thème : répression
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vendredi 23 juin 2017 à 13h30

2 parties : 1 2

Solidarités et luttes pour la liberté de circulation

sabotons la machine à expulser

Le 23 juin 2017 se tient le procès de 4 personnes accusé-es de collage d'affiches et de tags contre des entreprises collaboratrices de la machine à expulser les sans-papiers ainsi que de refus de prise d'ADN. Ces actes qualifiés de « dégradations » ont été accomplis en 2010 dans le cadre de la solidarité avec dix sans-papiers accusés d'avoir brûlé le centre de rétention de Vincennes le 22 juin 2008, suite à la mort d'un retenu, Salem Souli.

Au cours de ces 7 ans de procédure, de nombreux camarades ont subi l'enfermement, le contrôle judiciaire et le harcèlement policier.

Depuis que le contrôle des flux migratoires existe, des gens se sont toujours organisé-es pour lutter contre. Ces luttes ont pris des formes multiples. Elles se sont attaquées à divers aspects de l'exploitation :

  • Mouvement des habitants des foyers Sonacotra,
  • Comités contre la double peine,
  • Sans-papiers de Saint Bernard...

Dans les années 2000, alors que la chasse aux personnes sans papiers s'intensifie, les résistances se diversifient :

  • grèves et occupations des lieux de travail par les sans-papiers,
  • actions dans les aéroports pour s'opposer physiquement aux expulsions,
  • numéros d'urgence et chaînes téléphoniques pour alerter et empêcher les rafles dans la rue,
  • réseaux d'entraide autour des écoles
  • actions contre les entreprises qui collaborent aux expulsions et à la construction de centres de rétention (Bouygues, Air France, Accor…), occupations de chantiers...
  • actions contre les entreprises qui dénoncent les sans papiers (la poste, les banques...) :
  • manifs sauvages et attaques directes allant de l'affiche au tag ou à la destruction matérielle...

Dans ce contexte de nombreux mouvements de révolte se multiplient dans les CRA (centre de rétention administratif) du Mesnil-Amelot et de Vincennes et sont relayés à l'extérieur grâce à des témoignages recueillis par téléphone et largement diffusés.

Des manifestations de soutien ont régulièrement lieu devant les centres de rétention. Cette mobilisation autour de la question de la liberté de circulation explique le niveau de répression mis en œuvre à l'époque.

Aujourd'hui, 7 ans après, ce procès nous donne l'occasion de faire le point sur l'état des luttes de solidarité avec les sans-papiers.

En France comme ailleurs, le harcèlement policier sur les personnes sans papiers est quotidien : interdiction de distribuer de la nourriture, destruction des habitats et des papiers, gazages dans les queues devant les administrations, tabassages, rafles aux abords des campements, dans les trains et les gares, violences à toutes les zones frontalières… Les violences sont également commises dans les centres d'hébergement : manque de nourriture, répression féroce de toutes protestations...

Mais face à ces dispositifs qui empêchent les gens de circuler et de s'installer, d'autres formes de solidarités se diffusent et s'organisent. Là encore, l'État sort les crocs. Aider une personne à passer une frontière est systématiquement criminalisé. Alors que les attentats servent de prétexte à une intensification de la guerre menée contre les « migrants », le « passeur » est, quand à lui, érigé comme « la » nouvelle figure du mal.

Ces derniers temps, les procès et les condamnations de personnes accusées « d'aide à l'entrée sur le territoire français » ou « d'aide au séjour irrégulier » se sont multipliés. Lorsque celles-ci sont dans des réseaux de solidarité qui donnent lieu à des mobilisations, les peines prononcées sont en-deçà de ce que prévoit la loi. La prison ferme est rarement appliquée.

Ce n'est pas le cas lorsque les personnes sont migrantes et isolées.

Début juin 2016, Kim Le, un jeune vietnamien qui essayait lui même de gagner l'Angleterre, s'est suicidé en prison : il y était enfermé depuis plusieurs mois, accusé avec d'autres, « d'aide au séjour irrégulier ». Des dizaines voire des centaines de personnes croupissent dans les geôles pour des affaires similaires.

Pour nous, ce sont les politiques migratoires qui sont responsables de la mort de milliers de gens chaque année. C'est contre elles et les États qu'il faut s'organiser.

Dans cette perspective, la solidarité avec celles et ceux qui aident les personnes « migrantes » ou sans papiers nous semble être une base minimale.

Nous appelons donc à une présence solidaire au TGI de Paris Vendredi 23 juin à 13h30 12ème Chambre (ATTENTION à la longue, longue file d'attente à l'entrée du tribunal)

Mais aussi, lors de tous les procès contre des personnes accusées « d'aide à l'entrée d'étrangers en situation irrégulière » et à chaque initiative de luttes autour de cette question.

  • Lundi 19 juin au TGI d'Aix en Provence Pierre-Alain jugé en appel pour « aide à l'entrée d'étrangers en situation irrégulière »
  • Vendredi 23 juin au TGI de Nice rendu du procès de 4 retraités de la valle de la Roya accusés d'avoir aidé 6 migrants
  • Lundi 26 juin au TGI d'Aix en Provence Cédric jugé en appel pour « aide à l'entrée d'étrangers en situation irrégulière »
  • Mardi 27 juin à 8h30 au TGI de Boulogne-sur-Mer où plusieurs personnes sont mises en examen pour « aide à l' entrée, à la circulation et au séjour irrégulier d' étrangers en France »
  • Vendredi 13 juillet au TGI de Paris procès de Nico arrêté lors d'une manifestation spontanée contre une rafle sur un campement.

fermexeturetenextion@risexeup.net

Rendez-vous

Le vendredi 23 juin 2017 à 13h30
TGI de Paris, 12ème Chambre
4 Bld du Palais, 75001 Paris.

Attention à la longue, longue file d'attente à l'entrée du tribunal.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/55536
Source : message reçu le 17 juin 13h
Source : http://www.ujfp.org/spip.php?article5699


Affaire « Machine à expulser »

: Après plus de sept ans d'instruction, quatre personnes passent en procès

Après sept ans et demi d'instruction, des milliers de pages de dossier, une quinzaine de personnes perquisitionnées, arrêtées, filaturées, écoutées, filmées, mises en examen, incarcérées, assignées à résidence, maintenues sous des contrôles judiciaires variés pendant plus de sept ans, l'État et la justice ne passeront finalement que quatre personnes en procès, le 23 juin 2017 à Paris. Les chefs d'inculpations les plus graves n'auront servi qu'à justifier l'intensité de la répression puisqu'ils sont tous tombés, laissant place à des accusations plus limitées (tags, dégradations légères, refus de prélèvement ADN et signalétique, etc.). A cette occasion, soyons nombreux pour exprimer notre solidarité contre les frontières et contre toutes formes d'enfermement, dans le refus des catégories du pouvoir comme « innocent » et « coupable », dans le refus de la Justice.

Juin 2008, cela fait un moment déjà qu'éclatent au CRA de Vincennes grèves de la faim, affrontements avec les flics et séquences de lutte d'intensités variables, lorsque Salem Souli meurt d'une crise cardiaque. Le 22 juin 2008, le lendemain, une mutinerie générale éclate au CRA, il est entièrement réduit en cendres et les sans papiers sont évacués. Dix seront inculpés dans un procès couru d'avance où ils prendront de 8 mois à 3 ans de prison ferme en première instance. En solidarité avec les inculpés, de très nombreuses initiatives offensives ont lieu dans toute la France (et ailleurs), parmi lesquelles de nombreux sabotages de DAB de banques qui balancent des sans-papiers aux flics. Deux vagues de perquisitions sont menées le 15 février et le 8 juin 2010 contre une dizaine de camarades et compagnons, parmi lesquels Dan, Olivier et Camille qui seront incarcérés en janvier 2011 entre une semaine et trois mois, puis François pendant une semaine.

L'importance de cette affaire, communément dite « de la Machine à Expulser » et diligentée en partie par la Section Anti Terroriste (SAT-PP) de la Brigade Criminelle, tient d'abord à l'ampleur des moyens judiciaires et policiers mis en œuvre sur la base d'un dossier consolidé afin de valider la construction par l'État d'une identité « anarcho-autonome francilienne » (la fameuse MAAF) et de maintenir les camarades et compagnons pendant des années sous la menace d'une instruction en cours et d'une surveillance accrue des services de renseignement. Mais son importance tient surtout aux dynamiques de luttes autonomes qu'il s'agissait de faire cesser en cherchant à rompre les liens qui se construisaient alors entre les luttes à l'intérieur et à l'extérieur des Centres de Rétention Administrative, et particulièrement celui de Vincennes, alors plus grande prison pour étrangers d'Europe. Comme dans d'autres affaires de ces dix dernières années en France (affaire dite « mauvaises intentions », affaire dite « de Chambéry », affaire dite « de Tarnac »), il s'est agit aussi pour l'État de parvenir à classifier nos luttes, nos attaques, et nos désirs derrière la dénomination utilitaire de « terrorisme » afin de constituer pour un temps un ennemi de l'intérieur isolé des autres formes de conflictualités sociales et à la merci, une fois catégorisé ainsi, des moyens de contrôle, de surveillance et de répression qui y sont associés.

Nous appelons, d'ores et déjà et minimalement, à une présence solidaire au procès qui se déroulera le 23 juin 2017 à 13h30 à la 12e chambre du tribunal de Grande instance de Paris (métro Cité - prévoir de l'avance), et nous appelons chacun et chacune à exprimer sa solidarité à sa manière, collectivement et/ou individuellement.

Ne nous laissons pas juger en silence
Liberté pour tous et toutes, avec ou sans papiers
Feu aux centre de rétention

(Une réunion publique sera annoncée d'ici peu et un dossier récapitulatif de l'affaire sera publié prochainement. Toute autre initiative est la bienvenue, notamment pour récolter de l'argent en vue du procès.)

Contact : paflexedab@disextruzioneex.org

PS : Depuis toutes ces années, les nombreuses personnes concernées de près ou de loin par cette affaire, qu'elles passent en jugement ou non, qu'elles soient mises en examen, relâchées sans suites, témoins assistées, participantes à ces luttes ou simplement solidaires, ont eu tout le temps de s'éparpiller géographiquement, politiquement, etc. Quelles que soient les raisons qui nous ont éloignés, il est désormais urgent que nous nous remettions en contact, l'adresse mail paflexedab@disextruzioneex.org a donc été créée à cette fin. Toutes celles et ceux qui veulent participer à l'organisation de mobilisations autour de ce procès, peuvent aussi s'y manifester. Il ne s'agit en aucun cas de centraliser la solidarité, mais de trouver pratiquement un moyen de remettre en route la mobilisation, dans l'urgence du calendrier de l'ennemi.

Source : message reçu le 28 mai 14h