samedi 11 juin 2016 à 9h30
Actualités d' « Ouvriers et capital », de Mario Tronti
https://paris.demosphere.net/rv/47724
À l'occasion de son cinquantième anniversaire et de sa republication en français aux éditions Entremonde, nous nous proposons dans cette journée d'étude de revenir sur l'ouvrage fondateur de Mario Tronti : Ouvriers et capital.
Fondateur, l'ouvrage l'est d'abord par les thèses qu'il énonce et dans lesquelles se réfléchit le cycle de luttes ouvrières de la première moitié des années 1960 : l'unité de la théorie et de la pratique sous la forme d'une politisation de toutes les questions théoriques, la revendication d'un point de vue partiel et partial dans la théorie, seul à même d'ouvrir un accès à la compréhension de la totalité des rapports sociaux capitalistes et de favoriser leur transformation radicale, la critique de toute vision progressiste de l'histoire au profit de la valorisation de l'auto-activité de la classe ouvrière.
C'est l'actualité, ou l'inactualité, de ces thèses qui ont fournies à l'opéraïsme sa grammaire théorique que nous voudrions explorer à l'occasion de cette journée d'étude. Il s'agira de revenir sur la trajectoire intellectuelle et politique de Mario Tronti (des Quaderni Rossi à Classe operaia jusqu'à son réengagement au sein du PCI et à ses réflexions sur l'autonomie du politique) et sur les devenirs de l'opéraïsme, ainsi que sur la spécificité de ce courant par rapport aux différentes figures du « marxisme occidental » (Lukács, Gramsci, Althusser, l'école de Francfort) ou aux innovations philosophiques qui ont marqué la seconde moitié du XX° siècle (Deleuze et Guattari, Foucault). Mais il s'agira aussi d'interroger l'usage qu'il est possible de faire, aujourd'hui, des thèses développées dans Ouvriers et capital.
La conjoncture dans laquelle intervenait Mario Tronti a en effet été suivie par une véritable restauration, couramment identifiée dans les sciences sociales à un « tournant néolibéral ». Le passage qui a conduit à cette nouvelle configuration sociohistorique s'est opéré à travers deux processus d'érosion quasiment contemporains : d'un côté, des luttes sociales très fortes et très disséminées qui ont remis en cause, par le bas, les rapports sociaux de l'époque, en revendiquant davantage d'autonomie et une plus grande possibilité d'autoréalisation de soi dans et, surtout, au-delà du travail. De l'autre, une réponse d'en haut à cette ingouvernabilité progressive de la société, destinée à rétablir le commandement sur le processus économique et à relancer la valorisation du capital. Les différentes transformations socio-historiques apparues au tournant des années 1960-1970 (mondialisation financière des régimes d'accumulation, modification de la forme-État, changement des processus productifs, mutation des subjectivités mises au travail, etc.) concourent à rendre problématiques certains des axiomes centraux de l'opéraïsme trontien : que faire, par exemple, de l'idée selon laquelle le développement capitaliste répond à l'initiative ouvrière lorsqu'en occident du moins, la catégorie d' « ouvriers » ne semble plus désigner un sujet politique identifiable et lorsque les classes dominantes ont manifestement fait preuve de leur capacité à reprendre l'initiative historique ? Que peut signifier la revendication du « refus du travail » dans un contexte marqué par le chômage de masse et la précarisation du marché du travail ? Comment actualiser la relation entre expérience pratique, recherche savante et organisation politique, - l'articulation militante entre « composition technique » et « composition politique » de la classe ouvrière - caractéristique de l'opéraïsme ? Enfin, quelles formes pourrait prendre aujourd'hui l'organisation de l'autonomie des opprimés ?
Cette journée d'études est organisée par Vincent Chanson, Davide Gallo Lassere, Frédéric Monferrand et leGroupe de Recherches Matérialistes.
Date :
Samedi 11 juin 2016
9h15-18h
Lieu :
Université Paris Ouest Nanterre-La Défense
Auditorium du bâtiment W (Max Weber)
200 Avenue de la République, 92000 Nanterre
Intervenant.es
Etienne Balibar, Fabrizio Carlino et Andrea Cavazzini, Collectif de traduction de l'Orda d'oro, Morgane Merteuil, Yann Moulier Boutang, Antonio Negri, Judith Revel, Mario Tronti.
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/47724
Source : http://sophiapol.hypotheses.org/19457
Source : message reçu le 17 mai 15h