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vendredi 7 septembre 2007 à 18h

Rassemblement de soutien aux pêcheurs tunisiens emprisonnés pour délit de solidarité

Le MRAP, pleinement solidaire des 7 pêcheurs tunisiens d’agrigente dénonce les effets mortiferes des politiques migratoires européennes et demande la relaxe immédiate des pêcheurs et l'indemnisation des familles.

Le 22 août dernier ont commencé à comparaître devant le tribunal d’Agrigente (Sicile), sept pêcheurs tunisiens poursuivis par la Justice italienne pour avoir, le 8 août 2007, « favorisé l’immigration clandestine » (ils encourent une peine pouvant atteindre 15 ans de prison, au titre de la loi Bossi-Fini du 12 juillet 2002) en prenant à bord de leurs deux embarcations de pêche (le Mortadha et le Mohammed el-Hedi) quarante quatre migrants, partis de Libye le 5 août, à la dérive sur un Zodiac en perdition dans des vagues de plus de deux mètres de creux où ils allaient sombrer (cinq d’entre eux se sont endormis d’épuisement et de faim pour ne pas se réveiller). D’autres bâtiments de pêche avaient déjà refusé de les prendre à bord, effet tragiquement palpable des intimidations croissantes dont font l’objet les pêcheurs en Méditerranée, sous la pression des politiques anti-migrants de l’Union Européenne.
Le Mortadha et le Mohammed el-Hedi étaient partis de Monastir (Tunisie) pour se livrer à la pêche traditionnelle dite du “cianciolo” (deux bateaux d’éclairage des fonds marins et un bateau-mère, lance-filets). Ils se trouvaient alors dans le Canal de Sicile, entre Malte et l’île italienne de Lampedusa, rivage le plus proche au moment du sauvetage. C’est légitimement vers ce rivage que les pêcheurs tunisiens ont acheminé les naufragés, conformément aux prescriptions des conventions internationales en vigueur - Convention SOLAS de 1974 pour la sauvegarde de la vie humaine en mer et Convention SAR de 1979 sur la recherche et le sauvetage maritime – après avoir dûment averti les Centres de Coordination et de sauvetage (RCC) de Tunisie, de Malte et d’Italie. Les navires de sauvetage maltais et italiens, rendus sur les lieux, n’y ont prodigué que de simples secours d’urgence (eau, gilets de sauvetage…), refusant de prendre à leur bord les migrants à la dérive. Ce sont donc les embarcations de pêche qui, suivant les garde-côtes italiens, les ont acheminés vers Lampedusa, atteint au bout de deux heures de navigation. Parmi les rescapés, onze femmes (dont deux enceintes) ainsi que deux enfants (l’un d’eux handicapé). Plusieurs de ces rescapés furent jugés dans état suffisamment grave pour être immédiatement transportés par hélicoptère à l’hôpital de Palerme. La chronique ne dit rien du sort de ces rescapés qui ont fort probablement été déjà « expulsés » d’Italie à destination de leurs pays africains d’origine ou de la Libye, pays d’embarquement où les migrants – selon les multiples témoignages de ceux qui y transitent – connaissent les violences et les tortures des camps d’internement, l’exploitation esclavagiste de leur travail et le racisme.
Après dix jours d’audience, le procès des pêcheurs - suspendu par quinze jours de « vacances judiciaires » italiennes - ne devrait reprendre que le 20 septembre prochain. D’ici là, les pêcheurs restent emprisonnés. Ainsi en a décidé la juridiction qui a rejeté la demande de mise en liberté provisoire de leurs avocats. Depuis les villes côtières de Monastir et Teboulba, les familles des pêcheurs, privées de ce fait de leur unique moyen de subsistance, crient leur incompréhension, leur colère et leur désespoir.
Le MRAP
- exprime aux pêcheurs tunisiens détenus depuis le 8 août sa pleine solidarité, demande avec force leur libération ainsi que l’arrêt immédiat des poursuites à leur encontre, exige une juste indemnisation de leurs familles pour le préjudice subi ;

- appelle avec force au soutien et à la signature de l’appel du Réseau MIGREUROP ( dont il est membre) intitulé « Procès d’Agrigente : non au délit de solidarité » (http://www.migreurop.org/article1188.html);

- appelle à participer massivement au rassemblement de protestation organisé par la FTCR-Fédération Tunisienne pour une citoyenneté des deux Rives, devant l’ambassade d’Italie, 47 rue de Varenne 75007 PARIS, Métro Varenne, vendredi 7 septembre 2007 à 18h00 et soutient les mobilisations qui auront lieu le même jour à Agrigente et dans diverses villes d’Europe et d’Afrique (Rabat, Tunis…) ;

- se joint à la mobilisation de toutes les forces démocratiques siciliennes, italiennes, françaises et européennes afin d’obtenir de l’UE et de ses Etats membres :

  • qu’ils remettent en cause et modifient des législations et des politiques migratoires de criminalisation des migrants aux effets meurtriers flagrants et indéniables,
  • qu’ils respectent les conventions internationales relatives aux secours en mer ainsi qu’au droit d’asile dont ils sont signataires.


Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples 43 bd Magenta - 75010 Paris

Source : communiqué MRAP (mrap.fr)