vendredi 23 novembre 2007 à 20h30
« Faim dans le monde et marché agro-alimentaire mondialisé : qui profite de quoi ?»
https://paris.demosphere.net/rv/4082
SÉANCE UNIQUE Vendredi 23 Novembre à 20H30 AU ROYAL UTOPIA DE PONTOISE
SOIRÉE ORGANISÉE par ATTAC Cergy et le CADTM, avec Gustave MASSIAH,
membre du conseil scientifique d’ATTAC France, Président du CRID et
Roseline PELUCHON, membre du CADTM France
WE FEED THE WORLD
Erwin WAGENHOFER - documentaire Autriche 2006 1h36mn VOSTF -
Du 14/11/07 au 23/11/07
Savez-vous
que les cochons et les veaux qui finissent dans votre assiette sont
cause de la disparition des forêts primitives du Brésil ? Les
multinationales de l’agro-alimentaire ont rasé 350 000 hectares de
forêts en Amérique Latine pour cultiver le soja qui nourrit le cheptel
européen, ravageant les sols pour longtemps, provoquant un
empoisonnement des eaux qui rend malades les habitants petits et grands
de ces contrées, les prive de leurs moyens de subsistance… tandis que
les paysans européens disparaissent, que nos campagnes sont
abandonnées, que la friche gagne du terrain, faute de bras.
Qui a
bien pu nous convaincre qu’il est indispensable à notre bonheur de
bouffer des fraises insipides à Noël et des tomates sans goût toute
l’année ? Tomates, concombres et fraises étant réfractaires aux brumes
du nord, l’Europe tout entière fait désormais appel aux multinationales
concentrées dans l’Espagne du Sud : une mer de 25 000 hectares de
serres de plastique a dévasté les sols, épuisé les nappes phréatiques,
réduisant les populations locales à la dépendance, tandis que la
surproduction provoque une baisse des prix avec les conséquences que
l’on sait sur les producteurs qui ne peuvent pas suivre.
Est-il raisonnable de concentrer, en Afrique du Sud, en Asie,
l’essentiel de la production mondiale de poulets, trimballés ensuite,
par millions, sur des milliers de kilomètres, par air, par terre par
mer, consommant une énergie invraisemblable, jusqu’à nos assiettes ?
Avec toujours à la clé les mêmes problèmes de dévastation de
l’environnement, les mêmes conséquences sur l’équilibre économique
local, les mêmes conséquences sur la survie des paysans et des
populations…
Qu’est-ce qui ne va pas sur cette planète, qu’est-ce qui ne tourne pas
rond dans notre organisation qui nous conduit à bousiller l’écosystème
pour les décennies à venir et peut-être même pire, à entretenir la peur
de la pénurie, à créer des besoins inutiles pour toujours produire
plus, au-delà du nécessaire, à jeter pour peser sur les cours? Va-t-on
continuer ? Peut-on continuer à mener cette stratégie absurde, au nom
de « la croissance » ? Quelle croissance ? Qui en profite ? À quel prix
? Quel candidat audacieux osera soulever le problème dans cette
campagne présidentielle ?
Au début du film on embarque sur un petit chalutier avec des
marins-pêcheurs qui nous racontent comment l’Europe favorise la pêche
industrielle, poussant à la casse des bateaux, pourtant en bon état,
chaque fois qu’un marin arrive au terme de sa carrière. On apprend la
différence entre les poissons « faits pour être mangés et ceux faits
pour être vendus »… Suit une balade du Brésil à l’Europe, du Sud de
l’Espagne à la Roumanie, ponctuée de rencontres : du plus petit des
paysans au plus puissant des chefs de multinationale. Le discours des
uns répond aux conclusions des autres. Du PDG de Nestlé qui contrôle
8000 marques et s’affiche comme la 27e entreprise mondiale, en passant
par un des dirigeants de Pioneer, firme présente dans 120 pays et dont
le slogan « We feed the world » donne son titre au film, jusqu’au vieux
Brésilien qui montre le seul point d’eau qui lui est accessible, pollué
par la culture du soja, lui laissant le choix entre mourir de soif ou
mourir d’empoisonnement… Erwin Sagenhofer brosse un constat d’une
lucidité implacable sur les mécanismes qui conduisent à une
accélération de la compétition, dans une industrie faite pour nourrir
la vie et qui sème la mort.
« Avons-nous besoin qu’on laisse mourir tant de monde pour vivre ? »
interroge Jean Ziegler, fonctionnaire des Nations Unies, homme
politique Suisse, écrivain… Chaque jour cent mille personnes meurent de
faim alors que, avec la nourriture que produit la planète, nous
pourrions nourrir amplement douze milliards d’individus. Sur les six
milliards que nous sommes, 850 millions souffrent de malnutrition. Avec
le pain jeté chaque jour à Vienne, on pourrait nourrir la deuxième
ville d’Autriche…
Source : http://www.cadtm.org/rubrique.php3?id_rubriqu...