thème : sans-papiers
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mardi 24 juin 2008 à 18h

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Rassemblement au centre de Rétention de Vincennes

le MRAP, l'UTIT , la FTCR appellent à un rassemblement

Après la mort d'un Tunisien de 40 ans au Centre de Rétention de Vincennes samedi 21 juin, le MRAP exprime son émotion face aux informations extrêmement graves qui lui parviennent sur l'incendie qui embrase le CRV et aurait fait plusieurs blessés.

Solidaire de l'expression de la révolte des Sans papiers ainsi que de tous ceux qui estiment que les Centres de Rétention représentent une honte pour la République, le MRAP, la FTCR et l'UTIT appellent à un rassemblement devant le Centre de Rétention de Vincennes mardi 24 juin à 18h.

Ils appellent l'ensemble des organisations qui refusent la politique de criminalisation de l'immigration ainsi que l'immonde obsession du chiffre du Ministre de l'Intérieur - dont les événements de Vincennes sont une des conséquences - à se joindre à ce rassemblement.

un autre rassemblement est aussi prévu la veille (lundi 23)

Source : liste de diffusion zpajol, reçu le 22 juin 23h
Source : http://www.mrap.fr/communiques/vincen/view


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Les images de l'incendie au centre de rétention de Vincennes

Par Rue89
Voir les vidéos sur: http://www.rue89.com/2008/06/22/les-images-de...

Notre reporter Zineb Dryef a filmé l'incendie qui a entièrement détruit le centre et les violences qui s'en sont suivi.

L'incendie du centre de rétention de Vincennes (Zineb Dryef/Rue89)Après la mort d'un sans-papiers samedi soir au centre de rétention administrative de Vincennes, un incendie probablement d'origine criminelle a ravagé ce dimanche le plus grand CRA de France, où sont détenus 280 étrangers en attente d'expulsion. Des affrontements ont également opposé soutiens des sans-papiers et forces de l'ordre devant le centre.

Grosse tension dès l'arrivée des manifestants

Après l'annonce du décès, des militants de différents collectifs de soutien aux sans-papiers s'étaient donné rendez-vous ce dimanche devant le CRA de Vincennes. A 15h00, les manifestants affluent. Venus en voiture ou en RER, ils cherchent un accès au CRA. La veille, une quinzaine de militants s'étaient fait refouler. La police a installé des barrières aux alentours du centre mais les laisse passer. A une cinquantaine de mètres du bâtiment, on entend des cris. Devant, des proches de sans-papiers retenus attendent. Ils confirment que les bruits venaient de l'intérieur.

Une jeune femme a pu y entrer. Elle a rendu visite à son fiancé en tout début d'après-midi mais n'a rien noté de particulier. Il ne lui a pas trop parlé du mort qu'il ne connaissait pas très bien. Certains sont inquiets: "On nous a dit que l'attente pouvait durer quatre heures, on ne sait pas ce qui se passe." La situation est plus que tendue. Les policiers courent, la grille s'ouvre régulièrement pour laisser entrer des voitures et la foule reste silencieuse. Plus loin, une cinquantaine de militants scandent des "assassins! assassins!" à destination des policiers.

Soudain, une grosse fumée noire sort de la fenêtre de l'un des bâtiments où sont enfermés les sans-papiers. Les policiers tentent d'abord de l'éteindre à l'extincteur. En vain. Très rapidement, les flammes dégradent la fenêtre et le feu prend sur le toit. La situation se fait rapidement confuse: le feu prend dans les deux centres et dans l'unité appartenant à la police cynophile. Un policier dit s'inquiéter pour ses bêtes. En moins de deux heures, la quasi totalité du CRA est détruite. (Voir la vidéo)

Un peu plus tard, la Préfecture de Police de Paris déclare que l'incendie est volontaire, mais qu'il n'a fait aucun blessé grave. Une vingtaine de blessés légers, intoxiqués par les inhalations, auraient été évacués, la plupart vers l'Hôtel-Dieu. Toujours selon la Préfecture, une cinquantaine de retenus auraient réussi à s'enfuir. La Cimade, elle, n'en dénombrait qu'une trentaine. Les autres, soit environ 150 personnes, ont été rassemblés dans la cour d'un des bâtiments:

"Ils nous ont d’abord transféré dans un gymnase, mais celui-ci a très vite été envahi par la fumée, expliquait dans l'après-midi un ressortissant africain au site de Libération. Désormais nous attendons dans la cour toujours dans la fumée et les odeurs de gaz lacrymogène."

Des affrontements ont également opposé des manifestants aux policiers. A plusieurs reprises, alors qu'ils tentaient d'obtenir des informations sur la situation des personnes à l'intérieur du centre, les manifestants ont été pris d'assaut par la police. Les gaz lacrymogènes ont été largement utilisés pour repousser la foule. Aux provocations des uns répondait la matraque des autres. (Voir la vidéo)

Un décès à l'origine de nouvelles tensions

La veille au soir, un Tunisien de 41 ans sous le coup d'une interdiction définitive du territoire français avait trouvé la mort à l'intérieur du centre. Une crise cardiaque selon l'autopsie qui a été réalisée ce dimanche et dont les résultats ont éte communiqués par la Préfecture:

"Tant les premières constatations médicales que l'autopsie, réalisée dans le cadre de l'enquête en cours menée par la police judiciaire, écartent la présence de traces anormales. [...] L'homme se trouvait seul dans sa chambre au moment du décès."

A en croire Julie Chansel, de la Cimade, seule association autorisée à pénétrer en rétention et dont des représentants étaient à l'intérieur samedi soir, "un certain calme" régnait jusqu'à l'annonce du décès. Les retenus étaient toujours autorisés à déambuler dans la cour de promenade. Toutefois, souligne la porte-parole de l'ONG, la tension n'a fait qu'enfler après le décès, qui serait bien à l'origine de troubles qui ne surprennent pas la militante:

"Depuis six mois, on alerte Préfecture de police et ministère de l'Immigration... en vain. Leur surdité les rend responsable de ce qu'il s'est passé. Cette façon de faire la sourde oreille est alarmante, alors qu'un incendie avait déjà eu lieu au même endroit, début 2007."

La situation s'est considérablement dégradée, du point de vue de la Cimade et des parlementaires, depuis l'intensification des cadences des expulsions. Le 3 janvier, Rue89 réalisait déjà un reportage devant le centre de rétention de Vincennes, où élus, étrangers et militants des droits de l'homme étaient venus dénoncer la hausse du nombre de détenus et leurs conditions de rétention. (Voir l'interview du sénateur PS David Assouline en vidéo)

Début février, un nouveau cap avait été franchi avec l'utilisation par la police de pistolets Taser lors d'affrontements avec les retenus.

Une cellule de crise à la Préfecture

Dimanche, plusieurs parlementaires, dont beaucoup d'élus PCF à la suite de Jean-Pierre Brard, sénateur de Seine-saint-Denis, et David Assouline, sénateur PS de Paris, sont les premiers à avoir pu pénétrer sur place une fois le feu éteint, comme le raconte sur le site des Verts le sénateur Jean Desessard:

Les élus auraient obtenu qu'on distribue de l'eau aux retenus rassemblés dans la cour, selon Richard Moyon, l'un des porte-paroles de RESF, que nous avons pu joindre alors qu'il se trouvait devant les grilles du CRA. Peu avant 20 heures, les parlementaires s'adressaient à la foule qui manifestait toujours à proximité du centre. Les parlementaires ont raconté au public mobilisé qu'ils avaient exigé de participer à la cellule de crise mise en place par le préfet de police et le directeur de cabinet de Brice Hortefeux. Rendez-vous était pris à 22 heures, dimanche soir.

Peu avant 22 heures, la Cimade annonçait à Rue89 que les femmes, qui sont toutes rassemblées d'ordinaire dans le CRA de l'Ile de la Cité, dans le centre de Paris, seraient déplacées au CRA de Plaisir afin d'héberger à la Cité une partie des retenus des centres incendiés. 102 retenus devaient par ailleurs gagner Nîmes dans la nuit. On ignorait toutefois où était le dossier de ces retenus et si leurs familles pourraient être prévenues.

Arnaud Aubron, Zineb Dryef et Chloé Leprince

Modifié le 22/06/2008 à 21h20 après l'annonce du résultat de l'autopsie par la Préfecture.

Mis à jour le 22/06/2008 à 21h47 après les dernières informations transmises par la Préfecture de police sur les blessés et les évasions, et par la Cimade sur le transfert des retenus vers d'autres centres.

Source : http://www.rue89.com/2008/06/22/les-images-de...


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Témoignage des détenus sur la mort du Tunisien et la répression

Ce témoignage de retenus a été retranscrit hier, suite à une communication téléphonique avant la rebellion au cra 1 et 2. Il montre dans quelles "conditions" le Tunisien est mort, et avec quelle "violence" les retenus ont pu le vivre. l'Etat aura beau s'acharner à affirmer que ce sont les manifestants à l'extérieur qui sont responsables des évènements d'hier, il n'arrivera pas à supprimer la légitimité des révoltes des retenus face à l'injustice de leur enfermement.

Fermeture de tous les centres de rétention.

22 juin 2008, un retenu est mort hier au centre de rétention de Vincennes n°2.

Un retenu témoigne:

« Le monsieur qui est mort hier dans le centre n'était pas cardiaque. Avant de rentrer au centre il prenait déjà des médicaments tous les jours, il avait une ordonnance du médecin. Il était dans un état psychiatrique, il disait qu'il voulait à l'hôpital psychiatrique. Il demandait des médicaments et on voulait pas lui en donner, l'infirmière lui donnait pas sa dose, il demandait à d'autres retenus d'aller à l'infirmerie pour demander sa dose. Si le médecin lui avait donné sa dose il serait encore parmi nous aujourd'hui.

La veille du jour où il est mort, il tremblait beaucoup, il savait pas pourquoi, il se sentait malade. Peu de temps avant de mourir, il a décidé de faire une sieste et a demandé à son copain russe de le réveiller pour qu'il puisse aller à l'infirmerie qui ouvre à 15h. Son copain est venu une première fois, il a essayé de le réveiller, son visage était tourné vers le mur, on voyait pas très bien. Il a cru qu'il dormait profondément et il a préféré le laisser dormir. Dix minutes après il est revenu, ça s'est passé pareil. Du coup il est allé cherché un autre retenu, et tous les deux ils ont essayé de le réveiller, ils lui ont tourné la tête, il avait du sang sur le nez et la bouche, il était bleu turquoise, il était tout dur, tout raide, froid.

Ils ont crié au secours, tout le monde est venu. La police a essayé d'évacuer le lieu, les retenus exigeaient de savoir ce qui se passait. Panique totale. Les policiers ont demandé des renforts, ils sont venus avec des boucliers, ils ont tapé les gens dans le couloir, nous on a pas pas répondu (de toute façon ya pas de pierres dans le couloir avec lesquelles on aurait pu répondre), on a quand même été gazé. J'étais devant la porte, j'ai pris le gaz dans les yeux. Le chef de permanence a aussi pris le gaz en plein visage. Il était tout rouge. Alors la police a bloqué toutes les allées pour empêcher d'accéder aux chambres. Ils ont bloqué les portes coupe feu, ils ont essayé de faire une barricade. Les CRS étaient dans la cour. J'ai demandé à parler au chef avec des camarades Ils ont autorisé 4 personnes à aller voir le chef. On lui a dit « On veut en savoir un peu plus sur l'état du retenu pour pouvoir calmer la population ». Le chef nous emmené dans le réfectoire pour discuter, il nous a dit « la priorité c'est de s'occuper du retenu qui va pas bien » Il a promis de nous informer.

Deux heures après, toujours rien. Les gens se sont alors agités près de la porte n°1, un retenu s'agitait plus que les autres, les policiers nous ont chargé mais ils avaient une cible, ils ont pris le retenu agité et ils sont rentrés avec lui.

J'ai encore parlé au chef : « vous envenimez la situation au lieu de la calmer, il faut relâcher le retenu pour calmer la situation » le chef a dit que comme il était agité on allait le mettre en isolement et si possible on le relâchera sain et sauf, il a promis de rien lui faire. J'ai promis au chef de calmer les autres. J'ai dit aux autres qu'il fallait pas tomber dans la provocation qu'il fallait se calmer. Celui en isolement a été relâché 2h après.

On a voulu avoir le nom du policier qui nous a gazé pour porter plainte contre lui mais ils n'ont pas voulu nous le donner. Au va et viens des policiers et des pompiers on a compris qu'ils n'avaient pas pu le sauver. J'ai demandé au chef permanent, il m'a dit que le monsieur était dans un état critique, mais qu'il était en vie. Il n'a pas voulu nous dire qu'il était mort pour ne pas avoir des représailles. Le chef de rétention (il était en civil) essayait de téléphoner mais comme il y a un problème de réseau dans le bâtiment, il est sorti dans la cour pour téléphoner. Je suis allé le voir, je lui demandé de m'accorder 2mn, il a dit oui. On voulait savoir l'état de santé du retenu, il m'a sorti le même refrain comme quoi son état était critique, mais qu'il était en vie. Je suis resté sceptique

Les deux camarades du mort ont été appelés pour faire un témoignage comme quoi quand il l'ont vu dans son lit il était déjà mort, raide. Les policiers préparaient déjà leur défense. C'est contradictoire parce que les policiers disaient toujours qu'il était vivant. Ils ont fait signer un procès verbal aux retenu comme quoi quand ils sont arrivés il était déjà mort.

De l'autre côté, du côté de la porte 3, la population s'est agitée, les policiers ont pris un retenu qui était très agité, la population s'est alors encore plus énervée, du coup la police a relâché le retenu. Quand ils ont sorti le retenu mort avec le samu et les pompiers, j'ai encore parlé avec le chef qui me disait encore qu'il était vivant. Et puis on nous a dit qu'il était mort à l'hôpital.

Un des deux retenus qui a découvert sont camarade mort a parlé avec un policier, même lui a reconnu qu'il était mort dans la chambre. Pourtant, depuis 16h, où on l'a retrouvé mort, jusqu'à 21h il est resté ici. Pendant tout ce temps en fait ils étaient en train de prendre des photos, de discuter avec le commissaire....

Et puis le centre a pris feu dans une chambre. C'est une chambre qui est près de la salle qu'on nous a réservée pour faire nos prières. C'était quand on savait que c'était fini pour lui. Les policiers ont éteint avec des extincteurs, les pompiers sont venus. Tout a brulé dans la chambre, les chinois qui dormaient dedans ont perdu tous leurs effets personnels. Les chambres 1 à 11 étaient bloquées, ça a brulé du coté de la chambre 20. Je ne sais pas s'il y a eu des représailles ou si on sait pas qui a mis le feu, moi j'étais de l'autre côté.

Aujourd'hui les policiers veulent pas parler de ce sujet, ce n'est pas les mêmes qui étaient là hier soir, ils ont changé d'équipe. J'ai parlé hier par téléphone avec un retenu du CRA1, ils ont manifesté aussi là bas leur mécontentement. »

Source : message reçu


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Vincennes, Mardi 24 juin : Rassemblement de soutien.

Vincennes : Rassemblement devant le centre de rétention

Mardi 24 juin à 18h (17h30 à la station de RER Joinville le Pont)

Après la mort d’un Tunisien de 40 ans au centre de rétention de Vincennes samedi 21 juin, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), l’Union des travailleurs immigrés tunisiens (UTIT) et la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) appellent à un rassemblement devant les ruines fumantes du centre de rétention de Vincennes mardi 24 juin à 18h.

L’ensemble des organisations qui refusent la politique de criminalisation de l’immigration ainsi que l’immonde obsession du chiffre du ministre de l’Intérieur dont les événements de Vincennes sont une des conséquences sont invitées à se joindre à ce rassemblement.

Source : http://www.alternativelibertaire.org/spip.php...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/6162