mercredi 30 mars 2016 à 19h
Rencontre-apéro avec les éditions Les Bons caractères
https://paris.demosphere.net/rv/44910
Cheville ouvriere
Les Bons Caractères est une maison d'édition montée en 2004 par « un petit groupe de cinq personnes » sans expérience préalable de l'édition, même si le jeu de mots du nom de la structure révèle que « deux d'entre nous étaient et sont toujours dans le métier de l'imprimerie ». Leur ambition était alors et est toujours de contribuer « à la défense des idées progressistes, laïques, sociales, antiracistes et anti-xénophobes » en rééditant des titres introuvables, « aussi bien des romans, des témoignages, des livres « classiques » marxistes ou trotskystes, puisqu'on était tous issus de cette mouvance ». Parmi ces titres, Histoire de la sociale-démocratie allemande de 1863 à 1891 de Franz Mehring, Hongrie 1956 de Georges Kaldy, Les damnés de la terre d'Henri Poulaille, mais aussi des textes de Trotsky, Rosmer, Kautsky, aux côtés de témoignages de luttes actuels tels que celle des "soufflés" d'AZF. D'emblée, le rythme était trouvé : le « choix de départ a été de viser le moyen terme, de privilégier des ouvrages de fond, de ne pas trop essayer de coller à l'actualité, de ne pas s'embarquer dans des projets coûteux. De durer ». Jouer la carte du fond et de l'endurance dans un monde où il faut être présent partout au même temps pour coller au spectacle et ne s'exprimer qu'avec ses codes (Twitter et ses 140 signes...), voilà qui ne manque pas de panache !
La SARL parvient à se maintenir à flot « simplement parce qu'une grosse partie du travail est fait bénévolement : la maquette, la correction, la traduction ». La maquette fait partie des tâches réalisées en interne, là où parfois « les appels extérieurs payants sont devenus indispensables. Par exemple, pour la traduction de deux ouvrages récents, nous avons fait appel à des professionnels. Pour un roman historique traduit du finnois, nous n'avions personne dans nos connaissances qui possédait ces compétences. Mais grâce à l'appui du Centre des lettres finlandais (et de celui du CNL), nous avons pu le financer. Depuis, nous avons eu également l'appui du CNL pour un témoignage traduit de l'américain ».
Ce fonctionnement leur permet de publier environ cinq nouveau titres par an dont le tirage varie de 1600 à 2200 exemplaires, répartis en désormais cinq collections. « Il y a 5 ans, nous avons créé une collection de poche qui s'appelle "Éclairage". Nous voulions publier des ouvrages inédits, essentiellement des ouvrages historiques, pour constituer une sorte de collection de "Que sais-je" engagée. Avec 12 titres, elle marche bien ». C'est même dans cette collection au petit format et au petit prix que l'on trouve les titres qui ont le mieux marché : L'opposition communiste en URSS. Les trotskystes et Proche Orient. 1914-2010 ont déjà été réédités. Les deux tomes de L'histoire de la mondialisation ont même été réédités deux fois. Autre titre également réédité : De l'oncle Tom aux Panthères noires, de Daniel Guérin.
Côté diffusion, Les Bons Caractères sont passés par plusieurs structures du milieu : le Comptoir des éditeurs indépendants, qui a fini par fermer ses portes il y a quelques mois, Court-circuit, qui a jeté l'éponge il y a deux ans, et aujourd'hui Hobo diffusion, qui a repris le flambeau. La promotion dans les médias « est notre point faible. Nous manquons totalement de visibilité ». Une demi-douzaine de salons par an, c'est aussi de leur aveu « limité », notamment à cause du manque de temps.
Par contre, « dès le début, nous nous sommes adressés au public militant, aux organisations et librairies d'extrême-gauche. En particulier, nous leur avons proposé nos livres à tarif préférentiel, sous forme de souscription avant parution. Ces souscriptions ont recueilli, et recueillent toujours, un certain succès, par exemple auprès du milieu de Lutte Ouvrière ; de même, nous vendons pas mal d'ouvrages à leur fête annuelle. La librairie La Brèche [à Paris], liée au NPA, est la meilleure librairie en terme de vente. De loin ». La taille humaine, la proximité, ça au moins ça reste fiable. « Le seul monde de l'édition qui nous intéresse, ce sont les éditeurs militants comme nous, qui ont le même souci de mettre à disposition de ceux qui veulent comprendre le monde pour le changer, des outils qui ont la forme de livres. Ce monde-là, quelles que soient les difficultés financières, quelques soient les flux ou reflux du mouvement social, ces éditeurs-là seront toujours indispensables ».
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/44910
Source : http://www.librairie-quilombo.org/Les-Bons-Ca...
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