jeudi 5 janvier 2017 à 17h
Séminaire Politiques des Sciences
Quelles entraves à l'indépendance de la presse
et au pluralisme ?
https://paris.demosphere.net/rv/52148
séance du 5 janvier 2017, 17h-20h
De nombreuses réalités structurelles encadrent et limitent la liberté d'informer, la plus visible restant la privatisation de la presse, qui se traduit par l'ingérence des actionnaires dans le contenu éditorial des titres, une ingérence pouvant aller jusqu'à la censure. Sous les radars, de nombreuses autres contraintes, plus sournoises, mettent à mal l'indépendance des médias et le pluralisme des idées. Au niveau local, les conflits d'intérêt, les chantages aux subventions (quand il s'agit d'associations), les pressions sur les sources (en particulier à l'encontre des citoyens fragilisés), la rétention d'information et les procès en diffamation verrouillent la parole et limitent l'accès des journalistes à l'information.
Et pour éviter toute sédition, le système médiatique exclut toutes celles et ceux qu'il ne peut assimiler. Le licenciement d'Aude Lancelin par les actionnaires est exemplaire du totalitarisme à l'oeuvre dans les médias, la soumission des pigistes et des rédacteurs précarisés n'est pas moins éclairante.
Devenir journaliste, c'est adhérer à un certain nombre de dogmes et de réflexes (appelons-les des carcans), enseignés en école de journalisme et entretenus dans les rédactions. (Par exemple : les morts kilométriques, être premier sur l'information… L'AFP est parfois tellement première sur l'information qu'elle a malencontreusement annoncé la mort de Martin Bouygues en 2015 …)
Ces carcans nous pouvons les nommer, à commencer par la langue journalistique. Cette langue a ses codes, ses agencements, ses éléments de langage, ses mots d'ordre. C'est une langue d'entre soi et de domination, éminemment politique. Une langue pour initiés, si bien que dans les médias, seuls les avertis (les experts et ceux bien sages, ayant suivi une session de "media training") peuvent y prendre la parole sans risquer de s'y brûler la langue. Adhérer au journalisme, c'est adhérer à sa langue, à son vocabulaire. C'est adhérer à des sacro-saintes structures narratives, pour "accrocher le lecteur" et "ne pas perdre le public". Une adhésion qui, poussée à bout sur les sites d'info en continu, de type Metronews, tend à l'automatisation de l'écriture (et donc du langage). Dans le jargon, on appelle ça le batonnage.
Plus que les censures, la course à la rentabilité empêche les journalistes de faire leur travail librement. Ils ont de moins en moins le temps d'enquêter, de vérifier leurs informations, c'est un journalisme d'approximation, diligenté par des managers issus des écoles de commerce et de marketing. Pas étonnant donc, que le journalisme cède chaque jour plus de place à la communication.
Un état des lieux désespérant !
Pourtant en 2016, plusieurs journalistes sont entré(e)s en résistance (grève à I-Télé, motion de défiance à L'Obs, publication du livre d'Aude Lancelin et du livre de Laurent Mauduit), laissant entrevoir la possibilité d'un changement.
Quelles seraient les pistes pour émanciper la presse de ces contraintes ?
Intervenant(e)s :
- Les journalistes debout : Julien Bonnet, Sophie Eustache et Jessica Trochet (sous réserve)
- Emmanuel Vire, journaliste, SNJ-CGT
- Aude Lancelin, journaliste, auteure de l'ouvrage Le Monde libre, Editions Les Liens qui Libèrent, 2016
Séance animée par Jean-Marie Charon, sociologue, CEMS, EHESS-CNRS
le séminaire est ouvert à
toute personne intéressée
Des informations sur les
séances précédentes à http://pds.hypotheses.org/
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/52148
Source : message reçu sur Prep.Coord.Nat le 3 janvier 13h