thème : répression
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jeudi 2 juin 2016 à 20h30

Projection débat « Visages défendus »

Séance unique le jeudi 2 juin à 20h30 à Utopia Saint-Ouen l'Aumône organisée par Espérer 95, suivie d'une rencontre autour de la situation des personnes incarcérées ou sorties de l'incarcération

avec

  • Catherine Rechard, réalisatrice du film,
  • Myriam De Crouy Chanel, Vice-Présidente de l'Application des Peines au Tribunal de Grande Instance de Beauvais,
  • Stéphanie Lassalle, conseillère technique de la Fédération socio-judiciaire Citoyens & Justice, et
  • les intervenants d'ESPERER 95 et de la Sauvegarde du Val d'Oise.

Visages défendus

Documentaire de Catherine Rechard - France 2016 1h15mn

L'origine de ce film tient à une de ces lois absurdes comme notre belle République sait en pondre en ces temps liberticides. En l'occurrence et en 2009, le législateur a cru bon de régir le droit à l'image des personnes incarcérées. Avec au cœur de cette loi un flou, qui a permis à l'administration pénitentiaire de réprimer un peu plus l'expression des détenus. En 2011, la réalisatrice Catherine Rechard réalisait Le Déménagement, un film sur le transfert des prisonniers rennais depuis leur vieille prison de centre ville vers un établissement pénitentiaire flambant neuf de la périphérie. Elle observait ainsi les conséquences pour les détenu(e)s : amélioration des conditions d'hygiène et de promiscuité, au détriment toutefois d'une proximité, d'une certaine chaleur humaine. Mais au moment de sa diffusion prévue sur France 3, l'administration pénitentiaire exigeait le floutage des personnes incarcérées interviewées. Et un long combat juridique commençait, que gagna finalement la réalisatrice.

Catherine Rechard, à l'aune de cette expérience en partie douloureuse, a décidé d'interroger, à travers cette question de l'image, l'identité qu'ont ces personnes que l'on retire temporairement du monde et à qui on veut retirer jusqu'au visage. Avec en filigrane la question du cliché accolé au prisonnier. Et bien sûr, dans un deuxième temps, les obstacles à sa réinsertion.

Le film, passionnant, croise autant un atelier monté par un philosophe à la maison d'arrêt d'Epinal - avec des discussions formidables - que le parcours de trois détenus qui sont sortis : Yann, dont la vie tout à fait ordinaire a basculé lors d'un accident de la route mortel sous emprise de l'alcool ; Bernadette, une femme élégante et brillante dont on connaitra peu les antécédents, et qui tente de se reconstruire à sa sortie auprès de la communauté d'Emmaüs ; tandis qu'un troisième détenu déjà âgé trouve dans le jardinage et le témoignage sur la prison au micro de Radio Libertaire un chemin à sa vie. Peu à peu s'effacent tous les clichés : quels que soient les actes que ces personnes aient commis et qu'auraient pu commettre n'importe qui, elles ont une force d'âme que l'expérience carcérale n'a pas réussi à détruire, une capacité de réflexion forgée par des années face à eux mêmes. Et le constat est éclairant et salutaire.

VISAGES DÉFENDUS

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/47473
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...