mercredi 20 mai 2015 à 19h
Intervention de Michel Agier « Politique du campement »
Séminaire « Actualité de la philosophie et des sciences sociales. » I
https://paris.demosphere.net/rv/39835
12 millions de personnes vivent dans des camps à l'échelle mondiale. Camps de réfugies, camps de déplacés, zones d'attentes, etc. Comment comprendre cet univers de camps et rendre compte de ces formes d'existence?
Michel Agier, auteur de 'Un monde de camps' en parle, le mercredi 20 mai, à la Sorbonne, Amphithéâtre Descartes, 19h-21h, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris.
Entrée libre. Ouvert à tous.
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/39835
Source : http://geoffroydelagasnerie.com/seminaire/
Source : message reçu le 6 mai 11h
Un monde de camps
Michel AGIER
Les camps se multiplient et se banalisent partout sur la planète. Ils sont aujourd'hui des milliers, dessinant peu à peu un nouveau paysage mondial. Gouvernements nationaux et agences internationales adoptent de plus en plus systématiquement cette solution pour « regrouper » les réfugiés humanitaires, pour « parquer », faire « transiter », « retenir » ou mettre à l'écart les « déplacés » et les migrants, les « clandestins » et autres indésirables.
Douze millions de personnes vivent ainsi dans ces camps, des millions d'autres dans des campements de fortune, au creux des forêts, dans les interstices des villes, le long des frontières ; d'autres encore sont piégées dans des centres de rétention, des zones d'attente ou de transit. Si ces « hors-lieux » sont des espaces de parias, nombre d'entre eux s'inscrivent dans la durée et se transforment au fil du temps : la vie s'y renouvelle, s'y attache, et l'emporte le plus souvent sur la mort ou le dépérissement.
En vingt-cinq monographies qui forment une sorte de tour du monde des camps (du plus ancien, à Chatila au Liban, au plus grand, à Dadaab au Kenya, qui regroupe 450 000 habitants, en passant par le plus informel, à Canaan en Haïti, ou le plus précaire, à Calais), cet ouvrage fait découvrir la vie intime et quotidienne de leurs habitants. Loin d'être l'« exception » que l'on évoque généralement dans un cadre humanitaire ou sécuritaire pour en justifier l'existence, les camps font durablement partie des espaces et des sociétés qui composent le monde aujourd'hui.
Anthropologie de la ville
Michel Agier
Aux frontières de l'achevé, de l'établi, de l'ordonné, du centre et du dominant, se trouvent le précaire, l'instable, le désordre, la périphérie et le dominé : une relation dynamique voire conflictuelle existe entre ces deux réalités, qui est celle du faire-ville.
Au moment où la ville se défait et disparaît dans de vastes conurbations sans borne, le regard anthropologique s'avère plus que jamais nécessaire pour retrouver, sans préjugé ni modèle a priori, les genèses et les processus qui recréent l'espace partagé de la ville. L'anthropologue Michel Agier défend et décrit une approche situationnelle et dynamique prolongeant les trois traditions d'enquête urbaine de l'école de Chicago, de l'école de Manchester et de l'anthropologie française du contemporain. L'ethnographie urbaine et réflexive permet de repenser la ville à partir des citadins et des logiques sociales, politiques et culturelles qui la font naître et se transformer. La question du faire-ville est ainsi au centre d'une réflexion qui se fonde sur des enquêtes menées dans les quartiers périphériques, les « favelas » et les campements en Afrique noire, au Brésil, en Colombie et plus récemment en Europe.