samedi 20 octobre 2007 à 17h
Coup de chapeau à René Vautier, l’homme à la caméra rouge
https://paris.demosphere.net/rv/3951
20 Octobre >
En présence de René Vautier, de Richard Hamon, de Bénédicte Pagnot et de Jean Lefranc
L’histoire du réalisateur René Vautier est celle d’une lutte incessante
par le cinéma et pour le cinéma, celle d’un artiste qui considère que
“la place d’un homme, dans un pays puissant, est d’être avec les plus
faibles, avec ceux d’en face”. Né en 1928, René Vautier s’engage dans
la résistance alors qu’il n’est que lycéen à Quimper. L’expérience de
la violence fait du jeune homme un anti-militariste pacifiste qui
décide d’utiliser une autre arme, intellectuelle celle-ci : le cinéma,
d’abord documentaire mais aussi fictionnel. En 1949, jeune homme, à
peine sorti de l’IDHEC, il part pour l’Afrique réaliser un film pour la
Ligue de l’Enseignement et devient cinéaste pour “dire vrai le monde”.
Il a 21 ans et n’est pas encore le réalisateur qui remportera, en 1972,
le Grand Prix de la Semaine internationale de la critique du Festival
de Cannes avec Avoir vingt ans dans les Aurès. Afrique 50 sera le début
d’une carrière mouvementée. Depuis cinquante ans, Vautier réalise des
documentaires dans lesquels il s’engage, en tant que cinéaste bien sûr,
mais aussi en tant que militant. Sa filmographie est toujours celle
d’un homme en colère qui combat pacifiquement, caméra au poing. Il a
filmé, de façon prépondérante et essentielle, les luttes anticoloniales
en Afrique subsaharienne et en Afrique du Nord, et les luttes sociales
en France. Il a reçu en 1998, le Grand Prix de la SCAM pour l’ensemble
de son œuvre.
17h : Le Petit Blanc à la caméra rouge, Afrique 50, Avril 50
Le Petit Blanc à la caméra rouge
France, 2007, 52 min
Réalisation Richard Hamon Image Camille Le Quellec
/ Son Philippe Virlois
Montage Denis Le Paven Production Vivement Lundi
!
Distribution Cinémathèque de Bretagne
Tourné en Afrique de l’Ouest en 1949 par un très jeune homme à peine sorti d’une école de cinéma, censuré en France de 1950 à 1990, Afrique 50 est, dans l’histoire du cinéma français, le premier film ouvertement anticolonialiste. Cette attaque en règle de la politique africaine de la France, à une époque où la métropole tentait en vain de renouveler sa relation à l’Afrique coloniale, fut un brûlot, que le gouvernement français tenta d’étouffer par tous les moyens. C’est aussi le premier film de René Vautier qui réalisera en 1971, Avoir vingt ans dans les Aurès, une autre œuvre emblématique de la représentation de la politique française en Afrique. Par son retentissement, Afrique 50 a joué un rôle important dans l’émergence des idées anticolonialistes dans la France de l’aprèsguerre. En retraçant l’histoire mouvementée du tournage du film entre le Sénégal, le Mali et la France, en re-situant Afrique 50 dans le contexte historique et politique de l’époque, Le Petit Blanc à la caméra rouge met en évidence l’importance historique du film de René Vautier.
> En présence du réalisateur Richard Hamon
Afrique 50
France, 1950, 15 min Réalisation René Vautier / Image, montage René
Vautier Son Antoine Bonfanti / Production Ligue française de
l’enseignement, René Vautier Distribution Cinémathèque de Bretagne En
1950, il filme Afrique 50, premier film anticolonialiste en France, et
le présente en dépit de la censure française qui lui confisque une
grande partie de ses bobines. Dans ce court documentaire, René Vautier
se consacre aux conditions de vie dans les villages des colonies
françaises d’Afrique occidentale. Le film fut – évidemment – saisi et
interdit et René Vautier emprisonné. Afrique 50 est encore aujourd’hui
d’une étonnante actualité. Tout ce que René Vautier y dénonce, comme
l’exploitation des Africains et de leurs ressources par des grandes
compagnies, existe toujours, c’est maintenant Elf et d’autres…
Avril 50
France, 2007, 32 min Réalisation Bénédicte Pagnot Production Vivement Lundi ! Le 17 avril 1950, rue Kerabécam à Brest, des ouvriers manifestent. Les forces de l’ordre tirent. Un jeune homme s’écroule, une balle dans le front, et meurt. Le lendemain, un jeune cinéaste arrive à Brest. Il filme la ville en grève et en deuil. Plus de cinquante ans plus tard, deux auteurs de bande dessinée décident de raconter cette histoire. En suivant le travail du scénariste Kris et du dessinateur Étienne Davodeau, Avril 50 retrace les principales phases de la création de la bande dessinée Un Homme est mort. Il interroge les motivations des deux auteurs, leur rapport à l’histoire du mouvement ouvrier et leurs regards sur les événements brestois d’avril 1950. Ce film est le premier opus d’une collection de films consacrés aux relations entre l’Histoire et la bande dessinée.
> En présence de la
réalisatrice Bénédicte Pagnot
19h30 > Signature de la BD par René Vautier
Un homme est mort
de Kris, scénariste et Étienne Davodeau, dessinateur et coloriste
Depuis son lancement en octobre 2006, Un homme est mort est un succès
d’édition. Vendu à plus de 35 000 exemplaires, il a obtenu le Prix
France Info 2007 de la BD d’Actualité et le Prix du Jury œcuménique de
la bande dessinée du Festival d’Angoulême 2007.
http://www.futuropolis.fr/pdf/kris-davodeau02.pdf
20h : Quand tu disais Valery
France, 1975, 135 min Réalisation René Vautier Production Centre de Culture Populaire de St-Nazaire La SEMM à Trignac emploie huit cents salariés qui fabriquent des caravanes pour l’entreprise Trigano. Lorsqu’il sont licenciés, ils décident d’occuper l’usine. A la mort de Pompidou, les pouvoirs publics ne tiennent pas leurs promesses et l’usine est définitivement fermée. Ce film est avant tout une œuvre militante conçue comme telle et due à l’action des syndicats CGT et CFDT. Les travailleurs eux-même ont conçu et réalisé le film, basé sur des interviews. Il constitue un témoignage important des luttes ouvrières des années 1970.
> En présence de Jean Lefranc, CCP Saint-Nazaire
22h30 : Avoir 20 ans dans les Aurès
France, Fiction, 1972, 100 min
Réalisation René Vautier
Image Pierre
Clément
Production Unité de production cinématographique de Bretagne
Avec Alexandre Arcady, Jean-Michel Ribes, Yves Branellec, Philippe
Brizart, Jacques Causelier
Avoir vingt ans dans les Aurès est un film
de René Vautier, réalisé sur la guerre d’Algérie, dix ans après la fin
de celle-ci. Le film est une fiction réalisée sur un air de
documentaire qui dénonce l’absurdité de la guerre. Avoir 20 ans dans
les Aurès explique l’histoire d’un commando entièrement composé
d’éléments réfractaires à la guerre en Algérie. Des antimilitaristes,
refusant de tuer un être humain, des fils de prolétaires, pour qui la
condition de l’homme prime sur l’identité nationale. Ce commando, pris
en main par un lieutenant fort en gueule, incarné par Philippe Léotard,
va vivre la guerre et y participer malgré lui, mettant le doigt dans un
engrenage complètement absurde. Avoir vingt ans dans les Aurès nous
rapporte le témoignage de militaires français, leur implication
impersonnelle et sanguinaire dans un conflit qui dépasse l’homme. Avoir
20 ans dans les Aurès est un film résolument moderne, avec des
flash-back, des confessions face à la caméra, des scènes paysagères et
contemplatives, succédant à des plans accompagnés de chants
antimilitaristes de l’époque. L’absurdité de la guerre est dénoncée. Un
homme qu’on a tué, c’est cent autres qu’on se promet de massacrer pour
le venger. L’Algérie est meurtrie, dépecée, violée, pillée, massacrée.
Le scénario s’est construit à partir de témoignages d’anciens de la
guerre d’Algérie : lettres écrites aux proches, révélations des actes
de torture, de viol et de pillage... La diffusion du film dans les
cinémas a longtemps été interdite, combattue, par des partis politiques
comme le Front National, mais aussi le RPR et l’UDF. On retrouve encore
des affaires de conflits, autour de sa projection, dans les années
1990. René Vautier a été parti prenante dans l’histoire. Poursuivi pour
atteinte à la sécurité intérieure de l’état Français en 1955, pour
avoir déclaré que l’Algérie serait un jour indépendante, Vautier a été
le premier cinéaste à braver l’interdit pour faire un cinéma en se
plaçant du point de vue Algérien. Avoir 20 ans dans les Aurès remue le
spectateur, à la fois pour la vision d’horreur de la guerre d’Algérie,
et par la preuve de son absurdité. Vautier nous représente une force,
qui pousse les hommes, déformés par l’incompréhension, la peur, voir
même le malentendu, à s’entretuer. Avoir 20 ans dans les Aurès est un
film indispensable, une “fiction de faits réels”, une réalisation
contre les tabous de l’histoire.