thème : sans-papiers
Réagir (0)EnvoyeriCalPartager

samedi 20 mai 2017 à 11h

Cercle de silence à Palaiseau

De nombreux Palaisiens ignorent l'existence à Palaiseau d'un centre de rétention pour étrangers. L'Observatoire Citoyen soutient ces personnes.

Il anime, chaque 3ème samedi du mois, de 11 à 12h, un cercle de silence pour faire entendre le cri des détenus. Ce Cercle est ouvert à tous. Vous pouvez le rejoindre à tout moment, quelle que soit la durée de votre participation.

La lutte contre les passeurs cache une guerre aux migrants

Depuis le 7 octobre, l'Union européenne va passer à la deuxième phase de l'opération navale qu'elle a engagée en Méditerranée (bientôt rebaptisée « Sophia ») après les terribles naufrages de boat people du mois d'avril, afin de « lutter contre les trafiquants et les passeurs en zone méditerranéenne ». […] Feu vert est désormais donné aux forces militaires des États membres pour « arraisonner, fouiller, saisir et dérouter les embarcations soupçonnées de servir à la traite humaine ». […] La guerre ainsi déclarée aux passeurs est-elle une réponse appropriée à ce qu'il est convenu d'appeler la « crise migratoire » que connaît l'Europe depuis de nombreux mois, et à ses conséquences meurtrières ? Près de 5 000 personnes ont trouvé la mort en tentant de rejoindre le territoire européen depuis janvier 2014, de l'ordre de 30 000 depuis vingt ans.


[…] Certes, le franchissement des frontières par des personnes dépourvues de documents est devenu un commerce rentable, qui a engendré la mise en place d'organisations criminelles dont les méthodes violentes et les tarifs justifient qu'on s'alarme. Mais le développement de ce commerce est proportionnel à celui du verrouillage des voies légales de passage auquel les pays européens s'emploient depuis une vingtaine d'années, en posant notamment des conditions drastiques à la délivrance de visas. Aujourd'hui, un Syrien qui sollicite, depuis le Liban ou la Turquie, un visa dans un consulat européen est considéré comme un « risque migratoire », et sa demande est rejetée […]. L'expérience le montre, les politiques migratoires fondées sur la fermeture n'empêchent pas les gens qui en ont besoin de franchir les frontières. En revanche, elles les poussent à emprunter des itinéraires plus longs, plus dangereux… et plus coûteux, donc à enrichir ceux qu'on prétend combattre. […] En combattant les trafiquants avec des moyens militaires visant à détruire les navires qu'ils affrètent, on fait courir de gros risques aux passagers qui sont à bord, pris en étau entre ceux qui les convoient et les forces d'intervention. Un document […] du Conseil européen datant de mai 2015 envisage explicitement les « risques de dommages collatéraux, incluant la perte de vies humaines » que pourrait entraîner une intervention armée en pleine mer. […]


Enfin, rien, dans le plan de l'opération Sophia, n'est dit du sort des personnes que la lutte contre les passeurs va empêcher de traverser la Méditerranée. En cas d'arraisonnement, seront-elles acheminées vers l'Europe et prises en charge ? Ou plus vraisemblablement, débarquées sur la côte libyenne d'où elles tentaient de partir, dans un pays connu pour les mauvais traitements (rafles, détention, racket) qu'y subissent les migrants ? À supposer que l'intervention militaire européenne mette, pour un temps, un frein à l'activité de passage par cette route maritime, quelles solutions pour les réfugiés désormais privés des moyens de rejoindre la terre d'asile à laquelle ils aspirent ? En prétendant faire la guerre aux passeurs sans prévoir d'alternatives pour ceux qui ont un impérieux besoin de rejoindre l'Europe, c'est contre les exilés et les migrants que les gouvernements de l'UE pointent leurs armes.
Claire Rodier, membre du GISTI et du réseau Migreurop (extraits)

Ce Cercle de silence existe car :

Nous dénonçons les traitements inhumains réservés aux migrants du seul fait qu'ils n'ont pas de papiers en règle.

Nous n'acceptons pas que soient prises en notre nom des dispositions qui brisent des vies humaines et font voler en éclat des couples et des familles.

Nous refusons les interpellations au faciès, l'enfermement et l'expulsion d'hommes, de femmes et même d'enfants.

Nous dénonçons les conditions de détention inhumaines dans les centres de rétention administrative et les zones d'attente des aéroports et, avant tout, leur existence.

Nous n'acceptons pas que la France refuse sa protection aux demandeurs d'asile qui sont exposés à de très graves dangers en cas de retour dans leur pays d'origine.

Nous dénonçons les obstacles administratifs qui contraignent des hommes, des femmes, des familles entières à vivre et à travailler dans la clandestinité et la peur, privés de tout projet et de conditions de vie simplement décentes.

Nous refusons cette chasse aux étrangers qui inflige aussi des traumatismes profonds à ceux qui en sont les témoins, à la société toute entière, aux enfants particulièrement.

Les atteintes à la dignité de quelques uns blessent tous les hommes dans leur humanité.

Nous voulons que la France redevienne un pays d'accueil, sans cesse enrichi et transformé par des êtres humains venus du monde entier.

Nous sommes solidaires des retenus du Centre de rétention de Palaiseau.

Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau

Des migrants arrivent sur l'île grecque de Lesbos, le 9 octobre, après avoir traversé la mer Egée. Dimitar Dilkoff / AFP

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/53608
Source: confirmation reçue le 3 mars 11h
Source : liste RESF91, reçu le 14 octobre 23h