thème : international
Réagir (0)EnvoyeriCalPartager

samedi 23 juin 2012 à 14h30

Réunion-débat du "Club socialisme maintenant"

La Crise aux USA, son aggravation en Europe, Grèce, Espagne, Italie, France... le refus révolutionnaire du peuple grec de la déchéance où l' entraînent les mémorandums de l' Union européenne, de la BC, du FMI, de la coalition des bourgeoisies européennes... la situation en France après les élections présidentielles et législatives alors que la page du sarkozysme est tournée... Nous aborderons tous ces thèmes

Les camarades du club qui ont rencontré et débattu à Lausanne avec des militants des USA, de Grèce des responsables de la coalition Syriza (DEA), d' Italie, de Suisse, de France, rendront compte en introduction des passionnants débats menés à cette occasion.

Réservez votre après midi du samedi 23 juin (14h30-17h)

http://www.socialisme-maintenant.com

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/21932
Source : message reçu des organisateurs le 13 juin 14h


Notes Grèce 7

Chères et chers camarades,

Rapidement quelques informations avant le « séminaire » des 1er-2 juin.

Un nouveau sondage - le rythme des sondages « semble » faire partie de la campagne politique - porte sur « la volonté des grecs de rester dans la zone euro ». Ce sondage a été fait par l'institut GPO pour la chaîne de télévision MEGA. L'échantillon : 1600 personnes. Le résultat est le suivant : a. 89% affirment qu'ils veulent que la Grèce reste dans l'eurozone ; b. mais 77,8% veulent, au moins, que le « mémorendum » (l'accord entre les créanciers et la Grèce) soit amendé.

Ce type de sondages est utilisé pour mettre en relief la nécessité d'un gouvernement de coalition, pour faire face à la crise.

Ce sondage est combiné, dès lors, toujours par l'institut GPO avec des questions portant sur les choix de vote. Le résultat est le suivant : 23,4% pour la Nouvelle démocratie, 22,1% pour Syriza, 13,5% pour le PASOK, 7,4% pour les Grecs indépendants, 5,9% pour le KKE, 5,1% pour la Gauche démocratique et 4,2% pour l'Aube dorée (Chryssi Avghi).

Pour accentuer la dimension politique du sondage, largement diffusé dans la presse et sur les chaînes télévisées, est posée la question qui serait le meileur premier ministre. La distribution des choix est la suivante : 22,7% pour Antonis Samaras ; 19,4% pour Alexis Tsipras ; 19,4%, aussi, pour Evangelos Venizelos. La pression de toute la campagne politique de la droite et des instances européennes trouve une traduction et est utilisée par ce sondage. Tout d'abord, il y a échec de la « constitution d'une majorité » qui rendrait Tsipras responsable de l'échec de la formation d'un nouveau gouvernement après les élections du 6 mai, même si, 47,9% le disent responsables.

Il est difficile de décrypter, avec les informations disponibles hors de Grèce, le sens politique de ces sondages, en plus si l'on connaît les objections traditionnelles (à la Bourdieu) de ce type de sondages.

La force de Syriza, son essort, provient de facteurs suivants :

a. l'opposition, depuis des mois, aux mémorendums 1 et 2 ;

b. l'engagement aux côtés des différents secteurs qui se sont battus pratiquement contre les mémorendums et prioritairement contre leurs effets ;

c. une articulation entre l'unité des mouvements de résistance et une traduction d'une unité de la gauche opposée au mémorendum, qui ne neutralise pas le pluralisme au sein de Syriza ;

d. Il faut ajouter un point important. Le message central de Syriza a été de plus en plus, avant le 6 mai : « si nous nous battons, nous pouvons gagner », sans faire l'impasse sur les difficultés et les problèmes. Une approche textuelle (« inventaire des déclarations ») de Syriza qui ne tient pas compte de l'interaction de ces quatre facteurs ne peut pas prendre en compte la dynamique déclenchée, avec ses inconnues et ses faiblesses.

Le résumé d'une étude de deux experts en analyse électorale (Ekathimerini du 29 mai 2012) montre que les sondages à la sortie des urnes, le 6 mai, indiquaient que Syriza dominait chez les moins de 50 ans, alors que la ND et le PASOK étaient dominant au-dessus de 50 ans. L'Aube Dorée a de boins résultats parmi la jeunesse aussi. Parmi les chômeurs, Syriza obtient 21,5% des voix alors que la ND n'en obtient que 12,5% et le PASOK 6,5%. Enfin, Syriza a marqué des points particulièrement dans les trois grandes villes de Grèce : Athènes, Patras et Salonique. La ND et le Pasok ont été plus fortes dans les régions que l'on pourrait qualifier de « campagne ».

DEA, un des secteurs de Syrisa, a mis l'accent, par rapport au KKE - une force organisationnelle plus puissante et structurée que la coalition Syriza - sur la possibilité de victoire à condition qu'une dynamique de lutte se combine avec une d'action et unité d'expression sur le terrain politique. DEA écrivait en éditorial de son journal : « Le KKE a choisi de dire, en substance, à la population que tout effort pour changer leur vie aujourd'hui relève d'une illusion dangereuse et qu'il faut attendre l'instauration d'un régime de pouvoir populaire. » Dès lors s'est dessinée la perspective suivante : il faut renverser le gouvernement Papadémos ; il faut le remplacer par un gouvernement de gauche pour mettre fin aux mémorendums et à la politique d'austérité ; et cela pour que la majorité de la population puisse mettre en échec les coupes salariales, dans les retraites, les attaques à la santé et à l'éduction, le soutien donné aux chômeuses et chômeurs. »

Syriza, et ses composantes, ont été immédiatement placées devant une interrogation, qui s'est accentuée : où allez-vous trouver l'argent pour cela. La réponse commune a été : ne plus payer les créanciers internationaux et nationaux, autrement dit il faut arrêter de payer la dette. Cela du côté des dépenses. Il peut y avoir des nuances sur les modalités et l'objectif du refus du paiement de la dette (moratoire, cessation du paiement, audit, répudiation, etc.). Mais c'est le refus de payer qui est apparu aux yeux de larges secteurs de la population comme le critère déterminant. Du côté des recettes, taxer ceux qui ne paient pas (les riches, l'Eglise, les armateurs) ; mener campagne pour récupération des capitaux qui sont sortis massivement de la Grèce ; etc. Enfin, mise sous contrôle public des banques dans le sens d'un contrôle démocratique et des salarié·e·s sur un pôle public unifié. Ce message a passé et les 3,4 millions de votes pour Syriza sont là pour le prouver.

Encore une précision : Syriza est une coalition d'organisations, mais il y a aussi des adhésions de personnes de gauche à la structure de la coalition (vous pouvez trouver une expression de cette réalité dans les articles de Panagiotis Grigoriou publié régulièrement sur le site).

La volonté de lutte de Syriza est apparue dans des moments fortement symbolique sur le plan politique. Par exemple en décembre 2008 lors de la mobilisation étudiante durant laquelle un jeune étudiant de 15 ans, Alexandros Grigoropoulos, avait été tué. La pression à réinstaurer le calme était alors très forte et Syriza est apparue clairement aux côtés des étudiant·e·s en disant : ne reculez pas, continuez votre lutte.

Après les élections du 6 mai, il y a généralement sous-estimation dans la gauche radicale européenne des pressions multiples opérées en direction de Syriza et de ce qui était considéré comme les secteurs les plus susceptibles de collaborer à la mise en place d'une « coalition nationale ». Ces pressions venaient aussi bien du Pasok que de la Nouvelle démocratie et de l'ensemble des médias. De fait, il y avait une demande de participer à un gouvernement d'unité. La seule réponse a toujours été : la seule participation est celle d'un gouvernement qui refuse les mémorendums, qui invalide les lois qui en découlent et qui ont été édictées et appliquées au cours des trois dernières années. Ce refus, jusqu'à maintenant, n'a pas été le fruit d'un accord spontané mais a été le fruit de batailles politiques. La pression a un gouvernement d'unité nationale s'est alors défaite, ce d'autant plus que la bipolarisation avant les élections prenait le dessus. La conscience, au sein de Syriza, de la force des ennemis d'un changement est assez claire, que ces ennemis se trouvent dans l'armée, dans la police, dans les banques, dans les forces patronales organisées, dans les institutions et les partis politiques.

DEA et d'autres secteurs de Syriza, vu la gravité de la situation, qu'il faut aussi modifier les rapports de force dans la gauche. D'où une campagne systématique vers le KKE, qui est en situation de faiblesse après son résultat électoral. De même l'appel à ANTARSYA de rejoindre la coalition Syriza et de ne pas s'enfermer dans une présentation séparée aux élections. Ces appels ne sont pas des appels abstraits à l'unité, mais l'unité est directement articulée aux défis énormes auxquels s'affrontent les travailleuses et les travailleurs, les couches populaires et les organisations qui récoltent, sous une forme ou une autre, pour l'instant, de ces secteurs sociaux. C'est dans ce sens qu'a été lancé l'initiative de tenir des réunions publiques de débats dans les quartiers, avec un succès certain.

De son point de vue DEA, face à des réactions de replis nationalistes, « patriotiques », a sans cesse mis l'accent sur une solution à l'échelle de l'Europe. DEA a refusé de tomber dans le piège du choix euro ou drachme. DEA a insisté au sein de Syriza et publiquement sur le fait que cette question était directement reliée aux rapports de forces sociaux et politiques qui s'établiraient à l'échelle européenne et aux relations aux mouvements qui ont une orientation plus ou moins analogues que cela soit en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Grande-Bretagne, en Irlande.

Le président de la Grèce a rencontré, mercredi, le ministre de la défense du gouvernement intérimaire Frangos Frangoulis et l'Etat major de l'armée. Dans un pays comme la Grèce, cela « fait sens »… historique. Pour l'heure, rien n'est sorti publiquement, du moins à notre connaissance actuelle, de cette rencontre. Le mardi 29, Alexis Tsipras a rendu visite au ministre de la défense et publiquement condamné les gouvernements précédents pour leurs dépenses militaires incongrues. Il a mis, de plus, l'accent sur le fait que des secteurs de l'armée et de l'administration devaient payer le prix de l'austérité en termes de salaires et de retraites.

Il faut avoir à l'esprit que le lundi 28 mai, le ministre des finances a indiqué qu'une injection financière pour recapitaliser les banques - plus exactement la National Bank, Alpha, Eurobank et Piraeus Bank - avait été opérée à auteur de 18 milliars d'euros, par le biais d'obligations du Fonds européens de stabilité financière qui trouve son prolongement dans le Fonds hellénique de stabilité financière. Les fonds alloués sont les suivants : 6,9 milliards à National Bank, 1,9 milliards à Alpha, 4,2 à Eurobank et 5 milliards à Piraeus. En même temps, 3 milliards ont été dégagé pour l'Etat. Autrement dit : l'opération est clairement de soutien aux banques et de paiements de la dette. Cette dernière opération participe du chantage pré-électoral et d'un frein momentané à une faillite. Les banques, pour leurs besoins en liquidités ont recours à la BCE et à la Banque de Grèce. Cette dernière dépendant de la première. Cela d'autant plus que les recettes au mois de mai vont chuter encore de 10% et que le gouvernement intérimaire, comme la droite (ND et Pasok) ainsi que les médias, font grand bruit sur un thème : fin juin il n'y aura plus un sous dans les caisses pour payer les salaires et les retraites. De quoi faire voter une fraction du secteur (en terme d'âge) qui, selon l'étude citée de Ilias Nikolakopoulos et Stratos Fanaras, a manifesté un appui plus grand au PASOK et à la ND.

Source : message reçu le 31 mai 00h