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mercredi 13 mars 2013 à 20h30

Les mandarines et les olives ne tombent pas du ciel

« Quel est le coût humain de nos choix agricoles et alimentaires sur les paysans des pays du Sud ? »

présentée par les Amis de la Confédération paysanne suivie d'une rencontre avec

  • la réalisatrice Silvia Pérez-Vitoria et
  • Michel Besson cofondateur de la coopérative ANDINES .

Avec le soutien d'Attac Cergy


Les mandarines et les olives ne tombent pas du ciel

documentaire de Silvia PEREZ-VITORIA - France 2011 1h20mn

LES MANDARINES ET LES OLIVES NE TOMBENT PAS DU CIEL

Alors que, au moment où on on écrit ces lignes, se déclenche à travers les médias une vive polémique sur les dérives d'une agro-industrie que chacun fait semblant de découvrir au détour de l'apparition de viande de cheval dans des lasagnes au bœuf, voilà un film qui arrive à point nommé. Non content de pointer du doigt la catastrophe environnementale et de santé publique que génère l'industrie agro-alimentaire, il s'intéresse aux dommages sociaux collatéraux, notamment pour les populations originaires du Sud. Quel est le coût non seulement écologique mais aussi humain de notre volonté effrénée de manger tout en toute saison au moindre coût ?

Tout commence en Calabre, à Rosarno, en janvier 2010. Chaque année, près de 4000 travailleurs africains saisonniers viennent assurer la cueillette des agrumes. Ce jour-là, poussés à bout par des conditions de travail, de rémunération et d'hébergement lamentables, ces damnés de la terre manifestent dans les rues de la ville, manifestation durement réprimée par la police de Berlusconi. Des violences s'ensuivent auxquelles succède le lendemain une véritable chasse au migrants organisée par une partie de la population. Terrifiant !

Un an plus tard, la Confédération Paysanne et Via Campesina envoient une délégation sur les lieux pour aller à la rencontre des protagonistes : une délégation internationale composée de Roumains, de Polonais, d'Espagnols, d'Italiens et de Français. Et la caméra parfois hésitante mais indispensable de Silvia PerezVitoria est là. Depuis les migrants sont revenus, nécessité de la production oblige, mais les choses ne se sont pas arrangées : malgré leur apport indispensable à l'économie locale, les travailleurs sénégalais ou gambiens s'échinent souvent 12 heures par jour pour 25 euros environ, dorment dans des usines désaffectés avec des chauffages de fortune et sont toujours l'objet dans le meilleur des cas d'une simple exclusion sociale, dans le pire de violences de la part de petits voyous ou de la police qui réprime toute tentative de réunion. Au-delà du racisme endémique dans la région, tout s'explique par une pression de l'industrie - soutenue par les politiques européens - qui pousse à toujours plus de productivité et qui amène les petits producteurs soit à abandonner soit à faire peser sur leurs travailleurs précaires la baisse nécessaire de leurs coûts de production.

La délégation quitte la plaine et trouve dans les montagnes des éleveurs qui emploient des Roumains pour la transformation des produits laitiers, une situation légèrement meilleure mais pas folichonne non plus. C'est d'autant plus frappant que l'on est bien loin de l'exploitation intensive des immenses plaines maraîchères d'Almeria en Espagne… Mais les causes et les conséquences sont les mêmes. Et le fléau touche même des exploitations bio : la pression des supermarchés, attirés par ce secteur prometteur, pousse les producteurs bio à réduire leurs coûts. Chacun est victime d'un système, système qu'il fait supporter à celui qui est en dessous sur l'échelle de production et de distribution . Et tout en bas de l'échelle, il y a les travailleurs migrants. Les remèdes, on les connaît : conditionner toute aide publique au respect des conventions collectives et à la régularisation des travailleurs, soutenir spécifiquement les petites fermes les plus fragiles, réclamer du consommateur une prise de conscience pour qu'il accepte le prix réel de ce qu'il mange. Et là c'est à nous de faire !

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/24907
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...