samedi 30 juillet 2016 à 16h
Marche en la mémoire d'Adama Traoré à Paris
https://paris.demosphere.net/rv/49228
Rassemblement à 16h le 30 juillet gare du nord pour la mémoire d'Adama et contre les violences policières.
Rejoignez nous samedi 30 juillet 2016 à Gare du Nord. Luttons pour la vérité et la justice pour Adama. Nous comptons sur vous.Vous faites notre force.
La Famille Traoré.
La caisse de solidarité pour les obsèques d'Adama Traoré
www.leetchi.com/c/obseques-de-traore-adama
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/49228
Source : https://paris-luttes.info/marche-en-la-memoir...
Adama Traoré,
mort entre les mains de la police le 19 juillet 2016
Adama Traoré avait 24 ans. Le mardi 19 juillet, c'était son anniversaire.
Alors qu'Adama marchait avec son frère Baguy dans les rues de Beaumont-sur-Oise, des gendarmes surviennent pour interpeller ce dernier. Sorti sans ses papiers, Adama prend la fuite.
Rattrapé et frappé à la tête, il est placé dans un fourgon de gendarmerie.
On ne sait pas ce qu'il se passe dans le fourgon, mais quand son frère arrive menotté à la gendarmerie, il aperçoit le corps de son frère sans vie, posé à même le sol.
Le procureur Yves Jannier s'empressera évidemment de déclarer qu'Adama est mort d'un arrêt cardiaque, suite à une « grave infection touchant plusieurs de ses organes ». Il ajoutera également qu'il est mort suite à un « malaise durant le trajet », mais qu'il n'y a « pas de traces de coups ».
Comme toujours, un jeune en pleine forme meurt d'un arrêt cardiaque juste au moment où il est entre les mains des forces de l'ordre. La version policière ne tient pas.
Dans les heures qui suivent la mort d'Adama, les quartiers de Boyenval (Beaumont sur Oise) et de Persan s'embrasent et des affrontements ont lieu avec les forces de l'ordre.
A la maison d'arrêt d'Osny, 81 détenus refusent de rejoindre leurs cellules en fin de promenade et après avoir mis le feu à des draps, en réaction à la mort d'Adama, certains portant sur leurs tee-shirts des slogans à sa mémoire. Les ERIS mettent fin à la rébellion des détenus vers 22h30 et deux « meneurs » sont transférés ailleurs dans la foulée.
Le 22 juillet, entre 2000 et 5000 personnes participent à une marche blanche dans les rues de Beaumont-sur-Oise. La marche alterne moments de recueillements et moments de colère. Des slogans sont lancés : « pas de justice, pas de paix », « justice pour Adama », « C'est la dernière fois, qu'ya un de nos frères qui tombe », « je suis Adama »…
Le soir même, des policiers et des gendarmes viennent interpeller le frère d'Adama à domicile.
Les jours suivants, des manifestations et rassemblements sont organisés dans plusieurs villes : Lyon, Limoges, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Toulouse (22 juillet), Nantes (23 juillet), Strasbourg, Troyes (24 juillet), Lille (27 juillet), Grenoble (28 juillet), Paris Gare du Nord, Le Havre, Dijon, Montpellier, Bruxelles (30 juillet)…
Le 26 juillet, une nouvelle autopsie est réalisée à l'institut médico-légal de Paris, mais la famille demande déjà une contre-autopsie indépendante par le biais de son avocat, Me Frédéric Zajac. Conseillée par d'autres familles de victimes, elle ne compte pas se fier qu'aux experts désignés par la Justice.
L'affaire n'en restera pas là. De nombreuses personnes sont déterminées à ce que ces crimes ne se poursuivent pas impunément.
Source : http://desarmons.net/?p=4622
"C'est la dernière fois qu'il y a un frère qui tombe"[1]
Une fois de plus, une fois de trop, un des nôtres tombe.
PIR
Il s'appellait Adama Traoré, 24 ans, résident de la banlieue parisienne.
La ville : Beaumont-sur-Oise, patelin charmant aux allures de village. On y accède en traversant un petit pont qui surplomb l'Oise, pour arriver directement dans le centre-ville construit sur une colline. Ce paysage pittoresque est loin de ressembler aux ghettos où l'on a l'habitude de voir nos frères tomber. Mais ce n'est évidemment pas tout à fait ici que les Noirs et les Arabes résident, il faut marcher une quinzaine de minutes pour arriver à la cité.
L'histoire est un classique. Un jeune Noir est tué entre les mains de la police. Ici, c'est un gendarme qui tue un Noir. Un membre du corps armé de l'État français tue un indigène. Ce n'est pas la première fois. Les crimes racistes ? Nous les dénonçons depuis des décennies. La Marche pour l'égalité et contre le racisme en 1983 venait d'abord et avant tout dénoncer les violences policières. Elles n'ont jamais cessé. Tous les ans dans la métropole, entre 15 et 20 Arabes et Noirs, jeunes et moins jeunes, sont tués par la police. A chaque fois les policiers s'en sortent sans condamnation aucune, et sans même être démis de leur fonction.
En France, comme aux États-Unis, la race existe et le racisme tue. « La race existe », cela signifie qu'il y a une différence institutionnelle de traitement entre les Blancs et les non-Blancs. Les flics savent qu'ils peuvent frapper, torturer ou étouffer les Arabes, les Noirs et les Rroms, ils savent que la Justice est avec eux, et qu'elle considérera comme eux que la vie d'un indigène ne vaut pas grand-chose. Elle sera complice si l'affaire va devant un Tribunal. Comment oublier à l'heure où j'écris ces lignes le récent procès Saboundjian, ce flic qui a tué d'une balle dans le dos Amine Bentounsi. Un procès scandaleux, le procureur lui-même n'en revenait pas. Tous les témoignages concordaient : il n'y avait aucune forme de légitime défense à proclamer, Amine Bentounsi était à une trentaine de mètres du policier. Il courait, fuyait, quand une balle arrêta sa course subitement. Et il tomba.
Toujours la même histoire donc. Dans un premier temps, le procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, entravant d'ailleurs la procédure classique, annonce que M. Traoré serait décédé suite à un « malaise cardiaque », car il aurait eu « une infection très grave », « touchant plusieurs organes ». Mais voyons ! Que de maladies attrapées dans les commissariats… Puis quelques jours plus tard, nous apprenons que le médecin légiste dans son rapport ne relève en fait aucune cause de décès immédiate. Une contre-autopsie a été obtenue par la famille et va être menée dans les prochains jours.
La famille endeuillée doit faire face au mépris de la classe politique indifférente aux meurtres des nôtres et aux mensonges de la plupart des médias reprenant à leur compte la version officielle des pouvoirs publics.
La plupart du temps, les meurtres racistes ne font même pas l'objet d'une ligne dans les journaux. Ici, la mobilisation pour Adama fut étonnamment importante. Les collectifs et personnalités indigènes ont effectué un travail efficace de relais dans les réseaux sociaux. Des marches se sont tenues à Beaumont, Paris mais aussi Toulouse, Strasbourg, Bruxelles, Lille… Youssoupha et Kery James ont publiquement exprimé leur soutien. La France a entendu parler de l'affaire, certainement aussi parce qu'il y a eu des « émeutes ». Sous couvert d'objectivisme, le point de vue de la famille et des organisations antiracistes n'est pas vraiment pris en compte. Mélenchon s'en est indigné via un statut facebook (il demande l'ouverture d'une enquête indépendante) alors qu'il avait brillé par son indifférence lorsque le frère de Wissam El Yamni et l'épouse d'Amadou Koumé, tous deux tués par les forces de l'ordre, l'avaient interpellé. Sa campagne de séduction des quartiers lancée cet été n'a d'ailleurs sûrement aucun rapport avec son intérêt soudain pour la mort d'Adama[2].
Nuit Debout avait exhorté les « quartiers », la « banlieue », les « racisés » à se joindre au mouvement social. Nuit Debout voulait organiser des marches vers la banlieue, pour qu'enfin le rêve de l'union des travailleurs, des opprimés et des sous-opprimés, se réalise. Nous leur avions répondu : la convergence ne se décrète pas, elle se fera quand vous viendrez grossir nos luttes[3]. Où étaient les dizaines de milliers de personnes qui ont participé à Nuit Debout ? À la manifestation du 22 juillet, nous étions des milliers, nous étions nombreux, une grande majorité d'indigènes. Il y avait de nombreux soutiens extérieurs, il y avait les « islamo-gauchistes » et les amis des villes voisines. Mais aucune organisation blanche, aucun syndicat, eux qui ont pourtant les moyens de mobiliser massivement leurs bases sur les questions dites « sociales ». Quand ces organisations daignent malgré tout communiquer sur nos questions, c'est bien souvent pour mieux en occulter la dimension raciale.
Dès lors, la question raciale est notre affaire. Nous devons la prendre en charge, et surtout éviter que les tentatives d'instrumentalisation se répètent. Dominique Sopo s'était pointé à la marche du 22 juillet, accompagné de deux gardes du corps, espérant apparaître dans les médias : le racisme c'est son business. SOS Racisme travaille avec la DILCRA et l'UEJF. Ils ont pour objectif de réprimer, d'invisibiliser et d'annihiler les organisations antiracistes autonomes. Mais leur temps est révolu.
Nous avons retenu les leçons du passé, nous sommes aujourd'hui organisés. Et nous affirmons que notre autonomie indispensable ne doit pas exempter les militants de gauche et des organisations blanches de remplir leur devoir en se mobilisant massivement sur les crimes racistes de la police et de la gendarmerie.
Nous ne perdons pas espoir. Nous savons que seul le rapport de force politique que nous parviendrons à imposer déterminera la façon dont la Justice reconnaîtra le crime et jugera les auteurs de ce meurtre.
À tous les frères qui sont tombés, Vérité et Justice !
Aya Ramadan, membre du PIR
Notes
[1] Slogan de la marche du 22 juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise
[2] http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/07/22/melenchon-profite-de-l-ete-pour-lancer-sa-campagne-dans-les-quartiers-populaires_4973216_823448.html
[3] Nuit (blanche) debout : comment sortir de l'entre-soi ?
Communiqué du PIR
Le PIR rejoint l'appel à manifester pour Adama TRAORE dans toutes les villes de France et notamment à Paris ce samedi 30 juillet à 16h00 à Gare du Nord.
En soutien à la famille, nous invitons les lecteurs à contribuer à la collecte de dons en ligne : En mémoire à adama Traoré