thème : travail
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jeudi 5 juin 2014 à 20h30

Projection débat « On trace le chemin »

Séance autour de l'aventure du LKP de Guadeloupe en présence d'Agnès Denis, réalisatrice, d'Alex Bandou, membre du LKP,
secrétaire général de l'Union des Producteurs Agricoles de Guadeloupe.

La séance sera précédée d'un apéro guadeloupéen
( punch + accras : 5 euros - au profit des Amis de la Confédération Paysanne)

On trace le chemin

Documentaire d'Agnès DENIS - France 2013 1h29mn -

ON TRACE LE CHEMIN

Tout le monde a en tête le grand mouvement du LKP en 2009 (Liyannaj Kont Pwofitasyon que l'on peut traduire par Collectif contre l'exploitation outrancière) qui réussit par une grève sans précédent de 44 jours à paralyser toute la Guadeloupe mais surtout à réveiller la conscience politique de tout un peuple souvent endormi depuis les velléités indépendantistes, fortes surtout dans les années 70. Ce mouvement était né principalement pour lutter contre la vie chère, dans un pays frappé par un chômage endémique inimaginable en métropole (35%, 60% chez les - de 25 ans) et des prix élevés du fait de l'insularité et d'un réseau de distribution des biens de consommations courantes centré sur une lointaine métropole. Les revendications portaient sur une baisse générale des prix des biens de première nécessité (eau, transports, énergie, carburants), sur un SMIC réellement adapté à la chèreté guadeloupéenne et sur un relèvement immédiat des plus bas salaires et minima sociaux. Le leader du mouvement, Elie Domota, devint une figure courtisée des chaînes de télévision nationales. Mais ce serait réducteur de limiter le LKP et la lutte du peuple guadeloupéen à cette grève de 2009, le LKP existant d'ailleurs toujours et restant très actif. Quand la réalisatrice Agnès Denis pose sa caméra en Guadeloupe en 2012, elle comprend très vite que ce qu'ont semé le LKP et ses soutiens associatifs ou citoyens, c'est une remise en question fondamentale de certaines habitudes ou mentalités propres à l'île. Comme le dit très justement un artiste dès les premières minutes du film, le LKP a contrecarré l'héritage de « l'habitation », lieu de vie des esclaves mais dont certains habitus ont perduré dans une forme d'assistanat consenti. Ce pour quoi le LKP milite aujourd'hui avec de nombreuses associations, c'est redonner la confiance aux Guadeloupéens dans la légitimité de leur lutte, ce qui passe par la réappropriation de leur histoire et aussi la recherche de souveraineté alimentaire et d'autonomie économique dans un pays marqué par une agriculture coloniale tournée complètement vers l'exportation en métropole de produits exotiques (canne à sucre, bananes etc…).

La réalisatrice Agnès Denis a été à la rencontre d'artistes, de sociologues, d'entrepreneurs, de paysans, de militants pour suivre le chemin qui se dessine et se trace dans le peuple guadeloupéen. Au centre de cette lutte, les paysans tournent la page d'une agriculture gavée aux pesticides (même quand certains d'entre eux étaient interdits en métropole) qui fait de la Guadeloupe le triste détenteur du record de cancers liés aux perturbateurs endocriniens. Aujourd'hui les paysans guadeloupéens retrouvent le goût (y compris par la formation des enfants à la cantine) des produits vivriers locaux, de l'élevage de races domestiques robustes, d'une pêche longtemps délaissée pour la plaisance. On voit aussi se développer des secteurs prometteurs comme les cosmétiques bio ou le tourisme d'affaires. C'est cette île en pleine mutation et son peuple inventif et courageux qu'on découvre avec passion avec Agnès Denis.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/33409
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...