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mardi 3 novembre 2015 à 20h

Projection débat « Merci les Jeunes »

Ce film se concentre sur la vie de jeunes au sein d'une télé associative en banlieue après les émeutes de 2005. Dix ans après ces événements, c'est l'occasion de revenir sur cette période de tensions sociales qui est toujours d'une criante actualité.

Synopsis

A Quartier TV, Mathieu fait du cinéma avec les jeunes de la cité des Mines. Parmi eux, Leïla espère un peu plus avec Mathieu… Nadia et Farid réalisent des enquêtes sans tabous et pourfendent les clichés sur la banlieue… Romuald, enfin, crée une émission de télévision citoyenne avec Souleymane, qui rêve de devenir une star…
Il y a ceux qui veulent hanger de vie, et ceux qui veulent changer le monde. La vie associative n'est pas de tout repos et cette joyeuse bande ne va pas tarder à se déchirer.

Entretien avec Jérôme Polidor

Les émeutes de 2005, et les tensions récurrentes dans les quartiers de banlieue, sont-elles l'un des points de départ du film ?
Le film sort en salles tout juste dix ans après la révolte des banlieues de 2005. Les images des incendies de voitures et de bâtiments, que l'on retrouve au début du film, ont fait, à l'époque, le tour des écrans du monde. Cette révolte, spectaculaire, exprimait la colère d'une partie de la jeunesse des quartiers, mais sans organisation ni revendications clairement formulées. C'est une des questions qui traverse le film : que s'est-il passé après ? Quelles ont été les réponses politiques, sociales, à l'expression d'une révolte spontanée de la jeunesse ?

Pourquoi avoir situé l'intrigue dans une association ?
Le milieu associatif est l'une des rares institutions humaines où les relations sont,en théorie, librement choisies et consenties (contrairement à la famille, la religion, le travail, le voisinage...). Le rapport au pouvoir y est donc particulier, car il doit trouver sa légitimité en grande partie à l'intérieur du groupe, et la hiérarchie n'est pas immuable, plus facilement susceptible de remises en cause. Mais le secteur associatif est aussi représentatif du reste de la société ; il est traversé par les mêmes mutations : baisse des moyens en répercussion des politiques d'austérité, impuissance des représentants politiques, emprise grandissante des grandes entreprises et des banques, précarisation des salariés, individualisme, consumérisme...

Le film est-il autobiographique, raconte-t-il l'histoire de l'association les Engraineurs, qui a produit le film ?
Ce n'est pas un film autobiographique, ce n'est pas une histoire vraie, mais c'est une vraie histoire ! Je me suis inspiré d'éléments de la vie de l'association les Engraineurs mais aussi de bien d'autres choses ! Par contre, le film a été tourné dans des conditions associatives, proches de celles évoquées dans le film. J'ai volontairement brouillé les pistes : le scénario du court-métrage Safari, mis en images au début du film, est par exemple un projet avorté des Engraineurs. Nous avons également tourné en parallèle de Merci les Jeunes ! le court métrage Poukave, avec les adolescents du groupe qui jouent leurs propres rôles. Il fallait d'ailleurs parfois rappeler aux acteurs pour quel film nous tournions... Cette confusion organisée était stimulante, car nous participions à une expérience multiple. Je me suis amusé avec les tournages des films « gigognes » et nous avons aussi réalisé des suppléments qui pourraient être des programmes de l'imaginaire Quartier TV, comme une interview de Walter Ben Michaels sur le sujetde la diversité aux Etats-Unis.

Le film est parsemé d'extraits de films, d'émissions de Quartier TV, de télévisions nationales. Pourquoi avoir choisi de multiplier les statuts d'images ?
Notre vie est saturée d'images, de films, de vidéos. Presque tout le monde est devenu un filmeur, avec son appareil photo, son téléphone ou son ordinateur... Ce qui m'intéresse dans la multiplication des statuts d'images à l'intérieur du film, c'est aussi d'induire la position sociale des personnages en fonction de la nature du média où ils apparaissent. Par exemple, une courte apparition au 20h d'une chaine nationale provoque plus de conséquences dans la vie de Souleymane qu'un travail régulier comme animateur de débat sur la télévision de quartier. Toutes les images ne se valent pas, et la perception du spectateur participe à la hiérarchisation. D'autre part, il y a toujours des tabous implicites, et si comme le personnage de Nadia, l'on ne respecte pas certaines règles, la bienveillance institutionnelle cesse. Et pour cause : la production d'images est devenue une forme d'action politique primordiale, parfois la seule ! Il est moins couteux de tenter de changer la perception d'une réalité, de créer une illusion de changement, que d'agir concrètement sur le monde. Ces questions traversent le film : qui produit quelle image ? Avec quels moyens ? Dans quel but ? Au profit ou au détriment de qui ?

Comment avez-vous choisi d'aborder « la banlieue » ?
Dans le film, les aspirations, les enjeux, les situations sont complexes et parfois contradictoires. La banlieue n'est pas abordée en tant que concept. Elle est le terrain d'un hasard, d'une rencontre entre des personnages d'origines sociales et géographiques différentes, qui s'y retrouvent au même instant, pour tenter d'y faire quelque chose ensemble.

Est-ce un film engagé ou militant ?
Ce n'est pas un film militant, car il ne cherche à convaincre personne d'une thèse en particulier. Ce qui m'intéresse c'est de donner matière à réfléchir au spectateur. Aucun des personnages n'a raison plus qu'un autre, mais l'on peut essayer de comprendre chaque point de vue. Chaque spectateur est libre de juger les personnages et d'interpréter le film comme il le souhaite.
Un film engagé, oui. D'abord, en ayant gardé tout au long de sa fabrication le souci de faire correspondre le fond, la forme et les conditions de production. Je revendique et suis fier de la production associative ! L'énergie qui rassemble des individus pour créer, agir en dehors de l'idéologie marchande, contre le « bon sens » individualiste, m'intéresse particulièrement. Dans une association, chacun a ses raisons, mais chacun fait sien, pendant un temps donné, un objectif commun. Les discussions, les compromis, les conflits, permettent d'avancer ensemble.

Renseignements pratiques :

2015 - 1h21 - couleurs

  • Première projection : Samedi 17 octobre à 16h au cinéma de la Courneuve.
  • Avant première : le 3 Novembre à 20h au cinéma La Clef, 34 rue Daubenton, 75005, Paris
  • Sortie en salle ; le 4 novembre 2015

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le site du film

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/42255
Source : http://www.educationpopulaire93.fr/spip.php?a...