vendredi 22 juin 2018 à 20h30
Projection débat « Libre »
https://paris.demosphere.net/rv/62033
Avant-1ère en présence de Cédric Herrou, agriculteur provençal, et militant génialement récidiviste dans la solidarité aux migrants.
Libre
Documentaire de Michel TOESCA - France 2018 1h40mn - avec l'incroyable Cédric Herrou et tous les résistants de la Roya Citoyenne... Sélection en séance spéciale au Festival de Cannes 2018.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, le festival de Cannes n'a pas commencé et déjà nous nous esbaudissons, nous trépignons d'impatience à l'idée de cette séance qui fera symboliquement date dans l'histoire du festival, et qui s'annonce jubilatoire, touchante et surtout éminemment politique, rappelant s'il en était besoin, que derrière le glamour, les tapis rouges, les stars futiles d'un jour, les fêtes dispendieuses, les tractations dérisoires pour tel film survendu, le festival sait aussi se faire acteur du débat citoyen, une caisse de résonance des luttes face aux pouvoirs dominants. Imaginez à Cannes, la vitrine d'un département totalement contrôlé par la droite la plus réactionnaire et la plus rance, celle du pilote de moto rentré en politique Estrosi, et du tout petit par la taille et l'esprit Eric Ciotti, cette droite qui fait la course à l'échalote des préjugés racistes avec le Front National : leur pire cauchemar va monter les marches avec tous les honneurs.
Le cauchemar en question, c'est un simple paysan producteur d'olives, Cédric Herrou, qui ne se voyait pas vraiment délinquant multirécidiviste et abonné aux tribunaux, un homme qui avait simplement accroché au cœur un sens inébranlable de la solidarité. Il se trouve que sa vallée et son village de Breil sur Roya, autrefois totalement inconnus du grand public, accrochés à la frontière italienne et bien loin des fastes de la Côte d'Azur pourtant voisine, est un des passages empruntés par les migrants venant d'Italie en quête de vie meilleure. Cédric Herrou commence à en aider quelques uns, leur offrant une étape sur leur long périple. Le terrain est grand, ils sont de plus en plus nombreux, puis comme il faut aller vers les grandes villes pour faire les démarches administratives, il les aide aussi à voyager massivement par train vers Nice ou Marseille. Depuis, comme nombre de ses compagnons et bien qu'en principe le délit de solidarité n'existe pas, il est poursuivi par la justice. Mais alors que certains renoncent quand les premières amendes ou gardes à vue tombent, lui ne se laisse pas intimider, galvanisé par des soutiens toujours plus importants (tiens on voit l'ami dessinateur Edmond Baudoin, figure de la gauche niçoise) et une reconnaissance médiatique dont il se serait bien passé parfois, allant jusqu'à un article du New York Times.
Le réalisateur Michel Toesca est juste un ami et voisin, qui a quitté Paris pour son petit coin de paradis, et face aux aventures et déboires de son ami, il a décidé depuis deux ans de le suivre et de raconter ses luttes en toute simplicité. Et c'est juste drôle, galvanisant, ça vous emporte le cœur et vous fait dire que tout, malgré la justice toujours du même côté, les politiques de plus en plus contaminés par les idées d'extrême droite, tout est néanmoins encore possible.
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/62033
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index…