samedi 8 juin 2013 à 17h
Colombie XXIe siècle :
Les fusils des paramilitaires et des militaires aux trousses de la population.
https://paris.demosphere.net/rv/26418
Samedi 08 juin 2013, à 17h, à l'Hôtel de ville de Versailles, salle Montgolfier, nous recevrons Maurice Lemoine, journaliste au Monde diplomatique, et Régis Bar, responsable Colombie qui représentera Amnesty International, pour une conférence débat sur la Colombie. Maurice LEMOINE nous présentera son roman politique : « Sur les eaux noires du fleuve » Ed. Don Quichotte.
Rappel de l'histoire contemporaine :
En 1948, l'assassinat à Bogota du dirigeant de gauche Jorge Eliécer Gaitàn provoque une guerre civile, appelée « la violencia » entre les deux forces politiques qui se partagent le pouvoir : libéraux et conservateurs, qui dure près de 10 ans (1948-1957) et fait 300 000 morts. Cette guerre civile se terminera par un accord de partage de pouvoir, entre libéraux et conservateurs. Cet accord dit du « Front national » durera jusqu'en 1974. Cependant, plusieurs groupes armés, notamment de tendance communiste, estiment que cet accord ne se traduit pas par un programme de développement social et de réduction des inégalités et ainsi refusent de rendre les armes. C'est pourquoi depuis les années 1960, la Colombie connaît un conflit armé impliquant les militaires, des guérillas marxistes telles que les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie ; la première guérilla) ou l'ELN (Armée du Libération Nationale ; deuxième guérilla en importance), et des groupes paramilitaires d'extrême droite, mis sur pied par les grands propriétaires terriens comme les AUC (Autodéfenses Unies de Colombie) ou les Aguilas Negras (Aigles noirs).
A partir de la réforme constitutionnelle de 1968, toujours sous le « Front national », la participation d'autres partis politiques fût autorisée. C'est aussi à ce moment que commence le narcotrafic. Depuis, l'armée, les guérillas, les paramilitaires et le crime organisé, maintiennent la Colombie dans un état de crise permanente (assassinats politiques, enlèvements, attaques et violences contre les citoyens).
La Colombie est actuellement le premier producteur mondial de cocaïne et classé comme l'un des pays les plus violents du monde.
La Colombie est le pays d'Amérique où la population indienne est la plus diversifiée. C'est aussi le pays le plus dangereux pour ces peuples autochtones. Leurs leaders y sont régulièrement assassinés par les paramilitaires. Malgré tout, le mouvement indien colombien est toujours résolu. Les Arhuacos par exemple sont à l'avant-garde du mouvement indien ; ils ont fondé dans les années 1940 la ligue indienne de la Sierra Nevada, puis en 1974, ils ont créé le Conseil des Organisations Indiennes Arhuacos (COIA) et en 1983, la Confédération Indienne Tayrona (CIT). L'Organisation Nationale Indienne de Colombie (l'ONIC) est l'une des plus importantes organisations indiennes du continent.
Dans son roman politique, Maurice LEMOINE nous donne des clés pour comprendre la situation actuelle en Colombie. Le conflit colombien est tout à fait particulier puisque très ancien, et 65 ans après, il demeure un conflit qui a des racines sociales. La guérilla plonge ses racines dans le conflit agraire. Ce sont des familles entières qu'on chasse et dépouille de leurs parcelles. « C'est toujours le même scénario. L'armée entre à six heures du matin et nettoie la zone pour que les paramilitaires l'occupent l'après-midi. (…) Puis viennent les latifundistes qui occupent ou rachètent les terres. (…) »P.127
La longueur du conflit fait qu'il a dégénéré en particulier au niveau de la guérilla des FARC. Cette guérilla ne ressemble plus à celle du temps de Che Guevara et de Fidel Castro dans les années 1960.
« (…) Aucun espoir la misère à perpétuité. (…) cette humanité soumise à la pression permanente des grands propriétaires terriens. (…) A seize ans, dans ces campagnes, tu as déjà une vue très claire de la situation. Tu rejoins l'ELN ou les FARC. Tu sais que tu prends des risques - c'est le salaire de la misère. Mais au moins tu survis. Avec « la insurgencia », tu as chaque jour trois repas assurés. Quand on te persécute, tu peux te défendre, tu disposes d'un fusil.(…) » P.107
Dans ce livre Maurice LEMOINE pointe la façon de travailler des journalistes européens qui n'interrogent jamais les paysans, les producteurs de coca ou la guérilla des FARC. Il y a de fait un décalage important, entre la réalité colombienne et les reportages des journalistes français et espagnols, qui empêche de comprendre ce conflit. « Dans la presse dominante il y a des aprioris et on met sur le même plan les paramilitaires d'extrême droite et les guérillas de gauche. Or il y a une différence de nature puisque 70% des crimes politiques en Colombie sont le fait des paramilitaires. Il faut croire que c'est délicat pour un journaliste de donner l'idée qu'il défend les FARC qui est un groupe bien sûr extrêmement dur et dont les méthodes sont condamnables, mais en même temps cette timidité empêche la compréhension du conflit. » INTERVIEW DE MAURICE LEMOINE (AUDIO) http://www.amis.monde-diplomatique.fr/.
On découvre en 2009 à 200 km de Bogota « ce qui est sans doute la plus grande fosse commune de l'histoire contemporaine de l'Amérique latine, entre mille cinq cents et deux mille personnes assassinées et jetées là par les paramilitaires et les forces d'élite de l'armée » (…) Cependant les grands médias internationaux ne diront rien ou quasiment rien. Généralement, le peu qui est écrit, s'agissant du conflit, c'est « du copier-coller d'informations produites par les Forces armées, le gouvernement colombien et leurs supplétifs médiatiques nationaux » (…) ils condamnent les paramilitaires (responsables de 70% des crimes à caractère politique commis dans le pays), sans trop s'appesantir, sur leurs liens mafieux avec le pouvoir, l'élite, l'oligarchie, le chef de l'Etat. (…) P.473
En juin 2002, l'Union européenne s'aligne sur les Etats-Unis en plaçant les FARCS (et l'ELN) sur la liste des « organisations terroristes ». P.469
Pour préparer le débat vous pouvez relire aussi dans le Monde diplomatique de février 2013, l'article de Maurice Lemoine « En Colombie pas de justice, pas de paix ».
http://www.monde-diplomatique.fr/2013/02/LEMOINE/48737
Pour la prochaine conférence débat, samedi 07 septembre 2013, à l'Hôtel de ville de Versailles nous rencontrerons F.Guillaume autour de l'ouvrage collectif : « Le cerveau n'est pas ce que vous pensez »
Lien : https://paris.demosphere.net/rv/26418
Source : http://www.amis.monde-diplomatique.fr/article...