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samedi 13 mai 2017 à 14h30

Balade, débat

« La commune n'est pas morte ! »

  • 14h30 balade au Pere-Lachaise autour de la Commune de Paris
    avec Jean-Manuel Traimond, guide professionnel de Paris
    Point de départ mairie du 20e, Place Gambetta
    Arrivée aux alentours de 17h30 librairie Quilombo
    PAF : 8 € (nombre de places limité à 30).
    Réservation obligatoire sur quilexombo@gloexbenet.orexg
  • 18h au cœur de la forêt cachée : quelques écrivains parisiens oubliés
    Discussion avec Michèle Riot-Sarcey, militante et professeur émérite d'histoire contemporaine et d'histoire du genre à l'université Paris-VIII-Saint-Denis, préfacière de Souvenirs d'une morte vivante, de Victorine Brocher (Libertalia, 2017) et auteure de Le procès de la liberté (La découverte, 2016).
    Quilombo, 23 rue Voltaire, 11e
  • 20h Lever de coude
    ➸ La Cascade, 57, avenue Philippe Auguste, 11e

Souvenirs d'une morte vivante

Une femme dans La Commune de 1871

Victorine Brocher

Préface et appareil critique de Michèle Riot-Sarcey

En 1909, Victorine Brocher décide de publier ses souvenirs de la Commune de Paris, elle est alors âgée de 71 ans. Elle s'adresse à Lucien Descaves, ami politique, heureux d'aider cette « fille du peuple » dont le sacrifice à la cause « Commune » est devenu légendaire parmi ses compagnons anarchistes. Cantinière, puis ambulancière d'un bataillon de fédérés, toujours aux avant-postes, elle fut condamnée à mort en 1871 par les Versaillais. Dans leur hâte, ils fusillèrent sur place, comme ils fusillèrent Varlin, une autre pétroleuse quelque peu ressemblante à celle qu'ils pourchassaient. « Morte vivante », comme elle se nomme, elle a échappé à la répression en s'exilant en Suisse. Mariée à l'artisan cordonnier Jean Rouchy, condamné le 14 février 1872 à deux ans de prison et dix ans de surveillance, elle ne le reverra plus. En 1887, elle épouse, à Lausanne, Gustave Brocher, libre-penseur.
Trente-huit ans après l'événement, Lucien Descaves accepte la proposition de Victorine Brocher afin de restituer la mémoire au peuple, victime de l'opprobre public entretenu par des écrivains de renom comme Maxime Du Camp ou Alexandre Dumas fils dont on connaît le trait ordurier : « Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour les femmes à qui elles ressemblent quand elles sont mortes. » La nécessité d'une réponse s'imposait d'autant plus, qu'au-delà de l'outrage, la légitimité d'un combat était en cause et la défense de la République en jeu.

République, le mot est au centre du récit de Victorine B. ; mot magique, mot sacré. À l'en croire, elle lui doit son existence ; il guiderait ses pas et fixerait son destin. Elle lui consacre ses Mémoires, car le passé républicain n'est pas unanimement reconnu ni définitivement établi. Objet de conflit, il est un enjeu d'autant plus important que l'institution repose sur un socle de ciment frais aux assises incertaines. Entre libéralisme et socialisme, la République donne l'impression d'osciller ; en tout cas, des républicains pensent possible d'infléchir son cours du côté de la justice sociale, à condition, toutefois, d'écrire son histoire au plus près du peuple combattant. La République sera-t-elle sociale ou libérale ? Question du moment, question récurrente, sans cesse ravivée par les antagonismes sociaux. Les communards se sont rangés du côté de la Sociale. Ils s'inscrivent en faux contre les Sand, Flaubert ou Zola qui accusent la Commune d'avoir compromis la République. Victorine B. soutient la thèse des représentants du peuple, celle d'Édouard Vaillant qui, en 1894, dans un discours prononcé à la Chambre des députés, érige la Commune en événement fondateur de la République :

« C'est grâce à la Commune que la République existe. S'il y a actuellement la République en France, c'est à la Commune que vous la devez. Mais la République n'est que nominale, et c'est nous les communeux, les socialistes, les révolutionnaires qui fonderont, dans sa vérité politique et sociale, cette république que nous avons sauvée en 1871. »

L'objectif est clairement défini, le récit autobiographique participe d'un projet collectif qui consiste à réinsérer l'épopée communarde dans l'histoire de la République.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/54325
Source : http://www.librairie-quilombo.org/souvenirs-d...