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dimanche 8 avril 2007 à 11h

projection débat: "Colonia Dignidad, une secte nazie au pays de Pinochet"

Le « Diplo Ciné » présente Colonia Dignidad, une secte nazie au pays de Pinochet, un film de José Maldavsky

(lire « Indigne “Dignité” ») ;

débat avec le réalisateur animé par Dominique Vidal.

Le 8 avril, à 11 heures, au cinéma Les 3 Luxembourg, 67, rue Monsieur-le-Prince, Paris-6e. (Tél. : 08-92-68-93.25.)


Source : http://www.monde-diplomatique.fr/rendez-vous

 


informations complémentaires sur le film (monde diplomatique):

Indigne « Dignité »

« C’était une secte endogène, organisée autour d’un leader charismatique, mais quand on commençait à enquêter, on voyait qu’elle avait une fonction essentielle : approvisionner Schäfer en enfants pour qu’il puisse les abuser. » C’est en ces termes que l’essayiste chilien Hans Stange lève un premier coin de voile sur le « docteur » Paul Schäfer, dans le film consacré à la Colonia Dignidad (« Colonie dignité ») par José Maldavsky (1). Ambulancier dans la Wehrmacht pendant la seconde guerre mondiale, c’est en septembre 1961 que, poursuivi par la justice allemande pour pédophilie, Schäfer fonde, à 350 kilomètres au sud de Santiago, au Chili, une ferme modèle où le rejoignent rapidement trois cents Allemands. Une production abondante – veaux, vaches, poules, cultures de toute sorte – exempte de taxes et d’impôts (« centre de bienfaisance » oblige). De fait, pendant quarante-quatre ans, les régimes politiques chiliens faciliteront la vie de la Colonia. Elle possédera bientôt ses entreprises (Abratec, Cerro Florido, Prodal), un empire financier.

Pourtant, il s’agit d’un enfer. Pour les colons, ni radios, ni calendriers, ni dimanches, ni vie de couple, ni repos. Juste l’uniforme. La rédemption par le travail (« Arbeit macht frei »), « un service rendu à Dieu ». Des défilés, dans le plus pur style nazi. Un Etat dans l’Etat, vivant en autarcie, lieu de ténèbres cerclé de barbelés, dont les habitants vivent muselés, drogués. Des micros installés partout. Quarante chiens, dressés pour retrouver les fugitifs. Des punitions terribles. Mais tant de bonté...

El Tío permanente (« l’Oncle perpétuel ») fait le bien. Aux habitants pauvres de la région, il offre une école, un hôpital gratuit. Il recueille les gamins des mères célibataires, les intègre à la Kinderhaus, la maison des enfants. Puis les soumet à ses caprices. « Chili, pays de lait et de miel, soupire un ex-colon. Tout ce qu’on a trouvé, c’est du sang et du sperme. »

Qui se ressemble (même partiellement) s’assemble. Schäfer professe un anticommunisme viscéral. Augusto Pinochet aussi. A partir de 1973, l’Allemand transforme sa secte en relais de la dictature. « L’armée lui a fourni du matériel, témoigne l’ex-putschiste Roberto Thieme, a installé des radars dans la colonie, lui a donné des hélicoptères. Il a réussi à atteindre les plus hautes sphères du pouvoir militaire. » Le général Pinochet et Madame font des séjours à la Colonia. Le chef des services secrets Manuel Contreras vient y chasser. Des militaires, des policiers, des juges, des journalistes y défilent. D’autres Chiliens s’y retrouvent. Des détenus politiques. Pas tout à fait dans les mêmes conditions.

La « société de bienfaisance » de Schäfer a mis ses locaux à la disposition des tortionnaires de la police secrète (DINA). Dans un réseau de bunkers souterrains, on torture, on exécute, on fait disparaître. Il faudra attendre 1991 et la fin de la dictature pour que les autorités chiliennes s’intéressent à la Colonia. Arrêté en mars 2005, à Buenos Aires, Schäfer a été condamné à vingt ans de prison pour abus de mineurs. Pinochet est mort dans son lit. Ce film raconte leur histoire commune.


Maurice Lemoine.



Source : http://www.monde-diplomatique.fr/2007/04/LEMO...