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mercredi 9 mai 2018 à 12h

Les grands Rendez-Vous #3

The White West

. La résurgence du fascisme comme force culturell

De 12h à 20h

Politique Art contemporain Avant-garde

La Colonie organise, le 9 mai 2018, sa troisième édition de ses grands rendez-vous. "The White West. La résurgence du fascisme comme force culturelle".

Nous vivons une époque paradoxale. Les organisations d'extrême droite sont en train de dicter l'agenda politique des démocraties occidentales : de Trump à Marine Le Pen, Matteo Salvini, l'AfD (Alternative für Deutschland) ou Geert Wilders, ces nouvelles figures profitent de la désaffection croissante pour la démocratie et se frayent un chemin entre les sentiments anti-système d'un côté, et le racisme et la misogynie déclarés de l'autre. Il s'agit pourtant de « fascistes sans fascisme », souvent dépourvus de mouvements de masse ou de véritable base politique, que l'on pourrait appeler post, néo, crypto ou proto-fascismes. D'où la question : la résurgence du fascisme en tant que discours politique parfaitement cohérent est-elle possible aujourd'hui ? Comment interpréter le lien entre l'esthétique et cette idéologie fascisante placée sous l'égide de la gouvernance néolibérale ?

Cette journée de discussion vise à interroger la résurgence du fascisme en tant que force politique et la pénétration de langages et figures d'extrême droite dans les domaines de l'art contemporain et de la communication visuelle. Il s'agit en même temps de cartographier les contre-stratégies, artistiques et politiques, qui émergent à gauche et dans les mouvements sociaux.

Un projet de la Colonie pensé par Kader Attia, Giovanna Zapperi et Ana Teixeira Pinto.

avec

  • Larne Abse Gogarty (historienne de l'art, post-doctorante à l'Université d'Humboldt)
  • Kader Attia (artiste)
  • Cramer Florian (maitre de conférences à la Willem de Kooning Academy)
  • Angela Dimitrakaki (historienne de l'art, Université d'Edinbourg)
  • Quinsy Gario (artiste)
  • Ferenc Gróf (artiste, graphiste, enseignant)
  • Sven Lütticken (historien de l'art, Vrije Universiteit, DAI)
  • Léopold Lambert (architecte)
  • Olivier Marboeuf (auteur, performeur, commissaire d'exposition indépendant et fondateur du centre d'art Espace Khiasma)
  • Pascale Obolo (cinéaste)
  • Matteo Pasquinelli (l'Université des Arts et du Design de Karlsruhe)
  • Natascha Sadr Haghighian
  • Ana Teixeira Pinto (écrivaine, théoricienne, Université de Künster)
  • Marina Vishmidt (écrivaine)
  • Giovanna Zapperi (historienne et critique d'art)

Programme

12h00 - Introduction

12h30 - 14h30 - Proto-Post Fascisme ?

Des mouvements comme l'alt-right et la néoreaction ont récemment bénéficié d'une certaine visibilité dans la culture mainstream, et tout particulièrement dans l'art contemporain. Si ces crypto-fascismes sont nés dans des cercles intellectuels, plutôt que dans des mouvements à proprement parler, ils se sont néanmoins hybridés avec l'extrême droite traditionnelle.

Le racisme, la misogynie et les positions identitaires sont devenus autant de points de convergence entre les discours de l'extrême droite et ce que l'on pourrait définir comme une nouvelle configuration de l'idéologie fasciste compatible avec la doctrine néolibérale. Dans le cadre de la neoreaction, ces caractéristiques s'accompagnent d'une forme spécifique de technophilie qui légitime le nihilisme et l'aggressivité masculine.

15h30 - 17h30 - Nécropolitiques.

Les « Trente Glorieuses » - souvent représentées comme l'âge d'or de la liberté et de la démocratie en Occident - se caractérisaient en réalité par l'oppression de genre et raciale dans la métropole, et par le violence coloniale dans les territoires d'outre-mer. La démocratie peut donc s'adapter à une dimension totalitaire : le même état administre la vie de certaines parties de la population de façon biopolitique, tandis qu'il impose à d'autres un régime nécropolitique qui réprime, anéantit, criminalise et, en fin de compte, laisse mourir les sujets.

Cette table ronde s'intéresse au croisement entre la nouvelle droite et ce régime nécropolitique mis en place par le néolibéralisme, ainsi qu'à l'héritage et/ou à l'actualisation des luttes des années 1960-1970.

18h00 - 20h00 - Contre-histoires.

La chute de l'Union Soviétique et la crise du projet communiste ont ouvert une crise de continuité pour la gauche mondiale. Comment trouver un nouveau vocabulaire politique capable d'unifier les luttes actuelles contre les forces conjointes du capitalisme et du colonialisme ? Comment contrer l'émergence d'une culture visuelle fascisante en passe d'envahir nos imaginaires collectifs ? Comment défaire la subjectivité néolibérale qui réduit la liberté à la libérté d'entreprise ? Ou, pour paraphraser Laurent Berlant, comment arrêter de vivre des vies qui ne marchent pas et réinventer ce que signifie le fait d'avoir une vie ?

Biographies

Larne Abse Gogarty est une historienne de l'art et critique. Elle post-doctorante à l'Université d'Humboldt au sein de la Terra Foundation for American Art à Berlin. Elle travaille actuellement sur son première livre, pré-titré The Art of Living: Social Practice and State Formation in American Art. [L'Art de Vivre : Pratiques sociales et Formation de l'Etat dans l'Art Américain]. Elle a récemment écrit sur la notion d'utilité dans l'art contemporain et en politique pour Third Text, et rédige un essai sur Mark Bradford pour le Zeitschrift für Kunstgeschichte.


Kader Attia est un artiste franco-algérien vivant entre Berlin et Alger. Ses recherches socioculturelles ont conduit Kader Attia à la notion de réparation, un concept qu'il a développé philosophiquement dans ses écrits et symboliquement dans son oeuvre d'artiste visuel. En 2016, Kader Attia a fondé La Colonie, un espace à Paris de partage d'idées, une agora dédiées à la refonte du lien social se concentrant sur la décolonisation non seulement des peuples mais aussi des connaissances, des attitudes et des pratiques. En 2016, Kader Attia a été récompensé par le Prix Marcel Duchamp, suivi du Prix de la Fondation Miró à Barcelone et du Yanghyun Art Prize à Séoul en 2017.
Florian Cramer est maitre de conférences à la Willem de Kooning Academy, Rotterdam, Pays-Bas. Il enseigne la culture visuelle du 21ème siècle.


Angela Dimitrakaki enseigne l'histoire et la théorie de l'art contemporain à l'Université d'Edinbourg. Ses recherches, empruntant aux théories marxistes et féministes, s'intéressent à la question du travail, de la globalisation et à la constitution des objets politiques. Son essai, 'The Ecstasies of Europe, or, Drinking with Fascists' [Les extases de l'Europe, ou trinquer avec des fascistes] fut publié dans The Berlin Quarterly 5 à l'automne 2016. En 2017, elle reçut un prix de l'Académie d'Athènes pour ses écrits de fiction publiés en grec. Elle travaille actuellement à la co-édition d'un numéro spécial de Third Text sur une théorie antifasciste de l'art, prévue pour 2019. Elle habite entre Edinbourgh et Athènes.


Quinsy Gario est un artiste performeur né à Curaçao et ayant grandi entre Saint Martin et les Pays-Bas. Dans son travail, il explore l'héritage du colonialisme dans la vie quotidienne et travaille actuellement sur des histoires décoloniales. Il est diplomé du master de recheche artistique de l'université d'Utrecht et participe régulièrement à la série de conférences Black Europe Body Politics. Il est chercheur associé à la BAK.


Ferenc Gróf est un artiste, graphiste et professeur basé à Paris. Il est un des membres fondateurs de la coopérative parisienne Société Réaliste (2004-2014). A travers des performances basées sur des textes, il aborde la question des représentations politiques contemporaines et celle du design idéologique.


Léopold Lambert est architecte basé à Paris. Il est éditeur en chef de la revue The Funambulist. Il est l'auteur de Weaponized Architecture: The Impossibility of Innocence (Dpr-barcelona, 2012) [Architecture Armée : de l'Impossibilité d'une Innocence], Topie Impitoyable: The Corporeal Politics of the Cloth, the Wall, and the Street (Punctum, 2016) [Topie Impitoyable : les Politiques corporelles du tissus, du mur et de la rue] et de La Politique du Bulldozer: La Ruine Palestinienne comme Projet Israélien (B2, 2016).

Sven Lütticken enseigne l'histoire de l'art à la Vrije Universiteit et la théorie de l'art à DAI. Il est l'auteur de Secret Publicity: Essays on Contemporary Art (2006) [Publicité secrète : Essais sur l'Art Contemporain], Idols of the Market: Modern Iconoclasm and the Fundamentalist Spectacle (2009) [Idoles du marché : l'Iconoclasme Moderne et le Spectacle Fondamentaliste], History in Motion: Time in the Age of the Moving Image (2013) [l'Histoire en Mouvement : le Temps à l'Age de l'Image Mouvante], et de Cultural Revolution: Aesthetic Practice after Autonomy (2017) [Révolution Culturelle : les Pratiques Esthétiques après l'Indépendance].

Olivier Marboeuf est auteur, performeur, commissaire d'exposition indépendant et fondateur du centre d'art Espace Khiasma (www.khiasma.net) qu'il dirige depuis 2004 aux Lilas (93). Il y a développé un programme centré sur des questions de représentations minoritaires qui associe expositions, projections, débats, performances et projets collaboratifs sur le territoire du Nord est parisien. Depuis 2017, Khiasma s'est transformé en une plateforme expérimentale qui s'intéresse aux manières collectives de faire lieu et qui anime un outil radiophonique, la R22 Tout-Monde (www.r22.fr) Il participe aujourd'hui à la maison de production Spectre Productions basée à Rennes (www.spectre-productions.com) et à la fabrique de diffusion et de recherche cinématographique, Phantom.

Pascale Obolo est une cinéaste et commissaire camerounaise basée à Paris. Elle est rédactrice en chef d'Afrikadaa. Ses derniers travaux questionnent les archives à travers la construction de récits historiques dans une perspective postcoloniale, autour des représentations visuelles et culturelles de l'histoire politique et économique. Elle dirige aussi l'African Art Book Fair (AABF), enseigne aux Beaux Arts de Quinper et fait partie de l'équipe de la programmation de La Colonie.
Matteo Pasquinelli enseigne la théorie des médias à l'Université des Arts et du Design de Karlsruhe. Il est l'éditeur de l'anthologie Alleys of Your Mind: Augmented Intelligence and Its Traumas [Les Chemins de votre Pensée : l'Intelligence Augmentée et ses Traumas] (Meson Press, 2015). Pour Verso Books, Il prépare actuellement une monographie (pré)titrée The Eye of the Master: Capital as Computation Cognition [L'Oeil du Maître: le Capital comme Calcul Cognitif]

Natascha Sadr Haghighian vous suggère de trouver toutes ses informations biographiques sur le site d'échange de CV bioswop.net, une plateforme qu'elle a crée comme une parodie des pratiques des CV.

Ana Teixeira Pinto est une écrivaine et théoricienne culturelle base à Berlin. Elle est maître de conférence à l'Université de Künster à Berlin et est chargée de recherche à la Leuphana University, Lüneburg.

Marina Vishmidt est une écrivaine, éditrice. Elle enseigne à Goldsmiths, à l'université de Londres et à au Dutch Art Institute. Elle publie et a publié dans des revues académiques et non-académiques sur les politiques économiques de l'art, sur la politique et la philosophie.

Giovanna Zapperi est une historienne et critique d'art basé à Paris. Elle enseigne l'histoire de l'art contemporain à l'Université de Tours. Elle explore, dans son travail, les liens entre la critique d'art, la culture visuelle et le féminisme. Son dernier ouvrage : Carla Lonzi. Un Art de la Vie sera publié cette année aux Presses du réel.

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Cet évènement s'inscrit dans une collaboration institutionnelle entre la Colonie et BAK, basis voor actuele kunst avec qui Kader Attia, Ana Teixeira Pinto et Giovanna Zapperi avaient organisé la conférence Propositions #4: Unpacking Aesthetics and the Far Right, le 17 mars 2018 à BAK, Utrecht.

Les membres de la BAK développeront par ailleurs un programme extensif de séminaires et d'ateliers à la Colonie entre les 7 et 11 mai 2018.

Photo : Tess Asplund défie une marche néo-nazi à Borlänge, Suède, en 2016.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/61199
Source : http://www.lacolonie.paris/agenda/the-white-w…