jeudi 19 juin 2008 à 8h30
Tous dans l’action le 19 Juin pour la défense de la Recherche !
https://paris.demosphere.net/rv/6051
Le mardi 27 mai, les personnels de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche étaient près de 8 000, dont 5 000 à Paris, à manifester contre le démantèlement du service public de recherche et notamment du CNRS, sous prétexte d’adapter les organismes de recherche à la loi LRU. Malgré cette mobilisation massive et les manifestations de ces derniers jours lors de la venue de la Ministre dans les établissements, ni les annonces de Valérie Pécresse concernant le dépeçage du CNRS en Instituts, ni les décisions de découpage de l’Inserm n’ont été remises en cause par le gouvernement. La méthode et la logique utilisées rappellent celles de la loi LRU. C’est aussi dans les élections aux CA des universités que se mesure l’opposition de nombre d’universitaires à cette loi, à l’absence de création d’emplois de titulaires, à la politique gouvernementale de casse de la recherche publique.
Pour le CNRS, c’est LE bouleversement profond qui préfigure sa disparition et celle des autres EPST à terme. Sous la langue de bois du « décloisonnement » et les promesses de « maintien du périmètre », le statut décidé pour les sciences de la vie et les sciences informatiques est le prélude à un morcellement qui serait fatal à l’organisme. En fait, il s’agit de démanteler le CNRS, pour mieux assujettir la recherche publique, ce qui était déjà commencé avec la mise en place de l’ANR et de l’AERES. Le rôle du CNRS, organisme de recherche national et généraliste, doit rester l’exploration de tous les domaines de la connaissance en favorisant l’interdisciplinarité.
Même si Valérie Pécresse se veut rassurante, il apparaît déjà des menaces sur le statut des personnels, et rien ne dit que, pour l’avenir, les personnels de la recherche ne seraient pas mis sous la tutelle des présidents d’universités perdant ainsi leur mobilité thématique et géographique, ou versés dans les corps d’enseignants-chercheurs.
Depuis plusieurs mois, les « concertations » en cours avaient mobilisé la communauté universitaire et scientifique et le Conseil scientifique du CNRS du 14 mai avait fait des recommandations prenant le contre-pied des projets ministériels. L’autoritarisme de la restructuration des organismes de recherche va à l’encontre des propositions exprimées par la communauté scientifique et universitaire. Il faut créer les conditions d’une réflexion approfondie sur la synergie des universités et des organismes, sur la complémentarité des métiers de la recherche et de l’enseignement supérieur et sur les passerelles entre eux.
Les organisations signataires ne veulent pas d’un simulacre de consultation. Ensemble, nous formulons les exigences suivantes :
• le respect des missions de service public pour l’Enseignement Supérieur et la Recherche,
• une politique préservant tout le potentiel scientifique, et le rôle des universités et de l’ensemble des organismes comme opérateurs de recherche. (L'INRA, l'IRD, le CEMAGREF, l’INRIA, l’INRETS, l’INED ou le CEA sont forcément touchés par cette décomposition/recomposition du CNRS et de l'INSERM) ;
• un engagement de l’Etat à financer l’enseignement supérieur et la recherche aux niveaux requis : financement de base des laboratoires suffisant ; augmentation des crédits publics par étudiant ; abandon de la politique actuelle de financements via des concessions ou privatisations ;
• une politique d’emplois répondant aux besoins : remplacement de la totalité des départs à la retraite en 2009 ; plan de création d’emploi de 5000 postes statutaires par an, d’enseignants-chercheurs, de chercheurs, d’ingénieurs, de personnels techniques, administratifs et des bibliothèques, pour résorber la précarité, alléger les charges d’enseignement, développer la recherche ;
• une politique de personnels garantissant le respect des statuts, la reconnaissance des qualifications et l’attractivité des carrières ;
• un CNRS pluridisciplinaire, qui ne doit pas être démembré en instituts, garant de la liberté de recherche pour faire progresser les connaissances et satisfaire aux besoins de la population ;
• une politique de coopérations entre organismes et universités, avec maintien d’une pluralité des tutelles des UMR, et préservation du lien enseignement-recherche à tous les niveaux ;
• une révision négociée du cadre législatif universitaire visant à renforcer la collégialité et favoriser les coopérations plutôt que la concurrence entre établissements.
Nous voulons être entendus.
Nous voulons une vraie négociation.
C’est pourquoi nous appelons à bloquer le CA du CNRS le 19 juin 2008 à partir de 8h30 et à occuper les délégations régionales.
Un préavis de grève sera déposé.
Signataires : FSU (SNESUP – SNCS – SNASUB – SNEP – SNETAP) – CGT (SNTRS – FERC-Sup – CGT-INRA – UGICT) – UNSA (SUP’Recherche - SNPTES – A&I) – CDFT (SGENRecherche EPST – CFDT-INRA) – SOLIDAIRES (SUD-Education – SUD-Recherche EPST) - CFTC-INRA – SLR – SLU - UNEF
Source : message reçu le 10 jun
Source : liste réseau des bahuts, reçu le 9 jun
Source : http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?ar...
Source : http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?mot...
Le 19 juin 2008, bloquons le CA du CNRS
Nous avons eu connaissance du document intitulé "Point d’étape de la politique du CNRS sur les Instituts nationaux du CNRS", qui sera présenté par la direction du CNRS au Conseil Scientifique du 9 juin et au Conseil d’Administration du 19 juin. Ce texte confirme que la direction du CNRS accepte la demande ministérielle de découper le CNRS en Instituts Nationaux, en laissant volontairement de côté certains secteurs. Dans le document associé ("Horizon 2020", Plan stratégique du CNRS) la direction du CNRS accepte également que ce soit le ou la ministre chargé(e) de la recherche qui nomme les directeurs d’instituts, la direction du CNRS n’ayant que le droit de faire des propositions. Ce démantèlement du CNRS est un des éléments d’une attaque beaucoup plus générale qui porte sur l’ensemble des institutions de l’enseignement supérieur et de la recherche publique, et vise à placer tous les laboratoires, universitaires ou pas, sous la dépendance d’Agences ou d’Instituts pilotés directement par le gouvernement.
Le texte présenté au CS et au CA du CNRS traite du mode de découpage du CNRS. Il comprendrait 6 Instituts :
l’Institut National de Physique Nucléaire et de Physique des Particules (IN2P3) créé en 1971
l’Institut National des Sciences de l’Univers (INSU) créé en 1985.
l’Institut National des Mathématiques et de leurs Interfaces (INMI)
l’Institut National de Physique et Nanosciences (INPN).
l’Institut National de Chimie (INC).
l’Institut National d’Ecologie et Biodiversité (INE)
Selon ce texte, il faudra préciser d’ici fin 2008 le devenir du Département des Sciences du Vivant (SDV) au CNRS, compte tenu du fait que le CNRS ne crée pas d’Institut National de Biologie mais se contente d’une "participation du CNRS au copilotage des nouveaux "instituts thématiques" de l’INSERM". A l’évidence, afin de rendre cette évolution peu lisible et d’affaiblir ainsi les réactions, la direction du CNRS a accepté une disparition en deux temps (juin et décembre 2008) des SDV du CNRS.
Pour le département des Sciences et technologies de l’information et de l’ingénierie (ST2I) du CNRS et la coordination nationale en informatique, le ministère a demandé à la direction du CNRS de rester là aussi dans le vague et de s’entendre avec la direction de l’INRIA pour proposer ultérieurement une structure unique.
Pour les Sciences Humaines et Sociales (SHS), le ministère a imposé un recul à la direction du CNRS, qui avait négocié un Institut de SHS. Dans la nouvelle proposition, la stratégie est la même que pour les SDV : pas de création d’Institut en juin 2008. En version originale : "La légitimité potentielle de transformation du département actuel en un institut national des sciences humaines et sociales est forte. Une telle démarche demande cependant un travail supplémentaire de structuration de ce champ qui devra voir son aboutissement lors de l’établissement du contrat pluriannuel d’objectifs du CNRS." Cette formulation floue et dilatoire ne saurait nous tromper : l’objectif de la direction du CNRS est le même que pour le départements de SDV.
La direction du CNRS continue de céder aux injonctions ministérielles visant à mettre en place une restructuration du CNRS qui transforme cet organisme reconnu internationalement en une coquille vide, ayant perdu toute capacité de mener une politique scientifique cohérente et autonome. C’est la mort du CNRS, crime que le gouvernement cherche à dissimuler par un discours affirmant qu’il marque ainsi sa confiance dans cet organisme et que ce découpage renforcera la cohésion et l’efficacité du CNRS !
Nous sommes décidés à empêcher ce processus de destruction, d’abord en bloquant la tenue du CA du 19 juin, seul habilité, aujourd’hui, à décider de cette restructuration. Une grève administrative qui paralysera le système sera déclenchée immédiatement si cette restructuration devait être décidée le 19 juin ou effectuée à la sauvette cet été. Cette grève pourra prendre des formes multiples : refus des directeurs d’unité de signer des documents administratifs, refus de remettre des rapports scientifiques ou financiers, refus de participer à des commissions d’évaluation pour l’AERES, etc…. Nous ferons également appel à ce moyen de pression, utilisé avec succès en 2004, pour faire aboutir des demandes vitales pour notre système d’enseignement et de recherche en matière d’emploi statutaire et de plan d’urgence pour toutes les universités, et non un nombre limité de campus. Ces questions deviendront en effet brûlantes lors de la sortie des décrets refondant les statuts des enseignants-chercheurs et au moment du vote des budgets, à l’automne, sur les quels nous avons des informations inquiétantes.