samedi 5 juillet 2008 à 18h
Pour une Union méditerranéenne des luttes pour la paix,
les libertés et la justice sociale !
https://paris.demosphere.net/rv/6106
Manifestation 14h20 Place Clichy
suivie d'un concert-meeting à 18h à la CIP
Loin d'être novatrice, l'Union pour la Méditerranée se place en réalité dans la droite ligne du processus de Barcelone lancé en novembre 1995 par l'UE, et est présentée par Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, comme « un"coup de jeune" du Processus de Barcelone ». Tous les pays de l'UE y sont invités ainsi que 12 Etats du Sud et de l'Est de la Méditerranée (Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël, Autorité palestinienne, Jordanie, Liban, Syrie et Turquie, l'Albanie et Mauritanie).
Inquiétant lorsque l'on connaît le contenu de ce processus et ses conséquences. Car si la « coopération » euro méditerranéenne a bien des finalités, elles sont d'une banalité peu surprenante . Economiques tout d'abord, avec la construction d'un espace de libre-échange et de libéralisation du marché d'ici 2010. Celle-ci se concrétise par des privatisations et dans la suite logique par la prise en main des entreprises par des groupes capitalistes du Nord . Une politique qui a bien entendu des conséquences sociales dramatiques : licenciements, augmentations des inégalités avec le développement de bourgeoisies locales quand les peuples restent dans la misère (difficultés d'accès aux droits fondamentaux - soins, travail, logement, éducation, etc.-, hausse des prix, etc.). Le ministère Français des affaires étrangères le dit très clairement sur son site Internet, au sujet des relations entre la France et le Maghreb : « Les pays du Maghreb (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie) [constituent] un marché et un partenaire économique : nous sommes le premier fournisseur de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc. L'ensemble du Maghreb ouvre de bonnes perspectives d'avenir : réformes, privatisations, grands chantiers et nouveaux marchés lié à la modernisation ».
Les enjeux sont aussi « sécuritaires », à travers notamment les prétendues luttes contre le terrorisme et la corruption. Inefficiente pour la seconde, car trop d'intérêts sont en jeux et que la corruption est érigée en véritable mode de gouvernance, elles sont utilisées comme argument pour jeter des militants, notamment des jeunes, en prison. En effet, les atteintes aux droits humains, la torture, la répression des opposants, le musellement des libertés d'associations et de presse, la mise en place de législations liberticides d'exception sont le lot quotidien des populations du sud de la Méditerranée. Et bien sûr, derrière le mot sécuritaire se profile le sujet de l'immigration. Parce que cet espace méditerranéen est aussi celui d'une maîtrise accrue, violente et meurtrière des migrations : moyens de contrôle et répression (notamment maritimes) renforcés, sous-traitance de la gestion des flux migratoires aux pays de premières frontières extérieures (Maroc, Algérie, Libye et Mauritanie notamment) pour empêcher l'arrivée sur le territoire européen des populations africaines. La libre circulation, c'est bon pour les capitaux et les patrons, pas pour les êtres humains, notamment les plus pauvres… Citons encore une fois le ministère français des Affaires étrangères : « Nous partageons avec ces pays une proximité culturelle et des enjeux communs : liens avec la France et avec l'UE, défi de la mondialisation, pression islamiste, pression migratoire (comme pays d'émigration et, de plus en plus, comme pays de transit), terrorisme (notamment comme cibles). »
Et toutes ses formes de répression sont également utilisées contre les mouvements sociaux : droit syndical bafoué, licenciement et même arrestation des militants (détenus du 1er Mai au Maroc, par exemple), bien loin du prétendu respect et renforcement des droits de l'homme que l'espace euro méditerranéen est censé développer et que le processus de Barcelone estime mettre en avant.
Enfin, cette nouvelle Union serait censée développer la paix… Mais sur quels fondements ? Sur celui du statu quo, comme cela semble être le cas jusqu'à présent, ou sur celui de la fin des colonialismes et des dominations de type impérialiste du Nord sur le Sud, d'Israël sur la Palestine, la Syrie et le Liban ; mais aussi entre pays du Sud, bref sur le respect des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes ?
Parce que cette « nouvelle union » est un outil au service des puissants et de leurs intérêts nous appelons à la construction d'une union méditerranéenne des peuples et des luttes pour :
le respect des droits humains et le développement des libertés fondamentales, notamment en terme de droit syndical et de libertés de presse, d'expression et d'organisation ;
la libération de tous les détenus d'opinion, l'arrêt de la torture la fin des régimes d'exception et de terreur et le droit de tout un chacun de pouvoir se défendre juridiquement ;
l'arrêt des politiques économiques de privatisation des services publics et d'attaque des droits sociaux des travailleurs ;
la libre circulation des personnes, la fermeture des lieux d'enfermement et l'annulation de tous les accords de lutte contre les migrations ;
la décolonisation effective, politique, sociale, culturelle et économique, du Nord envers le Sud mais également au sein du Sud lui-même ;
le respect de toutes les cultures.
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/6106
Source : http://www.protection-palestine.org/spip.php?...