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jeudi 13 décembre 2012 à 18h30

Rencontre autour du livre

« L'aube d'une révolution margueritte, Algérie, 26 avril 1901 »

de Christian Phéline «Algérie : la révolte de l'an 1»

Qui se souvient de Margueritte - ce petit centre viticole de colonisation, aujourd'hui redevenu Aïn-Torki, situé à une centaine de kilomètres d'Alger? Pourtant c'est là que, dans une Algérie réputée définitivement « pacifiée » depuis l'écrasement des grandes insurrections des années 1871-1881, a surgi, en avril 1901, une nouvelle révolte « indigène ». Née de la violence des expropriations foncières, la prise du village prend un tour religieux. Elle ne dure pas plus de huit heures.

On compte cinq morts parmi les Européens. Se voulant « exemplaire », la répression coloniale donne lieu à de brutales représailles, défère aux Assises de Montpellier plus de cent inculpés, envoie au bagne une dizaine d'entre eux.Sous le choc, l'opinion métropolitaine doit, pour la première fois, s'interroger sur les méthodes de la colonisation qui se trouvent mises en cause jusque devant le parlement. Si le jury refuse toute peine capitale, 25 insurgés auront trouvé la mort en prison ou à Cayenne tandis que les quelque 80 acquittés, bien qu'innocentés par la Justice, n'échappent pas, à leur retour, aux tracasseries qu'autorise le « code de l'indigénat ».

Et puis, les protestations retombent et tout recommence comme avant... Arrière-petit-fils du magistrat colonial qui avait été chargé des premiers constats, j'ai, voulu « ré-instruire » toute l'affaire avec la distance de l'Histoire pour, à l'issue d'une ample exploration des archives du Gouvernement général, de la Chambre des députés, de l'armée, des Assises et du bagne, en offrir le vivant récit.On le verra à le lire : Margueritte, révélant l'incapacité coloniale à donner à toute résistance indigène d'autre réponse qu'une répression de masse, annonce les massacres de Sétif et de Guelma en 1945 comme le conflit sanglant au prix duquel a dû, dans le cas algérien, se payer la libération nationale.

En contrepoint d'une actualité éditoriale centrée sur la période 1954-1962, ce retour à la société coloniale de la « Belle époque » offre ainsi un éclairage inédit sur les causes natives d'une issue aussi tragique. La manière dont, déjà, le soulèvement de 1901 mêle exaspération économique, affirmation d'identité religieuse et défi politique trouve aussi une singulière actualité face aux mobilisations pour le changement qui se sont développées dans nombre de pays arabes.

Christian Phéline

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/23897
Source : http://www.cca-paris.com/index.php?option=com...
Source : http://www.telephonearabe.net/mainout/debat_d...