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mercredi 4 avril 2007 à 20h

réunion, débat - avenir d'attac : Avons-nous encore besoin des bourses ?


Avons-nous encore besoin des bourses ?

2007 par webmaster

Avons-nous encore besoin des bourses ? Quand la bourse fonctionne à l’envers

Le comité Attac Paris 13, vous invite
le mercredi 4 avril 2007 à 20h00
à une réunion-débat sur ce thème avec

Jean-Luc Gréau,
économiste consultant,
auteur de « L’avenir du capitalisme »

FIAP, Salle Oslo
30 rue Cabanis 75014 Paris
(Métro : Glacière)
Entrée libre


PDF - 82 ko

informations compémentaires sur le thème:

 

Dans le but de comprendre les rapports entre la bourse et l’entreprise, nous vous faisons part d’un dialogue que nous avons surpris entre un directeur de fonds d’investissement et le PDG d’une entreprise.

PDG. L’entreprise a besoin d’investir dans de nouvelles machines. Si je fais une augmentation de capital, êtes-vous prêt à souscrire ?

Investisseur. Mon cher, il faut vous adapter à la modernité, la bourse ne sert plus à financer les entreprises [1]mais à créer de la valeur [2] pour l’actionnaire. D’ailleurs, je suis mécontent : en 2006, les actions de votre entreprise ont eu un rendement inférieur à 15%.

PDG. L’entreprise a certes fait des bénéfices, mais elle doit rembourser l’emprunt effectué l’année dernière pour financer l’achat de nos propres actions [3] que vous avez exigé.

Investisseur. Comparez votre rentabilité avec celle des entreprises étrangères de votre secteur. Si vous ne prenez pas de mesures, nous placerons nos fonds ailleurs.

PDG. Comment faire ? Je ne peux investir, le reste des bénéfices a été distribués en dividendes.

Investisseur. Vous n’avez qu’à dégraisser.

PDG. Je veux conserver mon personnel qualifié.

Investisseur. Pourquoi ne créez-vous pas une filiale dans un pays où la main d’œuvre est moins chère ? Vous y externaliserez les ateliers les moins rentables où se trouvent les anciennes machines et vous ferez assembler les pièces en France [4].

PDG. Mais que faire du personnel excédentaire ?

Investisseur. Vous lui proposez de partir vers ce pays où il sera payé au tarif local [5]. Ceux qui refuseront seront licenciés.

PDG. Mais je n’ai pas les fonds pour investir dans ce pays.

Investisseur. Vous emprunterez, vous rembourserez avec les bénéfices futurs.

PDG. C’est là un risque énorme [6]. D’autre part, j’hésite à me séparer d’employés qui ont fait ma fortune.

Investisseur. Allons, pas de sentimentalité ! Je participerai la semaine prochaine à votre Conseil d’administration et je voterai pour votre maintien si vous proposez des mesures dans la voie que je vous indique. Nous pourrons alors envisager une nouvelle attribution de stock options [7] dont vous serez bien entendu bénéficiaire.

PDG. Je vous remercie. Cependant je prends des risques personnels, ceux-ci doivent avoir pour contre-partie une forte augmentation de salaire [8]. Je voudrais des garanties en cas d’échec de cette politique, au cas où le Conseil d’administration serait contraint de me licencier.

Investisseur. Je vous comprends, cher ami. Vous aurez un parachute en or [9].

Effondrés, nous les avons quittés. Faut-il baisser les bras ? Sûrement pas. Jean-Luc Gréau va nous permettre de comprendre et de trouver les voies d’une alternative.

ATTAC PARIS 13, Maison des Associations du 13 ème / Boîte n° 43, 11 rue Caillaux, 75013 Paris ; Tél. : 01.45.80.94.85 et 01.45.83.85.08 ; courriel : paris13@attac.org ; http://www.local.attac.org/paris13



[1] La bourse avait été créée pour financer les entreprises. Beaucoup de gens sont persuadés que c’est encore vrai.

[2] Création de valeur (Market Value Added ou MVA) = capitalisation boursière - montant comptable de l’actif économique + valeur de l’endettement net. Par conséquent, plus une entreprise s’endette, plus la bourse considère qu’elle crée de la valeur, donc fait monter le cours de l’action. Une telle conception est évidemment à l’origine de nombreuses faillites.

[3] Généralement, une entreprise rachète ses propres actions pour les retirer du marché. Il y a par conséquent augmentation mécanique du prix de l’action. C’est une façon de distribuer le dividende qui ainsi n’est pas imposable. En théorie, la bourse a été créée pour permettre aux entreprises de lever de l’argent par augmentation de capital. Il n’en est plus ainsi, les rachats d’actions égalent la somme des augmentations de capital et des ventes d’actions privatisées par l’état.

[4] C’est ce qui se prépare pour EADS. L’entreprise, fait encore des bénéfices même si sa filiale Airbus devient pour la première fois déficitaire, elle n’a pas de problèmes de trésorerie mais n’est pas suffisamment rentable au gré des actionnaires. La privatisation effectuée en 2001 a substitué une stratégie financière à une stratégie industrielle. Les 10000 licenciements prévus sont une mesure préventive. Quant aux conflits franco-allemands qui ne sont que des conflits d’actionnaires, leur médiatisation élève un rideau de fumée destiné à masquer la volonté de délocalisation.

[5] Une entreprise avait proposé à ses salariés licenciés d’aller travailler en Roumanie pour 200 euros par mois. En Chine, elle aurait payé 50 euros, mais aucune entreprise n’a encore fait cette proposition.

[6] C’est pourtant ce qui s’est passé pour les entreprises géantes World.com et Enron. Cette dernière avait de plus falsifié ses comptes avec la complicité du cabinet d’audit Arthur Anderson, afin de faire monter ses actions en bourse.

[7] Ce sont des actions attribuées aux cadres des entreprises qui sont revendables dans un délai de plusieurs années (par exemple cinq ans). Les dirigeants ont donc un intérêt personnel à faire monter le cours de l’action, en présentant des résultats en hausse, vrais ou faux.

[8] Aux Etats-Unis en 20 ans, les présidents des sociétés cotées ont vu leurs rémunérations multipliées par 50 (Félix G. Rohatyn : « Le capitalisme saisi par la cupidité », Le Débat, N° 123, janvier février 2003).

[9] On se rappelle que Jérôme Jaffré, ex-président de Elf reçut 30 millions d’euros en 2003, Bernard, ex-président de Carrefour reçut 38 millions en 2005. Jean-Marie Messier, ex-président de Vivendi ne reçut « que » 20 millions en 2002.




Source : http://www.avenirdattac.net/spip.php?article2...