut, ne sont jamais pris en considération. Nous demandons que les moyens qui ont été alloués à la création de ce poste soient utilisés pour recruter des personnels éducatifs ou sociaux.

En décidant de créer ce poste, au mépris de toutes les demandes formulées par la communauté éducative depuis des années, le ministère de l'Education nationale a fait un choix idéologique. Il a choisi de recruter un gendarme plutôt que des professionnels de l'éducation. Nous affirmons avec force que l'école a pour vocation de permettre l'émancipation de nos élèves. Il appartient à l'Etat de s'assurer que tous les enfants disposent d'un même droit à l'éducation. Les droits fondamentaux de nos élèves sont bafoués au quotidien et la rupture d'égalité sur notre territoire n'est plus à démontrer.

Parce que nous n'accepterons jamais la présence de policiers dans nos établissements Parce que nous nous battrons toujours pour que l'éducation prime sur la répression Nous invitons l'ensemble de la communauté éducative et citoyenne à nous rejoindre dans ce combat qui est l'affaire de tous, par les moyens qu'ils jugent appropriés.

Si vous souhaitez soutenir financièrement le mouvement, vous pouvez faire un don à la caisse de grève :
Lien vers la caisse de grève.

Le personnel militant du lycée Maurice Utrillo, Stains.

Source : https://www.change.org/p/jean-michel-blanquer…