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mardi 3 mars 2015 à 12h

Solidarité avec les « bas salaires » de Paris 8

Depuis plus d'une trentaine de jours, les personnels administratifs de catégorie C et bas salaires de l'université Paris 8, pour beaucoup des femmes, conduisent une grève pour une réévaluation de leurs traitements, dans un contexte général de gel de l'indice qui concerne l'ensemble des personnels de l'enseignement supérieur et de l'éducation nationale. Avec des revenus de travail ou de retraite qui ne permettent pas de voir bien loin, ces personnels en grève sont bien placé-e-s pour observer les aspects les moins reluisants du devenir actuel de nos universités.

Chaque jour, leur collectif tient une table dans le hall d'entrée du bâtiment A, devant la bibliothèque, pour expliquer au tout-venant leurs revendications et les raisons de leur mouvement. Loin d'être exclusivement centré-e-s sur des demandes catégorielles, leurs revendications intéressent l'ensemble des personnels de l'université, qu'elles/ils travaillent dans l'administration ou soient enseignant-e-schercheur-ses. Ce qui se passe à Paris 8 n'est d'ailleurs pas un cas isolé : des mouvements analogues ont vu le jour dans plusieurs universités. A Lyon 2, depuis plusieurs mois, des enseignant-e-s vacataires ont été obligé-e-s de se mettre en grève pour obtenir au minimum un contrat de travail. Nous pensons que les fins de mois impossibles, la précarité et la chute des retraites d'un certain nombre de nos collègues ne sauraient être banalisées ou rendues invisibles dans le tourbillon du fonctionnement quotidien de nos établissements, continuellement débordés par les injonctions contradictoires du ministère de faire toujours plus avec des moyens en constante diminution.

Au cours des négociations, la présidence a accepté d'étudier la possibilité de rehausser les primes des catégories C, sur une base qui correspondrait à une augmentation de 70 euros bruts par mois. Cette proposition est apparue insuffisante au collectif, qui a décidé de reconduire la grève, pour demander une augmentation de la prime d'un montant de 98 euros nets par mois pour tous les bas salaires, et en demandant que l'ensemble des contractuel-e-s puissent aussi en bénéficier. Suite à cette revendication, la présidence a finalement accepté une augmentation de 70 euros bruts par mois pour tous les personnels, incluant les catégories A, B, C et contractuel-e-s. Constatant que ce qui était auparavant réputé impossible ne l'est plus, et en se basant, comme le fait tout mouvement social, sur ce qu'il parvient à obtenir, le collectif a donc décidé de reconduire la grève pour défendre ses revendications initiales (98 euros nets par mois pour tou-te-s).

Ce mouvement a le mérite de nous rappeler qu'il est possible de mettre en discussion les inégalités de revenus dans notre établissement et de réfléchir aux moyens d'y remédier sans entrer dans des logiques de concurrence. Dans une situation de rapport de force, ce qui pouvait apparaître comme une contrainte objective et technique, comme un fait de pure comptabilité, ne l'est plus tout à fait. Ce rappel est salutaire dans un contexte où les laboratoires de recherche sont eux-mêmes de plus en plus mis en concurrence au nom de l'« excellence » ou de slogans dont la pertinence scientifique est pour le moins douteuse.

Elue sur la base d'une tradition favorable aux mouvements sociaux, la présidence de notre université s'honorerait de ne pas réagir à ce mouvement par des retenues sur salaire ou des gestes de nature punitive qui auront pour effet de fragiliser encore davantage les collègues les plus vulnérables financièrement. Il serait par ailleurs curieux d'imaginer que les questions que ce collectif a su poser avec détermination pourraient être résolues de manière aussi mécanique. Ces questions ne manqueront pas en effet de réapparaître sous une autre forme, tant la situation économique, pour beaucoup, s'avère de plus en plus tendue et dégradée.

Il en va du climat de travail de notre université, des formes de solidarité qu'il est encore possible d'y faire vivre et d'y inventer, face à la montée en puissance d'un discours managérial et comptable du fait accompli, dont la contrainte s'exerce en définitive sur tous-tes et ce de manière transcatégorielle et trans-professionnelle.

Les enseignant-e-s, enseignant-e-s-chercheur-ses, et chercheur-ses appellent à se mobiliser en solidarité avec le collectif des bas salaires :

  • en allant au petit déjeuner BIATOSS qui est proposé ce lundi 2 mars à 10h30 dans le Hall du bâtiment A ;
  • en rejoignant l'AG du mardi 3 mars à 12h dans le hall du bâtiment A, carrefour des sans papiers ;
  • en contribuant à la caisse de grève : en espèces ou par chèque à l'ordre du CREV.

Une réunion des EC pourrait se tenir mardi à 14h pour envisager les formes de notre mobilisation.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/38330
Source : http://www.sudeduccreteil.org/Solidarite-avec...