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Soirée en hommage à Hrant Dink en présence de Fethiye Cetin

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Le 19 janvier 2007, Hrant Dink fut assassiné en plein centre d'Istanbul, devant la maison d'édition du journal arméno-turc Agos dont il était le fondateur. Un rassemblement spontané de milliers de personnes choquées et blessées, de toutes origines confondues eut lieu près de la scène du crime. Le cortège de funérailles rassembla à nouveau une foule immense.

Ce crime perpétré à l'encontre d'un journaliste arménien luttant pour la liberté d'expression, un citoyen dont la parole avait maintes fois levé le voile sur les interdits, visait à travers lui, une communauté et un peuple dont l'histoire était niée. Cet événement ébranla les consciences. Des voix jusque-là silencieuses se sont élevées, réclamant que l'on déverrouille l'histoire et que l'on porte au grand jour la vérité sur l'histoire des Arméniens. Plus que jamais le dialogue préconisé par Hrant Dink s'imposait.

C'est ainsi qu'Istanbul fut le cadre d'une grande manifestation de solidarité avec les Arméniens de Turquie. A Paris également, le 27 janvier 2007, un cortège formé de citoyens originaires de Turquie et d'Arméniens de la diaspora a clamé sa tristesse, son indignation et son besoin de justice.

Hrant Dink était un journaliste, un humaniste et un Arménien de Turquie. Sa lutte pour le dialogue entre les peuples turc et arménien autour de leur histoire commune, s'inscrit dans le cadre de la Question arménienne en Turquie. Cette question est l'un des fondements de la République turque, établie notamment sur l'annihilation des Arméniens. Il a osé soulever et porter ce sujet sensible sur la place publique en Turquie car selon lui, seule une confrontation sincère avec le passé permettrait au pays de s'engager sur la voie de la démocratie.

Aujourd'hui, d'autres personnalités courageuses et des acteurs de la société civile se sont mis en marche, créant des espaces de rencontre, ravivant les mémoires, conscients qu'il est juste de situer ce crime dans le contexte de la Question arménienne. Ils poursuivent ce combat pour une Turquie capable d'une remise en question de son histoire et de ses fondements.

A ce jour, le procès ouvert à la suite de cet assassinat, n'a pas permis que ses réels auteurs soient punis. L'enquête, qui a abouti à des révélations scandaleuses relatives à l'implication de hauts fonctionnaires de l'Etat ou de l'Armée laisse des zones d'ombre inexplorées ou irrésolues.

L'attitude de l'État qui consiste depuis ce tragique événement à exercer des pressions sur la Justice reste aujourd'hui inchangée. Il est manifeste que derrière le non-aboutissement de ce procès se cache son refus à ouvrir les voies de la Justice. Ceci est un aspect de la politique de ce même Etat envers la Question arménienne, et envers toutes les autres questions liées et non résolues en Turquie, telles les Questions kurde et alévie, et tant d'autres qui empêchent le pays et sa société de devenir pleinement démocratiques.

L'Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie (L'ACORT) et l'Organisation Terre et Culture (OTC) ont décidé de collaborer pour l'organisation de cette soirée d'hommage à Hrant Dink. En effet, nos deux associations partagent l'idée que les peuples de Turquie peuvent ensemble jeter les fondements d'une Turquie nouvelle, susceptible de donner leur place légitime aux notions de liberté d'expression et de justice.

Cette soirée sera l'occasion de replacer le combat de Hrant Dink dans le contexte actuel et de réaffirmer sa place dans la Question arménienne. Nous tenterons de comprendre sous quelle forme, à travers quels acteurs de la société civile son combat se poursuit de nos jours, de mieux cerner le déroulement du procès et la lutte acharnée de ses avocats et de sa famille.

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