thème : éducation
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mercredi 21 mai 2008 à 9h

Soutien à Maël
Tabassé, placé en garde à vue et inculpé lors d'une manif lycéenne.

Témoignage de Maël interpellé et inculpé de la manifestation lycéenne du jeudi 17 avril 2008

« Je suis venu à cette manif en solidarité avec les lycéens avec quelques potes étudiants à Nanterre.

Au bout d’une heure, en tête de cortège, on commence à voir des petits groupes de flics en civil qui surgissent et effectuent des petits raids. Ils attrapent des manifestants qui ne font pas la fête avec la FIDL et son SO rémunéré.  A côté d’un début de bagarre, il les tirent derrière les rangées de CRS, les CRS encerclent tout. Les flics en ‘mobiles’ brandissent des gazeuses, les utilisent pour se replier et se protéger d’éventuelles réactions.

On se prend plein de gaz lacrymo dans la gueule, leurs percées à répétition créent des mouvements de foule et de la tension.

5 minutes après, ils remettent ça, cette fois-ci je suis juste devant les flics et un d’entre eux tend sa bombe lacrymogène sous mes yeux. Pour éviter de goûter une nouvelle fois aux délices du gaz lacrymo, je me protège, je tente de lui faire tomber des mains sa bombe ou au moins de l’éloigner. Pour moi c’était un acte spontané et naturel.

De toute façon ça ne suffit pas. Je m’écarte rapidement et je sens que plusieurs personnes m’attrapent, me frappent et me crient « à terre ». En me retournant je vois le flic qui me menaçait avec sa gazeuse, il me porte un coup violent dans la cheville. Je leur dit « OK c’est bon » mais de toute évidence pour eux le compte n’y est pas : une pluie de coups de tonfas s’abattent sur mes jambes.4 flics me tiennent et me plaquent au sol en cognant ma tête sur le bitume. Sur le coup je sens plus des sensations vioves de brûlures que de la douleur prolongée. Ils me tordent un bras dans le dos et le flic qui m’écrase l’autre bras avec son genou sur le dos me gueule « donne ton bras ! ». Je lui dit « je ne peux pas respirer », il enfonce un peu plus son genou.

On m’amène derrière les rangées de CRS et je demande « pourquoi suis-je arrêté ? ». Un  flic en civil débarque et dit « c’est lui, il a essayé de me voler la gazeuse ». Moi « c’et n’importe quoi, je me protégeais ». Lui : « vous vous êtes mis an travers de la justice, vous ne connaissez rien de mes ordres ! ».

 Embarqué dans le camion on me signale que je suis placé en garde à vue (GAV). Il est environ 16h30. 24heures de déni de droits vont commencer.

Le fourgon va à Cité, on m’enferme dans une cellule du dépôt du TGI de Paris. Comme compagnons de cellule il y a trois sans-papiers et un lycéen accusé d’être monté sur une voiture.

Au bout d’un moment, on me demande si je veux un avocat ou un médecin. Je m’aperçois que je suis blessé, je demande le médecin. Je veux partir au plus vite pour l’avocat je me dit que ça va prolonger la GAV et j’ai surtout besoin d’être soigné. Le médecin vient et dit que je suis INAPTE à la Garde à vue. Il constate qu’il faut des points de suture à la cheville et des soins pour la jambe droite marquée à plusieurs endroits.

Malgré cette demande du médecin , je suis maintenu en GAV. Un agent vient me chercher pour une déposition, il a déjà écouté la déposition du flic en civil qui m’accuse et qui m’a attaqué, je vois qu’il tourne les questions en faveur de son collègue avec l’idée que j’ai voulu voler la lacrymo. Je donne ma version et l’agent me dit « on va t’amener à l’Institut médico-judiciaire ».

Faux. Je suis replacé en cellule vers 19h30 et on me laisse pourrir là avec une plaie ouverte jusqu’à 23h. Je me plains à plusieurs reprises. On finit par appeler les pompiers et sous escorte policière, ils m’emmènent à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu. Nouvelle attente de 3 à 4 heures aux urgences. Le médecin constate les coups, les contusions, les brûlures, fait une radio.

Malgré les déclarations des médecins sur mon état je suis replacé en cellule.

Le lendemain, je fais une seconde déposition ; Puis on me dit « tu vas faire une confrontation avec le policier qui t’a interpellé ». Lors de la confrontation le policier s’aperçoit que je suis blessé. Il change de version. Désormais il dit que j’ai essayé de prendre sa bombe lacrymogène avec violence. Ajout opportun et totalement faux. Quand on lui demande si il sait qui m’a donné des coups, il répond « Non, c’est une autre unité et je ne pourrais pas les reconnaître »…

Retour en cellule où je suis désormais seul ; On vient m’annoncer que je suis déféré. Je n’ai plus que l’idée de sortir de cette galère. A 16h, je passe devant le substitut du procureur qui présente l’intitulé de l’accusation : « TENTATIVE DE VOL AVEC VIOLENCE ,REBELLION », j’aurais « tenté de soustraire frauduleusement une bombe lacrymogène du Ministère de l’Intérieur » et « résisté avec violence à une personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions ».

Je suis convoqué en qualité de prévenu :

LE 21 MAI 2008 à 9H00 devant la 28ème chambre du TGI de Paris, 4 boulevard du Palais, 75001, PARIS (Métro Cité) »

Témoignage recueilli par l’AGEN (Association Générale des Etudiants de Nanterre)

UNITE CONTRE LA REPRESSION !

SOLIDARITE AVEC LES INCULPES !

TOUS AU TRIBUNAL LE  21 MAI !

Source : http://agen-nanterre.over-blog.com/article-18...
Source : http://paris.indymedia.org/breve.php3?id_brev...
Source : http://paris.indymedia.org/article.php3?id_ar...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/5518