thème : écologie
Réagir (0)EnvoyeriCalPartager

jeudi 12 juin 2014 à 20h

Projection débat « La ligne de partage des eaux »

Séance à 20h30 précédée à partir de 20h d'un apéritif paysan en participation libre et suivie d'un échange avec des paysans de la Confédération Paysanne. Soirée soutenue par les Amis de la Confédération Paysanne, les Paniers de Beauchamp, le Parti de Gauche et Europe Ecologie les Verts

La ligne de partage des eaux

Documentaire de Dominique Marchais - France 2013 1h48mn -

avec les riverains des bords de Loire et de ses affluents, et les habitants parfois invisibles de tous ces cours d'eau...

LA LIGNE DE PARTAGE DES EAUX

Conséquence relativement récente des progrès technologiques, nous perdons peu à peu la conscience de notre propre espace. La rapidité des transports nous fait littéralement survoler des paysages et des régions que l'on n'a plus le temps d'appréhender, sur des voies qui ne contournent plus les reliefs, ne longent plus les cours d'eau et leurs vallées mais les traversent ou les transpercent. Le temps est venu du GPS, la lecture d'une carte semble être devenue obsolète et chacun se rend d'un point à un autre sans avoir aucune idée des territoires traversés, l'œil et l'oreille rivés sur les simples indications du guide informatique à la voix robotisée. Dominique Marchais, cinéaste géographe, mais surtout promeneur infatigable, fait perdurer avec verve cette mémoire et cette conscience des paysages et des terroirs. Dans son précédent documentaire, le formidable Le Temps des grâces, il développait une réflexion passionnante sur la France agricole et ses métamorphoses autant écologiques qu'historiques.

La Ligne de partage des eaux part d'une notion géographique qui fut évidente à tout petit écolier jusqu'aux années 60 : le bassin versant, ce large secteur qui recouvre toutes les terres irriguées par un fleuve et ses affluents. Ce qui passionne Dominique Marchais, c'est qu'une telle observation brasse des approches très diverses et qui pourtant vont toutes de concert : une analyse écologique, car le moindre bouleversement proche de la source d'un des innombrables rus et de ses berges affectera bien en aval le fleuve ; les notions d'aménagement du territoire, car une autoroute qui traverse un bassin versant ou une zone d'activités qui s'installe sur une terre autrefois agricole ont des conséquences considérables ; et avec l'aménagement, la question de la démocratie locale.

Le film s'intéresse au bassin versant très emblématique de la Loire, depuis ses nombreuses sources jusqu'à son estuaire à Saint-Nazaire, quand le fleuve est bordé par les terminaux méthaniers et les chantiers de construction. Le trajet commence en toute logique par une terre chère au cœur de votre rédacteur, le Plateau de Millevaches, le pays des mille sources, que les géographes du 19ème siècle considéraient comme le château d'eau de la France, d'où part en plusieurs rigoles la source de la Vienne qui grossira la Loire. Un terroir où se pense aujourd'hui le monde autrement, plus respectueusement de son environnement. On y découvre, à travers l'action de jeunes biologistes et entomologistes mais aussi de celle de la méconnue police de l'eau, l'importance de la préservation des biotopes naturels aquatiques. Pas facile quand cela complique la vie des agriculteurs déjà fragilisés ou quand les ouvrages hydroélectriques ou de loisirs ont canalisé voire bloqué la circulation des poissons. Plus tard, plus nous irons vers l'aval et plus les questions d'aménagement du territoire seront prégnantes. Ainsi quand un écologue nous propose de remonter en voiture le chemin qui va d'un hameau du plateau de Millevaches à Limoges la métropole régionale, en passant du chemin vicinal s'intégrant dans le paysage et sillonnant entre les haies jusqu'à l'A20 qui survole littéralement le territoire qu'elle coupe littéralement en deux en dépit des reliefs…

Les questions d'aménagement amènent tout naturellement à s'interroger sur la démocratie locale : par exemple quand les élus de Millevaches veulent résister à l'intercommunalité d'une agglomération comme Aubusson ou quand les représentants de la Mairie de Châteauroux, désireuse de construire une énième plateforme d'activités gigantesque dans la course à l'échalote du commerce mondialisé, affrontent les questions pertinentes des citoyens. Et le film éclairant de Dominique Marchais s'avère non seulement une invitation à reprendre conscience de nos terroirs mais aussi à reprendre en main le destin de nos paysages, que nous nous devons en tant que citoyens protéger par notre vigilance et notre mobilisation.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/33182
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...