mardi 11 mars 2008 à 14h
Soutien au proces de P. Brosselin pour "outrage et rébellion"
https://paris.demosphere.net/rv/5021
Patrick Brosselin accusé d'"outrage et rébellion" par la police pour avoir courageusement et pacifiquement intervenu à la gare Saint-Lazare le 30 mars 2004.lors d'un contrôle d'identité passe devant la cour d'appel de Versailles le 11 mars, 7e chambre à 14 h 00.
Solidarité !!!
Source : liste de diffusion Resistons Ensemble, reçu le 2 mar 10:08
Communiqué de presse, 7 avril 2004
Le syndicat SUD-AFP lance un appel à témoins
Garde à vue d’un journaliste de l’AFP :
Le syndicat SUD-AFP lance un appel à témoins
Patrick Brosselin, 56 ans, journaliste au Reportage sportif de l’AFP et
Délégué du Personnel SUD-AFP, a été interpellé puis mis en garde à vue,
le mardi 30 mars vers 11h30. Témoin d’une interpellation musclée dans
les couloirs du métro à la gare Saint-Lazare, alors que de nombreux
passants demandaient aux policiers de garder leur sang froid, Patrick a
eu le tort de réclamer des policiers « qu’ils se comportent en
citoyens ». Applaudi par les témoins, il a été menotté et emmené au
commissariat de la gare Saint-Lazare. Après avoir pu convaincre les
policiers qu’il avait subi une opération à cour ouvert, il a été
transféré aux urgences médico-judiciaires à l’Hôtel-Dieu. Patrick n’a
été remis en liberté qu’au bout de 29 heures de garde à vue. Patrick a
saisi l’Inspection générale des services (IGS). Mais il devra
comparaître le 14 janvier 2005 devant la 28e Chambre du Tribunal de
Grande Instance de Paris pour « outrage » et « résistance avec
violence ». En effet, selon la police, il aurait blessé deux agents qui
ont eu des arrêts de travail de cinq et de deux jours. Pour organiser
sa défense, SUD-AFP demande à tout témoin de son interpellation de bien
vouloir nous contacter au 06-80-21-27-70 ou d’écrire à sud-afp@noos.fr
ou à : Patrick Brosselin, AFP Service des Sports, 13 place de la
Bourse, 75002 Paris (Pour tout renseignement concernant ce communiqué,
vous pouvez contacter : Claus Tulatz, Délégué syndical SUD-AFP, au
06-80-40-90-77)
Voici le récit de Patrick :
Mardi 30 mars, j’étais dans le métro dans les couloirs de la station Saint-Lazare en correspondance entre la gare Montparnasse et Bourse. Je venais d’un rendez-vous et j’allais au bureau avec à mon programme de l’après-midi à 15h00, la couverture de la conférence de presse de Philippe de Villiers relative au Vendée Globe.
Dans ce couloir, il y avait du monde et beaucoup de brouhaha. Je
passais mon chemin lorsque j’ai vu, à une dizaine de mètres derrière
moi (en montant les premières marches de l’escalier), une personne
coincée et maintenue au sol par deux ou trois autres personnes. C’était
contre cette manière de faire que les gens protestaient. Je l’ai fait
tout autant.
Plus tard les policiers m’ont dit que cet « individu était dangereux et
qu’il s’était évadé depuis une semaine ». Je leur ai rétorqué que je
n’avais pas d’avis sur cette personne que je ne connaissais pas, mais
qu’en revanche, dès l’instant qu’elle était maîtrisée il n’était pas
nécessaire d’en faire trop et que le passant ordinaire supportait mal
ce genre de scène. « Les gens vous parlent poliment, répondez leur
poliment », ai-je dit dans un premier temps au grand brun qui
brandissait une matraque télescopique.
Ayant eu l’impression qu’il n’avait pas entendu, j’ai ajouté, bien plus fort cette fois : « les gens vous parlent de façon citoyenne, répondez de façon citoyenne ».. Là le grand brun a entendu. « Je suis policier », qu’il clame. Je lui réponds « et moi je suis journaliste ». A ce mot, il a totalement changé d’attitude. Enchaînement de mots et d’invectives, il me dit « restez-là ». Je lui réponds « sûrement pas, j’ai du travail monsieur » et je continue de monter l’escalier. Tout cela s’est passé en moins de dix secondes. Ensuite, les paroles ont fusé et il m’est tombé dessus.
En dépit de l’hostilité de la foule, il m’a plaqué au sol, passé une menotte et l’autre menotte sur la main-courante de l’escalier. J’ai réussi à glisser ma main en dehors de la menotte et j’ai commencé à poursuivre mon chemin en continuant de gravir l’escalier. Si il n’y avait pas eu les encouragements des spectateurs, le policier ne se serait peut-être pas rendu compte que j’étais parti. Il s’est retourné et aidé par d’autres policiers (il y a eu des contrôleurs du métro en tenue verte, des agents en tenue de la brigade spéciale du métro et d’autres en civil), ils ont réussi à me repasser les menottes. Tous les policiers n’étaient pas d’accord pour que je sois arrêté. « On le laisse partir », « c’est pas bien grave, ça sert à rien de l’arrêter », mais le grand brun y tenait. Les voyageurs, eux, étaient outrés. Néanmoins, j’ai été embarqué jusqu’au commissariat de la gare Saint-Lazare.
Là, je passe sur plein de détails, il m’a été signifié mon placement
« en garde à vue ». Dès l’instant que cela est signifié, tout vous est
confisqué. Un inventaire est fait devant vous (c’est là que j’ai vu que
mes lunettes étaient cassées).
Un des policiers m’a demandé si je voulais prévenir quelqu’un. J’ai
donné le numéro de la ligne directe de mon chef de service, car j’avais
une conférence de presse à couvrir et que je pensais que cela ne
durerait pas longtemps. J’ai donc pris l’option travail plutôt que
famille. Il était tout de même 11h30 et raisonnablement je ne pensais
pas passer l’après-midi là-bas.
Erreur funeste.
A 13h30, escorté par quatre gardiens de la paix, je suis arrivé à l’Hôtel Dieu dans les locaux des urgences médico-judiciaires. J’ai été examiné par un médecin à 16 heures, j’ai eu deux radios, nouveaux passages avec ce médecin, puis demande d’avis d’un médecin des urgences et entre 20h30 et 21h00, j’ai été installé salle Cusco (chambre 10 comme ils disent). C’est là que j’ai rencontré l’avocat de la première heure (visible dès la première heure ne signifie pas que c’est à la première heure mais à partir de la première heure). A ce moment là, je ne sais pas si ma famille a été informée. La police ne m’a rien dit jusqu’en fin de matinée de mercredi.
Au moment où s’achevaient les premières 24 heures, deux policiers sont
venus prendre ma déclaration. Petit à petit, j’ai compris qu’il y avait
eu des avis divergents entre le commissariat de Saint-Lazare (qui
voulait à tout prix me récupérer pour terminer ma garde à vue) et le
personnel médical (qui ne voulait surtout pas que je retourne dans ce
commissariat). Par la suite j’ai appris que cela était allé assez loin,
puisque les médecins ont dit que si ma garde à vue allait au-delà des
48 heures, ils demanderaient mon transfert vers l’hôpital de Fresnes.
C’est pour cela que mon audition s’est déroulée dans la salle Cusco. Le
procureur avait demandé une confrontation, les policiers voulaient bien
la faire dans leur commissariat mais pas dans les locaux de l’hôpital.
La confrontation, qui aurait pu sans doute éclaircir bien des choses
n’a pas eu lieu. Je me demande aujourd’hui dans ce cas de figure à qui
est revenu la conduite de l’enquête, au procurer comme semble le dire
la loi, ou bien aux policiers comme cela semble être la coutume.
Enfin, durant la 30e heure, il m’a été signifié que la garde à vue était terminée.
Une fois sorti, j’ai entendu de nombreuses versions de cette aventure. Toutes avaient un point commun : j’avais agressé les policiers à un tel point que l’un avait eu 5 jours d’arrêt de travail, l’autre 2 jours. Cela m’a tellement étonné que j’ai saisi l’Inspection générale des services (IGS) sur ce point.
Je veux bien admettre que je sois costaud et capable de rosser deux policiers, à la limite je pourrais en retirer une certaine fierté. Cela signifierait que je sois particulièrement vigoureux en dépit de mes 56 ans, de mon insuffisance cardiaque, alors que je m’éloignais de la « scène du crime » (sic) en tenant mon cartable à ma main.
Arriver à rosser deux policiers dans ces conditions relève de l’exploit ! Or, comme je suis aux antipodes d’être un Hercule (taille : 1,66 m, poids 66 kg), j’ai saisis l’IGS pour tirer tout cela au clair et je pense que ce service arrivera aux mêmes conclusions que moi, à savoir que je ne suis pas Tarzan.
Je n’ai pas de témoins car il faut bien savoir que lorsque vous êtes
arrêtés, les gens le voient, mais ils ne se précipitent pas sur vous
pour vous donner leurs cartes de visite. Ils n’ont pas ce réflexe et,
s’ils le faisaient, cela ne servirait à rien car cela serait saisi lors
de la mise en garde à vue. C’est pourquoi nous avons lancé cet appel à
témoins.
(fin)
Source : http://resistons.lautre.net/article.php3?id_a...
Source : http://paris.indymedia.org/article.php3?id_ar...