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mardi 19 février 2013 à 10h

Séminaire "Figures médiatiques de la représentation"

Les patrons de la presse nationale, tous mauvais

Jean Stern présentera Les patrons de la presse. Tous mauvais le 19 février prochain à 10h dans le cadre du séminaire "Figures médiatiques de la représentation" au site Pouchet du CNRS : 59-61 rue Pouchet, M°Brochant, Guy Moquet ou Place de Clichy.

L'entrée est libre, sans réservation.

Le rachat des journaux régionaux du groupe La Provence par l'homme d'affaire Bernard Tapie a récemment alimenté, dans le milieu politique, un débat sur les arrière-pensées qui pourraient avoir motivé sa démarche. L'intéressé a largement contribué à nourrir ces soupçons, affirmant publiquement qu'il « ne connaît rien à la presse », laissant entendre qu'il fallait donc chercher ailleurs la motivation de ce rachat. En quoi cette anecdote est-elle symptomatique d'un certain regard sur le fonctionnement et les usages possibles de la presse en France ? On peut relever que cette conception utilitaire s'avère très répandue chez les élites françaises : l'histoire récente ne manque pas d'exemples d'industriels, de financiers, de responsables politiques qui se sont appuyés, à un moment ou à un autre, sur un ou plusieurs média dont ils étaient propriétaires pour favoriser leur candidature à la tête d'une mairie, à l'obtention d'appels d'offres, ou encore pour faire œuvre de militantisme. Au-delà, on peut noter que cette vision de la presse procède d'une idée très bien reçue, au-delà du cercle restreint des potentiels propriétaires de journaux : ces derniers seraient tout-puissants face à la rédaction de leur titre, et pourraient faire publier ce qu'ils veulent aux médias qu'ils possèdent. Cette conception de la relation entre les groupes de presse et leurs propriétaires procède d'un oubli général du monde complexe de travail des médias, de l'histoire singulière de chaque titre, du rapport fragile qu'il entretient avec son public.
Le séminaire auquel nous vous invitons se propose donc d'aborder cet impensé à partir de l'objet « patron de presse », en posant cette question : à quoi les propriétaires de médias sont-ils supposés servir? Dans quelle mesure les difficultés actuelles de la presse française, et notamment celle de la presse quotidienne, sont-elles imputables à leurs propres errances gestionnaires ? Une discussion rigoureuse et informée sur le rôle de ces dirigeants, et d'une manière plus générale sur l'environnement économico-industriel dans lequel ils exercent leurs décisions, permettra notamment d'éclairer les paradoxes dans lesquels la presse française se débat en tant qu'industrie culturelle. Plus précisément, cette discussion pourra intéresser celles et ceux qui assistent, en observateurs, aux mutations que cette activité subit face au développement protéiforme de l'économie de la gratuité.
Cette nouvelle édition du séminaire « figures médiatiques de la représentation » aura donc le plaisir de recevoir Jean Stern, journaliste et formateur (EMI-CFD/Paris X), auteur du livre Les patrons de la presse nationale, Tous mauvais (La Fabrique, 2012). Sa présentation lui donnera l'occasion de rappeler la thèse de son livre (cf. Présentation du livre par l'éditeur, en fin de ce mail), qui sera ensuite discutée par Franck Rebillard, professeur d'économie des médias à l'université Paris 3. Suivant l'habitude du séminaire, une heure de discussion sera ensuite consacrée aux échanges entre l'auteur, le discutant et le public.

Cette séance du séminaire aura lieu le 19 février prochain à 10h au site Pouchet du CNRS: 59-61 rue Pouchet, m°Brochant, Guy Moquet, Place de Clichy. L'entrée est libre, sans réservation.

Présentation du livre par les éditions La Fabrique
La presse va mal en France parce que les patrons du CAC 40 ont mis la main dessus : telle est l'idée centrale de ce livre. À la Libération, on ne parlait que de mettre les journaux à l'abri des puissances d'argent, de protéger leur indépendance. Mais au fil des années, cette louable ambition s'est effilochée. Aujourd'hui, les Arnault, les Dassault les Pigasse, les Lagardère, les Pinault, les Bolloré et autres seigneurs contrôlent la presse nationale via leurs holdings aussi opaques que rémunératrices. Jean Stern, homme de presse s'il en est, montre comment les "journalistes-managers" - July, Colombani - ont conduit Libération et Le Monde à leur perte avant d'en être éjectés sans égard. Comment les journaux qui perdent de l'argent permettent aux patrons de payer moins d'impôts ? Comment les divers "conseils de surveillance", "chartes d'indépendance" et autres gadgets n'empêchent nullement les patrons de pressurer les rédactions en exigeant des économies ?
Les journaux finiront-ils en "fermes de contenus" où des pigistes à domicile rédigeront des "articles" à la chaîne adaptés aux algorithmes des moteurs de recherche ? C'est ce que l'on peut craindre si l'on laisse faire le capitalisme déchaîné.

Jean Stern

Jean Stern est journaliste. Ancien de Libération et de La Tribune, il a également travaillé pour 7 à Paris et Le Nouvel Économiste. Il a participé à la fondation de Gai Pied en 1978 et est l'éditeur de la revue De l'autre côté. Il est aujourd'hui directeur pédagogique de l'EMI, Scop de formation à l'université Paris X.

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/24626
Source : http://figuresmediatiques.hypotheses.org/
Source : message reçu le 4 février 12h