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vendredi 12 décembre 2014 à 9h

Journée d'étude

Crises et critiques

La critique est-elle devenue consensuelle ?

On assiste depuis le milieu des années 1990 à un retour de la critique politique et sociale. Du renouveau des mouvements sociaux à la grande crise économique de 2008, en passant par le printemps des peuples arabes, contestation et conflictualité font un retour marqué en ce début de XXIe siècle. Alors que le mouvement ouvrier issu du XIXe siècle, et la principale théorie qui l'a accompagné - le marxisme - ont subi de lourdes défaites, de nouvelles théories critiques émergent et se saisissent de manière novatrice des enjeux contemporains. On observe une augmentation des occurrences de « pensées critiques », « théories critiques » et « critiques » depuis 2000. Dans toutes les disciplines des sciences humaines et sociales (sociologie, histoire, géographie, science politique, économie, philosophie, etc.), des courants se réclament de la critique. Pour autant, en l'absence d'un cadre commun de pensée, de principes et de pratiques politiques, ce développement et la multiplication des travaux se réclamant de la critique ne conduisent-ils pas à un éclatement même de la notion, voire à son affadissement ou à son cantonnement à la sphère académique ? Que peut-on alors entendre par critique ? S'agit-il d'une volonté de renouvellement des disciplines universitaires, d'une inscription scientifique dans les théories critiques telles qu'elles ont pu être élaborées aux XIXe et XXe siècle ? Qu'est-ce que l'usage du terme de critique dit du travail de recherche vis-à-vis d'une critique d'ensemble du monde social ? Implique-t-il un engagement des chercheur·ses dans les débats qui traversent la société et le monde politique et militant ?

De telles questions ne visent pas à reformuler de façon abstraite de grands principes sur l'engagement des chercheur·ses, mais s'ancrent dans une séquence politique et sociale particulière. La situation ouverte par la crise des subprimes en 2008 a plongé les peuples européens dans des politiques d'austérité drastiques mais les ont également confrontés à des crises politiques majeures et à un bouleversement des règles démocratiques dans certains pays, provoquant des résistances de grande ampleur, comme en Grèce ou en Espagne. Si la France n'a pas connu de tels mouvements, la mise en marché de l'enseignement supérieur et de la recherche et la précarisation des personnels amènent les universitaires à prendre position, comme salarié·es autant que comme intellectuel·les. L'économie est particulièrement concernée par ce double mouvement, ce qui se traduit en France par le fleurissement d'associations (Association Française d'Economie Politique - AFEP, économistes atterrés, étudiants pour le pluralisme - PEPS). Quels sont alors, au-delà même de la science économique, les effets de la crise de 2008 sur les milieux universitaires et de la recherche européens ? Quelles sont les expériences, au sein de l'université comme en dehors, de résistances universitaires, des chercheur·ses comme des étudiant·es, aux politiques actuelles ? Quels mots les chercheur·ses ont-ils et elles à dire sur la crise, sur ses causes comme sur ses conséquences ? Comment penser dans une perspective critique le moment dans lequel nous nous trouvons ? C'est à partir des réflexions menées depuis trois ans au sein du séminaire « Pensées Critiques contemporaines » à l'EHESS que nous proposons une journée d'études autour de ces questions.

Qu'en est-il des nouvelles théories critiques qui émergent et comment se saisissent-elles des enjeux contemporains ? Comment une réinscription des sciences et des scientifiques dans la vie de la cité se décline-t-elle suivant les disciplines, les contextes socio-historiques ? Comment articuler théories et pratiques à partir de différents champs d'études ? Nous souhaitons ainsi mettre en débat plusieurs approches qui se réclament de la critique dans différentes disciplines, et aussi questionner le rôle et les positions des enseignant·es et chercheur·ses face à la crise présente. Nous interrogerons donc l'apport des pensées critiques à la compréhension du contemporain, tout autant que l'agir politique des milieux universitaires dans la séquence actuelle.

Programme

Dans toutes les disciplines des sciences humaines et sociales, des courants se réclament de la critique. Qu'est-ce que l'usage du terme de critique dit du travail de recherche vis-à-vis d'une critique d'ensemble du monde social ? Implique-t-il un engagement des chercheur·ses dans les débats qui traversent la société et le monde politique et militant ?

9h : Accueil

Introduction, Séverine Chauvel et Cédric Durand

Critique et disciplines scientifiques, Fanny Gallot et Séverine Chauvel

  • Ludivine Bantigny (GRHIS, Université de Rouen et CHSP), L'événement, la crise et l'histoire critique
  • Cécile Gintrac (Université Paris Ouest), La géographie critique urbaine in situ
  • Cédric Moreau de Bellaing (LIER, ENS Paris), Des effets pervers en épistémologie des sciences sociales. Le constructivisme social et la question de la critique

Déjeuner

La critique comme intervention, Vincent Gay et Philippe Légé

  • Rose-Marie Lagrave (Champs libre pour les sciences sociales et EHESS), Jalons pour construire un « intellectuel collectif » critique
  • Sabina Issehnane (économiste atterrée, CEE et CIAPHS, Université de Rennes II), Quel rôle pour les économistes au sein des pensées critiques ?
  • Laurence De Cock (Professeure agrégée d'histoire, Université Paris Diderot, CVUH, Aggiornamento histoire-géographie), Les espaces d'usages publics de l'histoire sont-ils des lieux (de la) critique(s) ?

La crise contre la critique, Pauline Delage et Hugo Harari-Kermadec

  • Éric Martin (IRIS, Collège Édouard-Montpetit, Québec), La marchandisation de l'Université contre la critique
  • Fanny Darbus (ASES et CENS, Université de Nantes), La politisation de l'ASES depuis les lois Pécresse. Les techniques de la sociologie critique comme arme de persuasion et de mobilisation
  • Jean-Luc Richard (ASES et CRAPE, Université de Rennes I), L'universitaire et l'action publique en temps de crise
  • Thomas Lamarche (AFEP et LADYSS, Université Paris Diderot), Ce que le néolibéralisme (en crise) fait à la pensée économique

Comité d'organisation

  • Séverine Chauvel (Université Paris Est Créteil, LIRTES-OUIEP)
  • Pauline Delage (UNIL, CEG)
  • Cédric Durand (Université Paris 13 - CEPN)
  • Fanny Gallot (Université Paris Est Créteil-ESPE, CRHEC)
  • Vincent Gay (Université d'Evry, LHEST-IDHES)
  • Hugo Harari-Kermadec (ENS Cachan, IDHES)
  • Razmig Keucheyan (Université Paris 4 Sorbonne, GEMASS)
  • Philippe Légé (Université de Picardie, CRIISEA)

Inscriptions (gratuites) et informations : semiexnaire.pcexc@gmail.excom

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/36323
Source : message reçu le 3 décembre 11h
Source : http://pcc.hypotheses.org/
Source : http://atterres.org/conf%C3%A9rence/la-critiq...