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jeudi 7 avril 2016 à 12h

Séminaire de recherche P8/P10

Déprovincialiser l'histoire, réorienter la philosophie

Séminaire de recherche sous la direction de Paul Guillibert (Université Paris Ouest, Sophiapol) et Matthieu Renault (Université Paris 8, LLCP)

Les séances auront lieu à l'Université Paris 8, 2 Rue de la Liberté, 93526 Saint-Denis (métro : ligne 13, station Saint-Denis Université), bâtiment A, salle 0182.

L'entrée est libre, sans préinscription.

  • Jeudi 11 février - 12h/15h - Christian Grataloup (Université Paris Diderot, Géographie-Cités) : Pourquoi l'histoire globale est-elle une géographie ?
  • Jeudi 25 février - 12h/15h - Emmanuel Renault (Université Paris Ouest, Sophiapol) : Philosophies de l'histoire et rapport au présent : la position de Hegel
  • Jeudi 10 mars - 12h/15h - Yves Cohen (EHESS, CRH): Considérations quasiment philosophiques d'un historien sur la portée possible de l'histoire des circulations (20e siècle) • Thaïs Gendry (EHESS) : Le procès et l'ordre, réflexion sur la colonisation française en Afrique de l'Ouest
  • Jeudi 24 mars - 12h/15h - Kristin Ross (New York University) : Le Vécu et le conçu. Autour de L'Imaginaire de la Commune ; Michael Löwy (CNRS, CEIFR): Walter Benjamin dans une perspective latino-américaine
  • Jeudi 7 avril - 12h/15h - Orazio Irrera (Universidade de Évora, Université Paris 1) : Écrire l'histoire des « peuples sans histoire ». Archives coloniales et violence épistémique • Sarah Fila-Bakabadio (Université de Cergy-Pontoise, EHESS) : Africa on my mind. Histoire sociale de l'afrocentrisme aux Etats-Unis

Depuis plusieurs décennies, la notion même de philosophie de l'histoire a donné lieu à des critiques radicales élaborées tant dans les centres du système-monde que dans le Sud global. Définies comme « détachements théoriques d'idéologies pratiques […] dont la fonction essentielle consiste à reproduire les rapports de production des sociétés de classe » (Althusser, Éléments d'auto-critique) ou comme vecteurs d'une idéologie historiciste et eurocentrique gommant les différences historiques entre l'Occident et le reste du monde (Chakrabarty, Provincialiser l'Europe), les philosophies de l'histoire semblent avoir perdu toute légitimité.

La formulation d'une histoire globale rompant avec l'universalisme (abstrait) de l' « histoire du monde » (world history, Weltgeschichte), le déploiement d'une critique postcoloniale insistant sur l'irréductible hétérogénéité des histoires et contestant le « grand récit européen de la modernité », ou encore l'élaboration d'une histoire environnementale dépassant le « grand partage » de l'histoire humaine et de l'histoire naturelle, sont autant d'exemples récents qui prolongent le geste de déconstruction des philosophies de l'histoire et de l'unité du temps historique. Soucieuses de penser des temporalités fragmentées échappant au temps homogène et vide des chronologies ordinaires, ces « nouvelles » historiographies ont conduit à l'élaboration de pratiques inédites de l'histoire dont l'épistémologie reste encore à faire. C'est à cette tâche qu'entend contribuer en premier lieu ce séminaire.

Mais il s'agira également d'aller plus loin en formulant l'hypothèse que, loin de signer l'inéluctable fin des philosophies de l'histoire, ces historiographies sont en mesure de participer à leur refonte dans une perspective non-téléologique et non-eurocentrique. Elles ne le pourront néanmoins qu'à condition d'entrer en dialogue, et peut-être en conflit, avec des courants critiques qui, avant elles, se sont attachés à formuler des théories hétérodoxes de l'histoire, au premier rang desquels la tradition de pensée non-historiciste du temps historique forgée au sein du « marxisme critique » (Walter Benjamin, Ernst Bloch, Theodor Adorno, etc.) et l'historiographie anti-impérialiste et anti-raciste qui s'est efforcée non seulement de (ré)écrire l'histoire occultée des marges coloniales-raciales mais aussi de repenser l'histoire du monde depuis ces mêmes marges (W.E.B. Du Bois, C.L.R. James, Eric Williams, etc.). Ce qui est en jeu dans ce dialogue, c'est en définitive la possibilité d'une philosophie de l'histoire qui soit, enfin, à la mesure du monde.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/45549
Source : message reçu le 28 janvier 09h
Source : message reçu le 28 janvier 09h