samedi 17 septembre 2016 à 14h30
Réunion du Club Politique Bastille
https://paris.demosphere.net/rv/49718
La multiplication des faux débats jetés en pâture par les médias pour détourner l'attention de l'horreur économique et sociale, la destruction systématique de l'esprit critique dans les salles de classe comme dans les bureaux ou les ateliers, rendent nécessaires l'existence de lieux de résistance à l'ordre établi comme à l'annihilation de la pensée.
A côté de nos engagements dans des actions concrètes pour promouvoir une autre vision de la société et défendre des droits acquis ou simplement droits élémentaires de l'humanité, le CPB (réunions, site et plateforme de débat), est un des lieux offrant la possibilité de faire un pas de côté pour prendre le temps de la réflexion, savoir raison et esprit critique garder, passer de l'idéologie assénée par les 1% à la praxis nécessaire des 99 % et permettre le passage et le partage des savoirs comme vecteurs d'émancipation. Une manière de revisiter les champs de l'éducation populaire, reléguée dans les brocantes pittoresques par les tenants du néo libéralisme.
Au travers des débats politiques et des échanges, la mission est d'exporter dans le quotidien ce qu'on partage au CPB, comme sur les places des Nuit Debout ou encore à ND des Landes. … et l'objectif est de jeter les germes de l'insurrection en posant les questions et interrogations sur la manière de vivre dans le monde.
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/49718
Source : http://clubpolitiquebastille.org/spip.php?art...
Contribution pour la réunion du 17 septembre
1) La lutte contre la loi El Khomri a été longue, énergique, marquée par de très nombreuses manifestations, certaines très massives et… quelques grèves ici ou là. Ceux qui ont tenu longtemps ont fini, épuisés, par reprendre le travail. C'est inévitable. Au total, seule une fraction massive, combative s'est engagée. C'était insuffisant pour l'emporter. La lutte contre la loi a également politisé un secteur de la jeunesse. C'est très important. Mais la mobilisation contre la loi est terminée.
Le 15, tout le monde le sait, sera un dernier baroud. Faute du Tous Ensemble le mouvement, et c'est normal s'est épuisé. Évidemment, en accord avec la direction de la CGT, FO va se retirer du combat. C'est un scénario classique.
Un mouvement politiquement considérable mais un échec sur le plan revendicatif. Je n'écris pas ça par flagellation politique. C'est un fait. Il a manqué le mouvement spontané des salariés imposant le Tous Ensemble contre les journées d'actions.
Il a manqué l'action des militants d'avant-garde pour atteindre cet objectif. Ni les salariés, ni les militants n'en ont éprouvés le besoin. C'est ainsi. On peut reprocher à telle ou telle organisation d'avoir faillit mais à ce stade, l'essentiel, c'est que les masses mobilisées n'ont pas voulu, souhaité imposer le Tous Ensemble. Ça dit l'état de l'opinion politique des salariés. Rien de plus, rien de moins.
La lutte contre la loi El Khomri n'a pas abouti, d'autres luttes viendront. Les salariés devront contester aux directions syndicales la direction du combat. C'est l'enjeu depuis des années mais il me semble que la maturation politique progresse.
2) Je suis totalement d'accord avec ce qu'écrit Lordon sur « Nuit Debout ». Oui, « le feu n'a pas pris à la plaine ». Mais il y a eu un brasier et c'est bougrement important, intéressant. Cette mobilisation politique d'une fraction de la jeunesse a donné le « la » politique contre Hollande, son gouvernement, le PS. Faire ce constat n'a rien de défaitiste. La « Nuit Debout » n'a vraiment existé que quelques soirs à Paris, presque pas en province. Mais le contenu démocratique de cette mobilisation politique est porteur d'avenir. Le feu n'a pas pris, mais l'incendie menace. Les enseignements de « Nuit Debout » se retrouveront à l'avenir.
3) Le PS est entré en agonie. Cette fois c'est la fin. Certes il restera quelques débris, des élus, des rescapés, mais la défaite de 2017 est inévitable. Elle sera considérable. C'est que le PS est épuisé. Depuis 1983, il fait le sale boulot de la bourgeoisie ! C'est énorme, 33 ans, historique. Mais là, il va crever. Comme le PC à partir de 1981, les conséquences de cette situation sont totalement nouvelles depuis… la libération ! : il n'y aura plus d'opposition politique parlementaire. Or, la Vème République a besoin, pour marcher, de ses deux pieds. La gauche gouvernementale, institutionnelle disparaissant, la droite et l'extrême droite vont jouer les premiers rôles renforcés par quelques renégats. La « gauche » disparue, l'opposition n'aura plus lieu au Parlement.
Une situation inédite s'annonce. Les élections de 2017 ne serviront qu'à enregistrer la disparition politique du PC, du PS et des Verts. Tout le dispositif va être fracassé. Une guerre des gangs se mènera au PS pour récupérer ce qui peut l'être de l'appareil.
Il faut réfléchir à cette situation. Et le chantage sur le thème, votez pour nous sinon vous aurez la droite ou l'extrême droite, ne marchera plus. Il faut dire la vérité. La droite va l'emporter. - qui, que, quoi, on verra bien - aggraver la politique libérale menée par le PS, grâce au PS, il faut donc se préparer à affronter cette situation. L'opposition populaire ne peut, pour le coup, venir que des mobilisations des salariés, du public, du privé. La participation à l'élection présidentielle ne servira à rien. Même unie la gauche sera battue, divisée elle sera balayée.
J'annonce mon vote pour 2017 : j'irai au Cinéma.
Un mot encore sur ces élections.
D'abord Jean-Luc Mélenchon. Dans une démarche quasi-pétainiste, il a fait « don » de sa candidature au peuple ! C'est scandaleux, fouler aux pieds les plus essentiels principes démocratiques. C'est une aventure personnelle, médiatique qui ne servira à rien. Jean-Luc Mélenchon est un professionnel de la politique. Il n'a jamais travaillé. Dans les années 70, à Dijon la direction de l'OCI voulait l'exclure. Je voulais éviter cette…exécution et je lui ai conseillé de s'éloigner, d'aller voir au PS… Depuis, toujours il a vécu de la politique : permanent, sénateur à vie, ministre du gouvernement Jospin « le plus à gauche d'Europe » ( !), député européen, chef du Parti de Gauche imposant sa dictature aux militants il tente une dernière aventure personnelle, en prenant de « la hauteur », s'opposant « aux réfugiés », au nom de la France, bien sûr. C'est du mitterrandisme de gauche. Mitterrand qu'il a toujours admiré.
Feu sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon ! Le reste, les restes si on peut dire, les candidatures du NPA et de LO sont à ranger aux magasins des vieux accessoires. Ça ne servira à rien, sinon à épuiser les militants.
Je voulais aborder un dernier point. Celui des attentats djihadistes. Des carnages. J'entendais l'autre jour à la télé, Poutou « expliquer » l'origine de ces attentats… Moi, comme citoyen, je dénonce ces actes barbares qui ne supportent aucune explication - justification - Je combats les interventions militaires de l'impérialisme, mais rien ne justifie ces attentats ! Rien ! Ces attentats commis pour la plupart par des petits délinquants décervelés et pas toujours miséreux, (1) sont des actes qui ouvrent la voie au fascisme, et je pèse mes mots. Invoquer la stigmatisation etc. n'est pas la question. Ces attentats dressent l'opinion démocratique et ouvrière contre les musulmans, peuvent provoquer (cf. la Corse) des pogroms racistes. De même que la politique des gouvernements d'extrême droite en Israël, nourrit l'antisémitisme dans le monde, les attentats sont des bombes racistes et antidémocratiques.
Jusqu'alors rien d'irréversible n'est intervenu. Mais qu'on imagine les conséquences d'un attentat dans une école maternelle…
Je le répète : les attentats, dans l'état de tension sociale et politique, peuvent avoir des conséquences politiques dramatiques.
J'en profite pour fournir des armes pour me faire fusiller : je suis partisan du respect de la laïcité dans l'espace public, à commencer dans tous les services publics. Ni kippa, ni croix visible, ni voile ! La laïcité est une conquête majeure, un progrès historique, un point d'appui pour les luttes émancipatrices. Je répète, je suis pour le respect de ce principe dans l'espace public. C'est la « gauche » qui depuis longtemps a abandonné ce combat, ce principe. Évidemment, je suis contre la répression, pour la pédagogie, mais pour la fermeté.
C'était ma modeste contribution aux discussions de la rentrée.
Amitié à tous.
JK
(1) Lire à ce propos, dans la revue « Pouvoirs » l'excellent article de Olivier Roy.