jeudi 27 mars 2008 à 10h
Atelier sur "Les subordinations" - intermittents
https://paris.demosphere.net/rv/5107
Dans la continuité de la première enquête menée en 2004 - 2005 http://www.cip-idf.org/rubrique.php3?id_rubrique=218 et qui portait sur les pratiques de travail, d'emploi et chômage des intermittents, nous entamons une nouvelle enquête : « L'intermittence 4 ans après ». Elle s'inscrit dans le cadre d'un projet PICRI (Partenariat Institutions Citoyens pour la Recherche et pour l'Innovation). Elle est financé par la région Ile de France et engage : l'AIP (les Amis des Intermittents et Précaires), porteur du projet, et le laboratoire de recherches Matisse de l'Université de Paris 1.
L'équipe qui mène la recherche – action, est composée des militants de la Coordination et de chercheurs universitaires.
L'un des premiers objectifs de cette nouvelle enquête consiste à comprendre les impacts de la réforme des annexes 8 et 10 et des politiques de l'emploi culturel sur les pratiques d'emploi et sur les pratiques de travail. Son but est de parvenir à produire une connaissance riche, rigoureuse et publique, des conséquences des réformes ; une connaissance qui aille bien au-delà des informations statistiques et macrosociales. Mais l'enquête participe aussi d'une réflexion plus large à même de redéfinir au mieux les contenus de nos revendications à venir et de préfigurer de nouveaux droits sociaux adaptés à la réalité des pratiques d'emploi et de travail.
A ces fins nous organisons le 27 mars à 10h un atelier- discussion autour des différentes modalités des subordinations que nous rencontrons dans nos pratiques.
Lors de l'enquête de 2004 -2005 nous avons mis en avant la figure du salarié –employeur, à savoir de l'intermittent du spectacle qui tout en étant formellement salarié, est aussi « employeur », en ce sens, qu'il a crée sa propre structure qu'il dirige de manière informelle. Cette figure est saisie, par les pouvoirs publics et par les experts, comme l'expression d'une des pratiques illicites, un abus dans le recours au régime de l'intermittence du spectacle.
A travers l'enquête, nous avons pu vérifier l'étendue de ces pratiques, mais aussi le fait que ces pratiques émergent essentiellement en l'absence de dispositifs juridiques (droits sociaux, statut des entreprises) à même d'accompagner les nouvelles formes d'organisation et de mise au travail. A même aussi d'assurer une certaine stabilité des revenus face à l'aléatoire et à la volatilité des subventions. Cette figure est d'autant plus complexe qu'elle pose la question des limites entre subordination et autonomie.
Avec la mise en place de ce premier atelier nous visons à approfondir la question de la subordination.
Nous partirons des contrôles, à travers une analyse d'une série de cas récoltés par la commission « CAP (Conséquences de l'application du protocole) » et du débat développé par la commission « Face aux contrôles ». Ces deux commissions engagent une problématisation de la « subordination salariale », de la figure du salarié – employeur et de la présomption du salariat dans l'intermittence. Nous allons élargir la discussion en prenant en compte d'autres types de subordination. D'une part, la relation de subordination entre employeurs et financeurs / diffuseurs et, d'autre part, la démultiplication des formes de subordination dans les relations de travail et d'emploi (création d'une pièce, tournage d'un film, etc.).
Ces subordinations ne sont pas nouvelles. Notre hypothèse est que la réforme les a déplacés et reconfigurées, il s'agirait alors de comprendre comment et avec quelles implications.
Dans ce sens, on se propose d'analyser différentes subordinations qui correspondent aux différentes fonctions et statuts formels: les subordinations de l'employé, des employeurs, des salariés/ employeurs.
Ainsi, l'objectif de ce premier atelier sera d'essayer de parvenir à saisir les déplacements des subordinations et leurs modalités de fonctionnement après que soient intervenues les réformes, les dispositifs de contrôle, les politiques de l'emploi culturel.
Pour nous aider à approfondir l'analyse des subordinations nous pouvons aussi essayer de répondre à ces deux questions :
1) « Qui travaille et pour qui ? »
2) « Qu'est-ce qu'une commande » ? Dans quels types d'injonctions (plus ou moins formulées) vient-on loger son travail ? et cela va de la commande explicite, assumée comme telle, à la contrainte financière, en passant par la prescription implicite donnée par le contexte de diffusion ou simplement "l'air du temps ».
En sortant du cadre strict de l'intermittence du spectacle, nous envisageons une confrontation avec les expériences des journalistes – pigistes, qui devrait nous permettre de saisir quelques autres aspects des « nouveaux visages de la subordination » (Alain Supiot).
Source : message reçu sur cip-idf le 11 mar