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de la région parisienne

Projection débat « Intimes violences »

https://paris.demosphere.net/rv/33080

Séance à Utopia Saint-Ouen suivie d'une rencontre avec

• Stéphane Mercurio, la réalisatrice,
• Madame Valérie-Odile Dervieux, 1er Vice Procureur de la République au TGI de Pontoise, l
• 'Association du Côté des Femmes et
• des équipes d'Espérer 95.

Soirée soutenue par la Ligue des Droits de L'Homme de Cergy -

Intimes violences

Film documentaire de Stéphane Mercurio - France 2013 52 mn

Ça commence par des paroles entendues dans les locaux d'un commissariat du 18 ème arrondissement de Paris. Les paroles d'une de ces innombrables victimes de violences conjugales, qui ont bien du mal à mettre des mots sur un vécu insupportable et tristement banal, celui de conjoints qui déchaînent leur violence autant verbale que physique au moindre prétexte anodin, souvent devant des enfants, témoins involontaires des drames quotidiens. Les chiffres sont là, terribles: 148 femmes sont mortes en 2012 sous les coups de leur conjoint et celles qui y survivent mais souffrent au quotidien, parfois abusées sexuellement (le viol conjugal est aussi une composante terrible), se comptent par dizaines de milliers. Stéphane Mercurio a décidé de poser sa caméra discrète là où ces faits s'énoncent: commissariats, unité médico-judiciaire de l'Hôtel Dieu, bureau du vice-procureur de Pontoise, spécialement chargée des ces violences. On ne verra jamais les femmes victimes, filmées de dos, mais on entendra longuement leurs paroles, enfin déroulées après avoir été trop longtemps retenues, et on devinera à leurs gestes tremblants toute la terreur inscrite dans leur corps.

Sobrement, sans commentaire, et cela n'en est que plus fort, on entend le témoignage de celle qui tente de minimiser (ça a commencé par des « taquineries » dit-elle) ou de celle qui accepte un téléphone d'urgence qui permet en une seule pression d'alerter les services de police si son ancien compagnon revenait l'agresser. Mais le film va aussi à la rencontre des hommes violents, souvent dans le déni ou la minimisation, mais tout aussi souvent banalement ordinaires et plus pathétiques que monstrueux. On retrouve ces hommes notamment lors des réunions d'écoute et de suivi organisées par nos voisins et partenaires d'Espérer 95 car, dans les cas les moins graves, quand la victime souhaite continuer à vivre avec son conjoint agresseur, la solution passe par la compréhension et la thérapie, le tout répressif ne résolvant pas tout. Ceci n'évacue pas les drames qui virent à la tragédie, le film se terminant lors d'une marche blanche organisée suite au décès d'une femme assassinée par son mari devant ses enfants qui ont tenté en vain d'appeler à l'aide et qui ont dû faire face à la peur des voisins qui, classiquement, préfèrent ne pas se mêler de ce qui ne les regarde pas: l'indifférence ou l'aveuglement de l'entourage sont tristement ce qui nourrit souvent l'impunité des violences conjugales. Stéphane Mercurio, dont on connait le travail remarquable mené en milieu carcéral (on a montré ses remarquables A Côté et À l'ombre de la République) s'avère définitivement une des documentaristes les plus sensibles et les plus justes quand il s'agit de partir à l'écoute de ceux que personne ou presque n'entend.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/33080
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...